J’ai une histoire à vous raconter
Il était une fois une cité plus que tricentenaire qui avait des histoires à raconter. Des histoires sur son art de vivre et sa culture afin de faire vivre des expériences typiquement montréalaises aux voyageurs. Pour le PDG de Tourisme Montréal, Yves Lalumière, avec le défi qu’offrent les nouvelles plateformes et les réseaux sociaux, mieux raconter et organiser l’offre de Montréal sont au centre des priorités de son équipe et de ses partenaires.
Le vent dans les voiles
C’est un des constats qui ressort d’une entrevue avec celui qui a pris la tête d’une organisation presque centenaire (1919). Il n’y a pas de place pour le doute à Tourisme Montréal, l’organisation a le vent dans les voiles, aidée par la conjoncture économique (taux de change), mais aussi par un partenariat tissé de plus en plus serré entre tous les acteurs touristique, culturel, économique et politique. Comme quoi c’est peut-être le vent qui sème les graines, mais c’est la terre fertile qui les accueille.
C’est bien beau tout cela, mais qu’en est-il de la performance de Montréal. Ce n’est pas les chiffres qui manquent étant donné que Tourisme Montréal a développé une solide expertise dans l’analyse et l’interprétation d’une multitude d’indicateurs. Indicateurs qui sont d’ailleurs tous positifs. Pour n’en citer que quelques-uns, le taux d’occupation pour l’été 2015 est de 87 %. Le revenu de l’hébergement a augmenté de 8 à 10 % selon les mois, et la clientèle américaine afflue de nouveau, il était temps diront certains, avec une augmentation de plus de 10 % de janvier à juin. C’est sans oublier une hausse de plus de 30 % de la clientèle chinoise.
C’est sans compter les nouvelles opportunités que représente l’arrivée de nouveaux vols directs en provenance de la Chine, Lyon, l’Islande, Budapest et Casablanca. L’ajout de plus de 1000 chambres en 2016-2017, réparties dans 8 hôtels. Et enfin les retombées futures des nombreux legs du 375e anniversaire de Montréal (2017) qui contribueront à enrichir l’offre touristique de Montréal.
Une obsession des résultats
Lors de l’entretien avec Yves Lalumière, des expressions et des mots reviennent régulièrement ; travail d’équipe, partenariat, connectivité, mieux raconter Montréal, objectifs, cibles, prioriser, faire des choix et j’en passe. Cela teint inévitablement la stratégie de Tourisme Montréal dont l’atteinte des objectifs repose sur un calendrier de 5 années (2014 – 2018) visant des augmentations de 5 % des dépenses touristiques et de 5 millions de nuitées.
Les marchés prioritaires de Montréal : le Nord Est des États-Unis (New York, Boston, Washington et Chicago), l’Ontario (Toronto et Ottawa), la France (Paris et Lyon), la Chine et le Québec, sans négliger les opportunités qu’offriront les nouvelles liaisons aériennes. Derrière ces choix de marché, il y a un choix de stratégie et de budget pour assurer le retour sur l’investissement le plus profitable.
Les cibles : Les corporations, l’associatif, le milieu des sports, l’incentive et l’agrément/loisir.
Les créneaux prioritaires : La culture/les festivals, la gastronomie, le nightlife, la famille et le segment du millénaire et les 18 à 35 ans.
Pour atteindre ses objectifs, Tourisme Montréal va stimuler son offre, activer et rassembler l’industrie, structurer le produit et mettre tout en œuvre pour faire vivre des moments typiquement montréalais à ses visiteurs.
Une vision québécoise
Il est indéniable qu’Yves Lalumière déborde d’enthousiasme pour son travail et pour vendre Montréal, mais peut-être à cause de sa formation (BAA en Gestion et intervention touristiques 1984), de ses expériences chez American Express pendant près de 20 ans ou chez Transat (7 ans), il a développé une vision systémique de l’industrie touristique. Cela est évident quand il mentionne qu’il travaille en coopétition avec Toronto ou d’autres destinations ou quand il rappelle sans cesse la nécessité de travailler en partenariat et en de partage de compétence.
Pour le Québec, le PDG de Tourisme Montréal reconnait que la situation privilégiée de Montréal comme principale porte d’entrée du Québec doit aussi profiter à l’ensemble du Québec. Pour y arriver, il souligne la nécessité d’améliorer sans cesse la collaboration et l’échange d’expertise entre tous les acteurs touristiques du Québec. À ce propos, la révision du modèle d’affaires de l’industrie lui apparait comme étant un incontournable et un enjeu primordial pour l’atteinte des objectifs de l’industrie touristique québécoise.
Parmi les enjeux pour accélérer le développement de l’industrie, en plus d’une meilleure coordination des acteurs touristiques autour d’objectifs clairs et mesurables, Yves Lalumière rappelle l’obligation d’améliorer les compétences et l’expertise de ceux-ci. Il s’empresse aussi de souligner l’absolue nécessité d’investir dans le développement et l’amélioration du produit. Il voit aussi d’un bon œil la volonté de Tourisme Québec de s’attaquer à l’hébergement illégal afin que les règles du jeu soient équitables pour tous et que les revenus de la taxe sur l’hébergement qui en seraient tirés soient réinvestis dans la promotion du Québec.
Une histoire sans fin
Une histoire finit souvent par « ils vécurent heureux jusqu’à la fin des temps », mais Yves Lalumière n’en demande pas tant, dans la mesure où Montréal fait rêver le plus grand nombre de voyageurs possible et que ceux-ci en rapportent des souvenirs inoubliables, pour ainsi à leur tour raconter Montréal.
Collaboration spéciale, Louis Rome
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