Pour avoir les bonnes réponses, il faut se poser les bonnes questions
Plusieurs intervenants me contactent en privé pour me communiquer leurs opinions sur mes textes et nombreux sont ceux qui me demandent d'expliquer ma vision et mes positions face aux objectifs que devrait avoir le Québec touristique.
Je vous reviens donc aujourd'hui avec ma vision générale des choses.
PREMIÈRE PRÉMISSE
Le Québec touristique stagne depuis plus d'une dizaine d'années. Une simple analyse au niveau du nombre de nuitées générées en hébergement commercial le démontre clairement.
L'objectif
Dans l'hypothèse où le Québec touristique aurait progressé de seulement 1 % par an au cours des 12 dernières années (12 % de croissance par rapport à 2002) le parc hôtelier Québécois génèrerait plus de 1 750 000 nuitées supplémentaires. Cet objectif est représenté par la ligne rouge du tableau 9.
Le Québec devrait donc être autour de 16 M de nuitées annuelles plutôt qu'autour du 14.5 M de nuitées actuelles.
Chaque nuitée additionnelle (nuitée hors Québec dans ce cas-ci) génère des retombées dans tous les autres secteurs de l'industrie (restauration, transport, loisirs, etc.) et dans toutes les régions de la belle province.
Nous parlerions donc d'un taux d'occupation annuel moyen supérieur de 5 % pour chaque hôtelier québécois. Bien au contraire, l'industrie doit assumer des pertes commerciales avoisinant les 500 M$ par année. Plus de 2.5 milliards de dollars pour les cinq dernières années.
Les gouvernements, de leurs côtés, assurent un manque à gagner avoisinant annuellement les 85 M$. Près de 250 M$ pour la même période.
Les autres destinations
Mon objectif de croissance de 1 % par an n'est même pas ambitieux si on le compare à la plupart des autres destinations mondiales. De fait, en 2013 plus d'une centaine de pays dans le monde ont enregistré des croissances supérieures à 1 %, dont nos voisins américains à 4.7 % (Faits saillants OMT 2014).
L'EFFONDREMENT DE NOS MARCHÉS AMÉRICAINS
La stagnation de notre performance touristique est largement due à la forte décroissance de nos marchés américains. Cap sur l'Ontario, la Nouvelle-Angleterre et l'atlantique centre.
En fait, le Québec touristique a perdu près de 2 M de touristes américains, soit la moitié de sa fréquentation annuelle du début des années 2000, et ceci au cours des dix dernières années.
Faits troublants
Les touristes américains sont beaucoup moins sortis du pays de l'oncle Sam en 2001 et 2002. Toutefois, et ce constat est plutôt troublant, cette décroissance de deux ans a vite été reprise entre 2003 et 2008 alors que les Américains ont établi des records de voyages à l'étranger (jusqu'à 62 M de voyages par année). Malheureusement, le Québec n'a pu tirer aucun bénéfice de cette formidable reprise.
En fait, le Québec n'a jamais pu se remettre en selle sur les marchés américains.
TOUTE UNE SÉRIE D'EXCUSES
Plusieurs facteurs conjoncturels ont été invoqués pour justifier la situation. Coût de l'essence, variation du dollar, sécurité nationale et bien d'autres. Il s'agit de mythes, car dans les faits plus de 80 % des Américains qui voyagent se disent peu affectés par ces facteurs qui ont toujours existé, existent et existeront toujours.
La CCT produit annuellement différentes études sur les marchés américains. Afin de vous familiarisez avec ces derniers, je vous suggère la lecture de l'étude suivante: Veille touristique mondiale Rapport sommaire 2013 sur les États-Unis.
Les problèmes sont davantage systémiques
Comme la plupart des études le confirment, le touriste américain qui voyage hors des É.-U. est très peu influencé par la plupart des facteurs conjoncturels que nous considérons trop souvent comme des freins.
Comme je l'ai déjà traité dans mon article Révision du Modèle d'Affaires de l'Industriele Réseau des ATR rend public son Mémoire, les problèmes de l'industrie sont davantage liés à ces mécanismes et à ces façons de faire.
En effet, durant ces dix ans de décroissance des marchés américains, le Québec a changé trois fois de gouvernements. Trois sous-ministres, trois directeurs de la promotion, trois directeurs des marchés et trois agences de publicité différentes se sont succédés chez Tourisme Québec...
Collaboration spéciale, Éric Fournier
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