Conférence : L’avenir du transport aérien mondial - Justin Erbacci, PDG du conseil international des aéroports, par Mohamed Reda Khomsi
Le mardi 18 février dernier, le CORIM a organisé un déjeuner-causerie sur le thème de l’avenir du transport aérien mondial avec Justin Erbacci, PDG du Conseil international des aéroports (ACI World) et avec la participation de Yves Beauchamp, PDG d’Aéroports de Montréal. Même si ce n’était pas le premier événement où le CORIM invite un représentant de l’écosystème du transport aérien dans le cadre de ses conférences, le contexte était bien particulier. En effet, à la veille de l’événement, l’aéroport de Toronto a connu un tragique événement avec l’accident à l’atterrissage du vol 4819 de la compagnie Delta Air Lines qui a causé la blessure de 21 personnes. Cet événement s’inscrit dans une série d’accidents qui sont survenus un peu partout à travers le monde au cours des derniers mois et la conférence était l’occasion d’écouter un acteur important de l’écosystème du transport aérien réagir à ces événements.
Qui est ACI World
Établi à Montréal depuis 2011, le Conseil international des aéroports est un regroupement de 2181 aéroports répartis dans 170 pays dont la mission est la défense des intérêts des aéroports auprès des différentes parties prenantes de l’écosystème mondial du transport aérien et plus particulièrement auprès de l’OACI.
Perspectives de développement du transport aérien mondial
Le premier point abordé par le PDG d’ACI World a consisté à rappeler quelques données clés qui démontrent l’importance du secteur de l’aviation dans le développement économique de nombreux pays. À cet égard, M. Erbacci a présenté les statistiques suivantes :
- Le secteur de l’aviation représente 4% du PIB mondial ;
- 33 % des échanges mondiaux en valeur transitent par le transport aérien ;
- Le secteur de l’aviation emploie 86,5 millions de personnes à travers le monde, dont 8,5 millions dans les aéroports ;
- En 2024, le trafic de passagers dépassera le niveau prépandémique, atteignant 9,5 milliards de passagers. En 2030, ce chiffre devrait atteindre 12 milliards de passagers et devrait doubler d’ici 2042.
Priorités d’ACI World dans un monde en mutation
Pour faire face aux principaux enjeux auxquels ACI World est confronté (conflits régionaux, tensions commerciales, pénurie de main-d’œuvre, problèmes techniques), M. Erbacci a présenté les priorités stratégiques de son organisation et qui s’articulent autour de 4 axes :
- La transition énergétique : c’est un des défis majeurs des prochaines décennies et pour y faire face, ACI World continue de collaborer avec ses membres et partenaires pour le développement d’aéroports plus verts. Bien que des efforts importants aient été entrepris dans différents domaines -électrification des équipements, l’optimisation de la consommation d’énergie - le chantier le plus important demeure celui l’augmentation de l’usage du carburant d’aviation durable (Sustainable Aviation Fuel - SAF). À ce titre, M. Erbacci a souligné que 617 aéroports participent à ce jour à des programmes de réduction des émissions de carbone dans le cadre d’une initiative intitulée ACI Airport Carbon Accreditation ;
- Optimisation et développement des infrastructures existantes : les aéroports doivent travailler à améliorer l’efficacité de leurs installations sans nécessairement passer par des agrandissements des infrastructures. Néanmoins, quand cela est nécessaire, il faut trouver des modes de financement innovant pour financer ces développements;
- Amélioration de l’expérience des passagers : la sécurité et l’efficience des opérations doivent demeurer au centre de la mission des aéroports, néanmoins, ces derniers doivent continuer à travailler sur l’amélioration de l’expérience des passagers pour rendre le voyage plus personnalisé, plus prévisible avec davantage de possibilités de réservations anticipées ;
- Révision des modèles d’affaires des aéroports : afin d’assurer leur viabilité économique, les aéroports doivent développer des montages financiers plus innovants en encourageant les partenariats publics-privés pour financer les infrastructures plutôt que de compter sur un financement exclusivement public.
À la fin de la conférence, M. Erbacci a insisté sur la collaboration que les aéroports doivent continuer à développer avec leurs partenaires, et notamment les compagnies aériennes et les gouvernements, afin d’offrir une expérience de voyage sécuritaire et agréable aux passagers.
Mohamed Reda Khomsi Ph.D
Professeur et directeur des cycles supérieurs en tourisme
École des sciences de la gestion
Université du Québec à Montréal
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