Les enjeux du financement en tourisme

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Aide aux initiatives de partenariat, financement écologique, commandites événementielles, programme de soutien au congrès, crédits d’impôts pour la modernisation de l’offre hôtelière…Selon le site de Service Québec, il existe près d’une quarantaine de leviers de financement pour des projets de nature touristique. Et c’est sans compter les contributions du Fonds de solidarité du FTQ ainsi que les nouvelles plateformes de financement participatif qui commencent à voir le jour au Québec. Bref, bonne chance pour vous y retrouver.

« L’ensemble de ces programmes prend, en effet, des allures d’un dédale complexe pour bien des entrepreneurs touristiques qui n’ont pas les ressources et le temps de tout analyser ce qui leur est offert », constate Lucie Charland, directrice générale de l’Association québécoise de l’industrie touristique. Heureusement, dit-elle, les entreprises et organismes peuvent bénéficier de l’aide de leur ATR, de leur ATS, voire de leur CLD pour y voir un peu plus clair.  

« Sans l’aide du CLD, plusieurs programmes de financement nous auraient échappé », signale justement Lison Grenier, directrice générale de La Vieille Usine de l’Anse-à-Beaufils, à Percé. La gestionnaire de cette destination gaspésienne, qui abrite une salle de spectacle, un restaurant et une galerie d’art, a pu bénéficier l’an dernier du programme d’Aide à la diffusion. Cette subvention, proposée par la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), permettait aux organismes professionnels spécialisés dans le domaine des variétés d’obtenir un soutien financier.

PLUSIEURS INTERVENANTS POTENTIELS

Remarquez, les ATR, les ATS et les CLD peuvent également donner un bon coup de main pour remplir adéquatement les formulaires de demandes. En général, ce sont les dossiers bien ficelés qui obtiennent une réponse rapide et positive, note Michel Archambault, président du Bureau des gouverneurs de la Chaire de tourisme UQAM Transat.

La plupart des programmes que l’on retrouve sur le site de Service Québec sont offerts sous forme d’aide financière non remboursable. Ce sont dans bien des cas des subventions provenant de Tourisme Québec, de la SODEC, du Ministère des Affaires municipales, Régions et Occupation du territoire, et des sociétés d’état (SAQ, Hydro-Québec et Loto-Québec). LA SAQ offre, par exemple, 7,4 M$ de dons et commandites annuellement à plus de 500 organismes et entreprises. Investissement Québec se distingue par plusieurs programmes de prêts et de garanties de prêt. Il y a également un programme de crédit d’impôt remboursable pour la modernisation de l’offre d’hébergement touristique. Dans ce cas-ci, c’est Revenu Québec que les entreprises doivent remercier. 

La communication autour de ces différents leviers de financement demeure encore un sérieux défi. Malgré tout le potentiel d’aide de ces programmes, l’information ne se rend pas toujours auprès des entreprises qui en ont réellement besoin.

Lucie Charland de l’AQIT cite deux nouveaux programmes de financement touristique qui ont, selon elle, tout avantage à faire parler d’eux partout en région : Le programme d’appui au développement des attraits touristiques (PADAT) et le Fonds de soutien aux PME touristiques.

« Issus du Plan de développement de l'industrie touristique 2012-2020 de Tourisme Québec, ces deux programmes s’annoncent très prometteurs en matière d’investissements privés. Plus accessibles, ils ont été conçus exprès pour mieux répondre à la réalité des entreprises touristiques québécoises », souligne Mme Charland.

Doté d’une enveloppe de 85M$ pour cinq ans, le PADAT a pour but de stimuler les investissements privés au profit du renouvellement de l'offre touristique au Québec. Géré et administré par Investissement Québec, ce programme de prêt et de garantie de prêt vise principalement les projets liés aux portes d’entrées de la province Québec, Montréal et l'Outaouais, le fleuve Saint-Laurent ainsi que le tourisme nordique. Les montants vont varier entre 150 000$ et 2M$.  

L’autre programme d’aide, le fonds de soutien aux PME, offert en collaboration avec Filaction, profite d’une enveloppe de 5M$ pour une durée de 5 ans. Le programme, qui se traduit également par des prêts et garanties de prêt, s’adresse aux coopératives ainsi qu’aux entreprises à but lucratif et non lucratif. Les montants varient de 25 000$ à 250 000$.

DE TOUT POUR TOUT LE MONDE?

N’empêche que ces nouveaux leviers ne correspondent pas à tout le monde. Notamment au secteur muséal. « Les prêts et garanties de prêts ne conviennent pas aux produits culturels comme le nôtre », soulève Guylaine Archambault, directrice générale du Musée Armand-Frappier, à Laval. Compte tenu de la difficulté qu’aurait cet OBNL à rembourser un prêt, ce sont davantage des subventions que ce musée sollicite.

La gestionnaire a justement obtenu à trois reprises une subvention liée au programme d’Entente de partenariat régional en tourisme. « Des subventions que nous n’aurions pu obtenir sans l’aide de notre ATR », tient à souligner Mme Archambault.  

Cela dit, l’ex-titulaire de la chaire de tourisme Transat, Michel Archambault, se questionne sur l’efficacité de certains leviers. Le programme des investisseurs immigrants aurait selon lui avantage à être plus agressif pour dénicher des capitaux étrangers. Il doute également du rendement du crédit d’impôt remboursable pour la modernisation de l’offre d’hébergement touristique dans les régions. « Pour obtenir un crédit, ça prend d’abord des dépenses. Et pour effectuer des dépenses, ça prend de l’argent! Ce que n’ont pas nécessairement les établissements hôteliers en région », fait valoir M. Archambault.   

Il y a aussi ces entrepreneurs touristiques qui ont carrément lâché prise ne trouvant simplement pas leur place au sein de ces programmes. C’est le cas notamment du propriétaire du Camping Compton, Aimé Mélix. «Déjà que les processus de financement sont complexes, on a l’impression que ces programmes s’adressent principalement à des entreprises étatiques (municipales, régionales et provinciales)», souligne le propriétaire du camping.

Enfin, grâce à Internet, de nouvelles avenues de financement voient le jour pour les entreprises touristiques. Notamment les plateformes de financement participatif (crowdfunding). Le concept prend actuellement beaucoup d’ampleur à l’échelle planétaire. Ces plateformes, qui s’autofinancent par commission - 5% ou 4% pour les OBNL, se veulent une alternative aux institutions financières. La nouvelle plateforme Fonpop.com permet justement aux parents, amis, voire à une communauté de soutenir financièrement à leur discrétion un projet, une organisation ou une entreprise en démarrage. Y compris les entreprises touristiques. « Il s’agit d’un bon test de marché. Si les gens adhèrent, c’est que le concept fonctionne», souligne Yannick Lacoste, président de Fonpop.com. En général, dit-il, les projets qui obtiennent du succès sont ceux qui remettent aux donateurs un cadeau équivalent à la valeur du montant reçu. Un nouveau concept qui pourrait faire pas mal de chemin.

Rédigé par Claudine Hébert, collaboration spéciale

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