Histoires et légendes de château par Louis Rome

Hébergement · · Commenter

Août 1943, branle-bas de combat au Château, un document classé top secret a été oublié dans le salon Rose, là où se déroule la première conférence de Québec. Qui a donc bien pu oublier un tel document, qui est, selon la rumeur, une des ébauches du débarquement de Normandie de juin 1944? Winston Churchill, premier ministre du Royaume-Uni? Franklin Delano Roosevelt, président des États-Unis? Ou le premier ministre du Canada, Mackenzie King? Nous voilà au cœur d’une des nombreuses histoires qui marquent jusqu’à ce jour la vie au Château Frontenac.

Winston Churchill a peut-être cru à l’époque que c’était un complot des journalistes qui couvraient la conférence de Québec, étant donné que ceux-ci étaient cantonnés dans un hôtel, juste de l’autre côté de la Place d’Armes - aujourd`hui le bureau d’informations touristiques -  l’hôtel de Normandie. Non, mais il faut le faire, un document ultra secret relatif au débarquement de la Normandie a disparu à deux pas de l’hôtel Normandie, rempli de journalistes qui recherchent tous le scoop du siècle. L’histoire finit bien, car le document a été retrouvé par un employé du Château Frontenac ou un officier, dépendant de la version que vous préférez. À cette histoire s’ajoute une anecdote, non vérifiée: la personne, quelle qu’elle soit, qui a  retrouvé le document, aurait été mise en résidence jusqu’à la fin du  débarquement du 6 juin 1944.

LA VIE DE CHÂTEAU

Pour la première fois, j’ai pu vivre la vie de Château, celle de l’établissement le plus photographié au monde, où des personnages de la politique internationale, du milieu des affaires ou culturel ont marqué notre histoire et celle du Château. Lors de mon court séjour, il y a une constante qui  sautait aux yeux, tous les membres de l’équipe de l’établissement sont passionnés par leur boulot. Chambre impeccable, service au bar et au restaurant attentionné et efficace, accueil chaleureux.

750 employé·e·s pour 611 chambres, tous avec des vues imprenables sur le fleuve, Québec ou même sur la magnifique architecture du château qui aujourd’hui a dépassé l’âge vénérable des 125 ans. Un établissement 5 étoiles qui compte le plus de concierges clés d’or du Canada.

Pour résister au temps et  s’adapter aux besoins de sa clientèle, tous en préservant son caractère unique, le Fairmont Le Château Frontenac a investi des dizaines de millions de dollars au fil des décennies, dont plus de 75 millions dans le récent plan de restauration du célèbre établissement, avec des travaux qui ont débuté en 2013 pour s’échelonner sur plusieurs années. Chambres, suites, hall d’entrée, cuisines, salles de conférences et même la toiture de cuivre ont été rénovés en respect de l’architecture et de l’histoire du Château, tout en portant une attention particulière aux attentes de sa clientèle.

UN BONJOUR À LA FOIS

Un petit détail, mais qui a toute son importance et qui devrait être toujours de mise au sein de notre industrie. Chaque employé·e croisé au Fairmont Le Château Frontenac vous accueille avec un bonjour tout en sourire, pour ensuite s’adapter à la langue du voyageur. Je n’en démords pas, le «Bonjour!» résume en un mot notre nature accueillante et le fait francophone du Québec en Amérique du Nord.

UNE CLIENTÈLE DE TOUS LES HORIZONS

Vous ne serez pas surpris d’apprendre que la clientèle du Château Frontenac varie en fonction des saisons. Des touristes des Amériques, d’Europe et d’Asie affluent au fil des saisons. Les clientèles d’affaires et de congrès y trouvent aussi leurs comptes avec les 23 salles de réunions et de congrès de toutes les tailles. La clientèle québécoise n’est pas en reste, pour ceux qui ont les ressources pour se payer une virée de château. Il y a une autre manière de profiter de la vie de Château. Le mois de novembre, qui fait le pont entre deux périodes fortement occupées, est une occasion parfaite pour vivre «l’esprit» du Château Frontenac. Avec le «Noël en novembre», le Château permet de vous plonger dans la féerie des fêtes tout en profitant de bonnes occasions sur le prix des chambres.

