INTERNATIONAL: L'Echo touristique: Jean-François Rial: «Il faut réinventer le tourisme afin de sauver la planète»
Jean-François Rial a des convictions, des croyances et des rêves. Le PDG de Voyageurs du Monde veut croire à un monde meilleur, et même à la révolution. Pourquoi pas ? Dans cette interview, il formule des propositions assez radicales, voire « osées », selon ses propres termes. Ces propositions sont « personnelles, elles n’engagent en aucun cas la société que je représente, ni ses salaries ni ses associés, qui peuvent en partager l’essentiel, ou non », prévient-il.
L’Echo touristique : Jean-François Rial, vous avez récemment déclaré « Ne rêvons pas trop, le tourisme de masse n’est pas en voie d’extinction ». Ce qui veut dire ?
Jean-François Rial : Je pense que nous allons vivre trois phases.
Une première phase durant laquelle nous allons cohabiter avec le virus, qui va durer de quelques mois à quelques années - je n’en sais rien -, dans laquelle le tourisme va énormément tourner au ralenti. Il va exister localement, entre les pays qui auront éradiqué l’épidémie et ceux qui auront mis en place des systèmes pour se protéger des autres pays.
Il y aura une deuxième phase dans laquelle l’épidémie sera terminée, quelle que soit la raison : un vaccin par exemple. Dans ma note de Terra Nova, je propose septembre 2021, mais évidemment, cette date est très discutable. A ce moment-là, je pense que tout va repartir comme avant. Rien ne va changer et donc le tourisme de masse existera comme il existait auparavant parce que les conditions techniques et politiques n’auront pas changé. De plus, il y aura un certain manque chez les consommateurs de voyages et donc je pense qu’ils vont fonctionner comme avant.
Maintenant, si l’on regarde à plus long terme, c’est-à-dire dans une phase 3, je suis convaincu que l’on ne pourra continuer à avoir des activités économiques, quelles qu’elles soient d’ailleurs, et à commencer par le voyage et l’agriculture qui ne paient pas leurs coûts environnementaux. Je pense que c’est ce qui va se passer. Mais cela ne viendra pas des consommateurs mais des citoyens électeurs qui ne sont pas tout à fait les mêmes. Donc, il y aura la mise en place de diverses taxes écologiques, très fortes, qui vont surenchérir le prix du voyage ou de la nourriture. Bien sûr, j’entends les commentaires, ceux qui vont dire que je suis bien gentil mais que je vais empêcher les classes populaires de voyager ou de se nourrir !
«Moi je propose de refondre la fiscalité globalement (…), instaurer des taxes Co², des taxes biodiversité tous azimuts pour faire payer les coûts de destruction de la planète.»
Source: L'Echo touristique
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