Les défis de faire voyager les Québécois au Québec

Bon an, mal an, le Québec demeure la destination de choix pour la majorité des Québécois. Et ce, même si en 2024 on peut s’attendre à une performance plus difficile comparativement aux dernières années.

Crédit Marilyn Désy

Ainsi, selon le dernier coup de sonde effectuée par le Réseau de veille en tourisme, en novembre 2023 auprès de voyageurs québécois, on voit que les Québécois seront plus nombreux que jamais à opter pour des destinations ailleurs au Canada, aux États-Unis, en Europe et ailleurs dans le monde. Qu’à cela ne tienne, le Québec demeure loin devant sur la première marche du podium avec 70% Québécois qui disent avoir l’intention d’y voyager en 2024.

Source : Cahier Tendances 2024, Réseau de veille en tourisme
Chaire Transat ESG-UQAM

L’approche de Vélo Québec Voyages

TourismExpress s’est entretenu avec Jocelyn Charbonneau, directeur des opérations, chez Vélo Québec, pour en savoir un peu plus sur la clé de leur succès à faire voyager les gens au Québec. « Vélo Québec est une OBNL créée pour développer la culture du vélo et son utilisation à travers la province. VQV (Vélo Québec Voyages) est voué à développer la composante "tourisme à vélo", organisation de séjours, que ce soit un weekend ou de plus longs voyages (14 jours), sur mesure pour des groupes ou demandes ad hoc. On fait aussi du FIT, sans guide, mais on s'occupe du transport des bagages d'une place à l'autre, sur des courts ou moyens séjours: tracé, logistique de bagage.

En 2023, on est revenu au niveau de 2019, avec le retour de l'Europe comme destination prisée. Le Québec demeure toutefois la destination la plus populaire, en termes d'achalandage, alors que l'Europe est plus dispendieuse mais répond aux attentes de voyageurs qui ont remis à plus tard leurs voyages durant la pandémie, avec le phénomène du revenge travel.

Découverte du Lac-St-Jean à vélo

On a développé des nouveaux itinéraires durant la pandémie, comme par exemple des "en liberté" dans les Cantons de l'Est, sur 2-3 jours. Même chose en Montérégie, ou en Outaouais. On le faisait avec Explore Québec en 2020 et 2021, mais on le propose encore aujourd'hui sans le rabais et ça fonctionne bien. »

Un écho similaire avec Alta Voyages

Vous connaissez Alta Voyages? Il s’agit d’une agence de voyages renouvelée, issue de la fusion entre Voyages Tour Étudiant (VTE), Voyages Club Sélect et Séjours linguistiques VTE, qui propose une diversité de destinations et une gamme de forfaits sur mesure.

Pour Geneviève Morin, directrice générale d’Alta Voyages, « la saison 2023 a bien été, nous sommes satisfaits des résultats et du nombre de personnes que nous avons fait voyager et ce, sans trop de problème durant les voyages ! Le défi a vraiment été sur le plan des fournisseurs et le manque de main-d’œuvre, les annulations de restaurants, la mauvaise communication entre celui ou celle qui prend la réservation et la personne qui est réellement sur place quand notre groupe arrive, etc.

Découverte du Québec en hiver, avec Alta Voyages

Les 12-18 prochains mois seront occupés, la demande est très forte, les gens veulent voyager. Le défi est donc de répondre à la demande avec une équipe moins grande et plus « nouvelle » car ayant moins d’expérience que ce nous avions avant la pandémie!  Mais les voyageurs sont là, ça c’est sûr! », selon Mme Morin.

Les défis de la prochaine année

« Le contexte économique est une grosse interrogation. On cherche des solutions pour offrir des itinéraires à des prix raisonnables en 2024, même si la clientèle semble vouloir être au rendez-vous », nous explique Jocelyn Charbonneau.

« Un autre défi pour notre clientèle: l’accès au territoire québécois! Les déplacements sont encore très orientés "voiture", alors si on veut faire un voyage sur la Côte Nord ou aux Iles de la Madeleine, on doit absolument utiliser une voiture pour s'y rendre. On remarque néanmoins que le slow travel est vraiment en émergence. Et comme le vélo est un bel exemple de tourisme durable, de mise en forme, les gens vont arrêter au marché, un vignoble, on n'est pas pressé. Le tourisme à vélo s'imbrique bien dans cette tendance lourde », poursuit-il.

Pour Geneviève Morin, « travailler avec la clientèle québécoise comporte surtout des avantages. La communication est plus facile, en raison de la langue commune, sans oublier la proximité physique – on peut même prévoir des rencontres en personne avec des organisateurs de groupe.

Évidemment les clients cherchent un bon rapport qualité-prix, parfois un peu trop – dans le sens où ils veulent avoir le top mais ne pas payer trop cher, ce qui n’est pas possible. C’est une clientèle qui voyage souvent aux mêmes périodes, durant les vacances d’été (construction), relâche, Fêtes, donc sur les périodes qui sont très achalandées. Mais ils sont de plus en plus portés à voyager au Québec et à découvrir notre province. Ils aiment vivre une expérience et que ce soit authentique, un intérêt marqué pour l’histoire et le patrimoine, ils veulent apprendre quelques choses dans leur voyage », conclut-elle.

Rédigé par Frédéric Gonzalo, collaboration spéciale