COMMENT UNE ANECDOTE PEUT-ELLE INFLUENCER L’AFFLUENCE D’UN ÉTABLISSEMENT

Ou comment une lettre perdue peut avoir un impact sur un établissement et une destination. Suivez le guide pour une autre anecdote sur le Château. Le début de l’histoire se situe pendant la Deuxième Guerre mondiale au moment où un soldat britannique envoie une lettre d’amour à sa future épouse en Angleterre. L’histoire se poursuit dans les années soixante-dix lors de travaux  de rénovation où une lettre est retrouvée, coincée entre deux étages, dans la chute à lettres qui relie tous les étages à une boîte postale située dans le hall de l’hôtel. Malheureusement, malgré les recherches effectuées par les membres de l’équipe du Château la destinataire n’a jamais été retrouvée.

L’histoire de cette lettre a refait surface au moment où une équipe de la série de fiction sud-coréenne Goblin; The Lonely and Great God est à Québec en 2016. Un membre de l’équipe de l’hôtel a raconté cette histoire véridique au producteur coréen de la série qui a adapté celle-ci et en a fait une pièce maîtresse de la série tout en mettant en scène le Château.

Les effets se font ressentir rapidement, deux à trois mois après le début de la diffusion de la série, qui a été vus 245 millions de fois en 2017, la clientèle coréenne afflue au Château et à Québec, au point que les dépenses de cette clientèle triplent entre 2016 et 2017 pour passer à 2,2 millions. Un coup marketing autant pour le Château Frontenac que pour Québec alors que l’Office de tourisme de Québec a investi 20 000$ dans le projet et que les retombées se comptent en millions de dollars. Les retombées se poursuivent encore aujourd’hui, car deux ans après la série Goblin, Québec accueille le tournage d’une autre série coréenne.

DU BAR À LA TABLE

Le Fairmont Le Château Frontenac ne cesse pas de se renouveler, mais tout en gardant un pied dans le passé au grand plaisir des mordus de l’histoire. À l’origine il s’agissait de la bibliothèque du célèbre Château, aujourd’hui après tout un saut dans l’histoire, les livres ont été remplacés par des spiritueux. Le bar 1608, classé dans le top 50 des meilleurs bars du Canada, offre désormais une nouvelle expérience à sa clientèle  intitulée « Du bar à la table » qui a pour objectif de bonifier l’expérience des clients, en favorisant notamment les discussions autour des produits, leur origine et leur utilisation par les chefs et mixologues. La nouvelle carte de cocktails imaginée par Maxime Ménard, chef-mixologue du Fairmont Le Château Frontenac, inclut également la possibilité de personnaliser chacun des cocktails.

Un cocktail du Bar 1608/Crédit: Les Festifs

En cuisine, le chef du restaurant Le Champlain n’est pas en reste. Stéphane Modat, qui a remporté le Laurier du chef de l’année 2019 fait une cuisine tout en douceur où le mariage des saveurs et des vins est à l’honneur, cela se comprend, car il a cosigné avec le sommelier François Chartier la collection Les recettes de Papilles et Molécules (Édition La Presse). Il n’y a aucun doute la cuisine du chef Modat trouve son inspiration dans le terroir québécois. Il nous en donne un bel aperçu avec la publication de son livre, Cuisine de Chasse (Éditions La Presse, 2018).

Le chef Stéphane Modat en action dans sa cuisine/Crédit: Les Festifs

UNE PETITE DERNIÈRE

Lors du Carnaval de Québec en 1969, la princesse Grace de Monaco a choisi comme cavalier de danse, pour l’ouverture du Bal au Château Frontenac, un jeune homme qui ressemble à s`y méprendre au Tom Cruise d’aujourd’hui.  Il y a quelques mois de cela, un homme a un rendez-vous avec Stéphane Morin, directeur ventes et marketing du Château. À la conclusion de l’échange, l’homme sort une photo de sa poche où on voit un jeune homme, véritable sosie de Tom Cruise, au bras de la princesse. Le directeur marketing avait devant lui Urbain «Bill» Johnson de Québec, le cavalier de la princesse, un solide gaillard de 87 ans qui siégeait à l’époque au conseil d’administration du Carnaval de Québec.

Ce type d’histoire se conclut toujours par une fin heureuse. Le fils de la Princesse Grace,  Albert II, actuel souverain de la principauté de Monaco, était l’invité d’honneur au Château Frontenac en mars 2019 pour souligner le 50e anniversaire de la visite de sa mère à Québec. Il y fait la rencontre d’un autre invité, le fameux «Tom Cruise» de la photo de son enfance. La boucle était bouclée.

À partir d’événements historiques auxquels se greffent des anecdotes se bâtit une histoire qui habite l’imaginaire, qui habite un château, le Château Frontenac, l’icône de Québec perché au sommet du Cap Diamant.

Louis Rome