Que s'est-il passé cet hiver au niveau marketing touristique ?
À quelques jours de l'arrivée du printemps, je me permets un regard un peu candide et sans prétention sur ce qui s'est passé au Québec en matière de marketing touristique au cours des derniers mois. Mon point de vue sera celui du consommateur moyen qui commentera ce qu'il a vu et non celui d'un spécialiste qui présente une analyse exhaustive de la situation. Mes propos, comme toujours, ont pour objectif de susciter la réflexion.
LES ENJEUX
L'hiver est une saison qui a toujours été au coeur des préoccupations et des enjeux de l'industrie touristique de la belle province. Saison mal aimée, l'hiver représente environ 20 % de nos volumes touristiques et environ 18 % des nuitées et des dépenses touristiques générées sur le territoire Québécois.
Près de 4 M de chambres d'hôtel sont vendues durant la saison hivernale majoritairement auprès des clientèles reliées au tourisme d'affaires.
Les défis de la mise en marché de l'hiver ont toujours été pigmentés par des facteurs comme la température, l'envie insatiable des Québécois pour les destinations soleil et une économie québécoise fragile.
QUE S'EST-IL PASSÉ CET HIVER ?
À tout seigneur tout honneur… Je crois que les choses se sont bien passées.
Dès le début de la saison froide, trois régions de destination se sont bien positionnées.
Les régions de Québec (avec un nouveau visuel), des Laurentides et de Charlevoix ont été très actives avec des programmes marketing significatifs qui ont été assez bien déployés.
Dans des approches un peu plus de niches, les régions de Lanaudière, de Chaudière-Appalaches (qui est à mon avis celle qui travaille le mieux les réseaux sociaux), du Bas St-Laurent et de la Mauricie ont été assez présentes sur leurs produits cibles notamment le marché de la motoneige.
Les Cantons-de-l'Est, qui ont toujours eu de la difficulté à bien se positionner au niveau promotionnel ont été très actifs au niveau des relations de presse (probablement la région qui performe le mieux dans ce créneau).
Dans un autre angle, plusieurs produits d'appels ont aussi été très actifs. En tête de peloton, des grands évènements comme le Carnaval de Québec et Montréal en lumière. L'Hôtel de glace, Hôtellerie Champêtre (très présent en commandites) et quelques établissements d'hébergement indépendants ont aussi été présents sur les marchés.
Plusieurs évènements sportifs comme le tournoi Pee-Wee de Québec, le Grand Prix ski-doo de Valcourt et le secteur du ski sous toutes ses formes ont fait de bonnes apparitions.
Bref, les machines promotionnelles ne sont pas restées prises dans la glace et ont été très actives auprès des consommateurs québécois. Nous pouvons donc conclure que ces derniers ont été largement sollicités en matière de tourisme hivernal au cours des derniers mois.
LES LOIS DU MARCHÉ
Un des constats que nous pouvons tirer est certes celui de convenir que les lois du marché et de la saine concurrence sont bien présentes et respectées. Les régions les plus concernées par le produit hiver prennent leurs places et les produits les plus dynamiques se positionnent auprès de leurs clientèles cibles.
Cette situation est saine et laisse place à une compétition de bon niveau où tous sont affairés à atteindre leurs objectifs.
Il ne faut jamais perdre de vue que le marché québécois est un marché fermé ou il y a peu de croissance.
Dans ce contexte, il est impératif pour une multitude de produits et plusieurs régions de tirer leurs épingles du jeu. Il en va souvent de la survie de leurs entreprises.
Les résultats seront d'ailleurs variables selon les régions.
LA TSH
Il est toujours intéressant de se rappeler que la plupart de ces activités marketing n'existaient pas avant 1996. En fait, la plupart de ces opérations promotionnelles ont été rendues possibles grâce à la mise en place de la taxe sur l'hébergement. La plupart de ces campagnes de promotion sont coordonnées par des comités régionaux où sont présents les entrepreneurs concernés. L'industrie est donc au coeur des stratégies, des objectifs, des programmes marketing et des résultats souhaités.
LA RÉVISION DU MODÈLE D'AFFAIRES
La révision en cours du modèle d'affaires de l'industrie pilotée par Tourisme Québec devra être prudente face à cette réalité. De fait, des modifications inadéquates ou mal mesurées des mécanismes actuels ou une trop grande ingérence des instances publiques dans les mécanismes de gestion pourraient venir briser les règles normales du marché qui se sont mises en place au cours des vingt dernières années.
Je termine en vous précisant que mon point de vue se concentrait essentiellement sur les marchés intra Québec. Ma vision des marchés hors Québec a déjà largement été traitée dans Cap sur l'Ontario, la Nouvelle-Angleterre et l'Atlantique-Centre.
Je m'excuse également pour les opérations promotionnelles importantes que j'aurais pu oublier. Mon article a été rédigé sans prétention et dans le but de susciter la réflexion autour de nos enjeux collectifs.
Bon printemps.
Collaboration spéciale, Éric Fournier
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