Hausse du salaire minimum: hôteliers et restaurateurs au cœur du débat

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Il est l’invité-surprise, celui sur qui les syndicats et groupes sociaux ne comptaient sans doute pas. À la fin de l’été dernier, le médiatique homme d’affaires Alexandre Taillefer vantait, « au nom de la décence », l’idée d’une hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure sur cinq ans. « Nous avons aujourd’hui l’obligation de fournir à des gens qui décident de travailler 40 heures par semaine des conditions salariales décentes », affirmait-il lors du Forum social mondial tenu en août à Montréal. « 10,75 $, ça vous donne un salaire annuel de l’ordre d’à peu près 21 500 $. Le seuil de pauvreté a été établi au Canada, à partir du 1er mai, à 23 800 $. Ce qu’on envoie comme message à notre société, c’est qu’on permet à des gens de travailler 40 heures par semaine et de vivre sous le seuil de pauvreté. Et ça, pour moi, c’est inacceptable. »

« Les forces progressistes convergent pour que les choses changent, estime Jean Lacharité, vice-président de la CSN. L’obtention du salaire minimum à 15 $ l’heure le plus rapidement possible est une mesure concrète pour partager la richesse. » Daniel Boyer, président de la FTQ, rappelle quant à lui que quelque 211 000 Québécois (dont 58 % de femmes) touchent présentement le salaire minimum. « Et un million de travailleurs gagnent moins de 15 $ l’heure, principalement dans les petites et moyennes entreprises et dans le commerce de détail », précise-t-il avant d’avertir, en entrevue à La Presse Canadienne : « On ne lâchera pas le morceau ! »

Décrit par l’organisation patronale comme l’une des principales victimes d’une éventuelle modification du salaire minimum, le secteur de la restauration lance un message des plus clairs : « Nous sommes contre une hausse rapide et contre une hausse déraisonnable », martèle François Meunier, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales au sein de l’ARQ. Une augmentation du salaire minimum actuel de 10 % (soit bien en-deçà des 15 $ exigés par certains) aurait un impact de 103 millions de dollars sur l’industrie de la restauration québécoise. « Coupures d’horaires, fermetures partielles, voire fermetures complètes : les conséquences concrètes seraient dramatiques », avance le représentant de l’Association des Restaurateurs du Québec.

Si cette industrie risque aussi gros, c’est notamment parce que la masse salariale représente actuellement 35 % des coûts d’exploitation d’un restaurant. Le nombre important d’employés qui seraient concernés par cette hausse est également plus grand que dans d’autres secteurs. « Avec l’effet domino, cela concernerait 40 % du personnel. On ne parle pas seulement des gens touchant 10,75 $ mais aussi de tous ceux en-dessous de 15 $, prévient François Meunier. Et même au-delà : l’employé embauché voici plusieurs années, qui gagne aujourd’hui 17$/h, comment va-t-il réagir en voyant débarquer un petit nouveau qui va toucher deux dollars de moins que lui ? Il va évidemment mettre la pression sur l’entreprise pour que l’écart existant auparavant soit recréé. Un cercle infernal ! »

Le vice-président de l’ARQ souligne, enfin, que c’est surtout la hausse du salaire minimum à pourboire (aujourd’hui à 9,20$ l’heure) qui poserait le principal problème. « Cela consisterait à augmenter des gens qui sont déjà largement bien payés », glisse-t-il, évoquant un élargissement du fossé entre la salle et les cuisines.

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Source: HRImag

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  • Groupe Germain – Montréal et Toronto – Paul de La Durantaye, Nicolas Lazarou et Jean-Philip Dupré
  • Palais des congrès de Montréal – Nicolas Joël
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