Une équipe d’experts des Francophonies de l’innovation touristique (FIT) propose des réponses innovantes aux question du tourisme rural, par Pierre Bellerose
Lors de la 11e édition des Francophonies de l’Innovation Touristique (FIT), qui s’est déroulée du 8 au 11 octobre 2024 au Château de Vaux, en Champagne, une vingtaine d’experts internationaux ont participé à cette rencontre annuelle stratégique, parmi lesquels cinq experts québécois. Cet événement, organisé par l’Agence d’attractivité d’Aube en Champagne et le Slow Tourisme Lab, dans un cadre exceptionnel, a permis d’aborder des thèmes novateurs autour du tourisme rural et de réfléchir à de nouvelles façons de valoriser les territoires francophones. Le thème central de cette édition, « Le voyage agriculturel », a servi de fil conducteur à des échanges sur quatre thématiques majeures : les imaginaires du voyage, le modèle de développement touristique, la mobilité partagée, et la méthode d’accompagnement des territoires.
Facilitation graphique qui résume ls travaux des F.I.T. réalisée par Giulia David
Le voyage agriculturel : un modèle innovant
Le concept du voyage agriculturel, fil rouge des discussions, met en avant la rencontre entre l’agriculture locale et le tourisme. Il s'agit d'une approche immersive qui permet aux visiteurs de découvrir le savoir-faire agricole, de participer à des activités rurales et de mieux comprendre l’environnement naturel. Ce modèle promeut une expérience authentique tout en contribuant à la durabilité des territoires.
En valorisant les richesses locales, que ce soit par les produits agricoles, les paysages ou les récits des habitants, le voyage agriculturel crée des liens profonds entre les visiteurs et les territoires.
1. Les imaginaires : réinventer les récits du tourisme rural
Le premier atelier a porté sur les imaginaires du voyage, en soulignant l’importance de réécrire les récits associés au concept de slow tourisme. Ce concept encourage une expérience plus lente, plus réfléchie, qui met en valeur les spécificités des territoires. Il ne s'agit pas de créer de nouveaux imaginaires, mais d'inscrire le slow tourisme dans les récits existants. Ces récits doivent évoquer des valeurs telles que la simplicité, l’authenticité et la connexion à la nature.
Les discussions ont mis en avant l'idée de « cultiver l’inattendu », en intégrant des éléments surprenants dans l’expérience touristique. Les habitants, eux aussi, sont appelés à jouer un rôle central dans cette démarche. L’idée d'éditorialiser les récits des habitants permet de créer une offre touristique centrée sur l'humain et de renforcer le lien social.
L'un des points cruciaux abordés a été la nécessité de changer les imaginaires des décideurs. En introduisant des indicateurs de durabilité, les experts encouragent les politiques publiques à favoriser des projets qui profitent à la fois aux habitants, aux entreprises locales et aux visiteurs, tout en respectant les ressources naturelles.
2. Modèle de tourisme rural : optimiser et régénérer les ressources
Le deuxième atelier a exploré le modèle de développement touristique et les moyens d’optimiser les ressources humaines, matérielles et immatérielles des territoires. Ce modèle repose sur trois piliers :
- Optimiser les ressources humaines : Chaque habitant doit être considéré comme une ressource précieuse. L'idée est de créer une communauté d’accueillants, où chacun peut partager ses coups de cœur et ses secrets locaux avec les visiteurs. L’accent a été mis sur l’importance du bouche-à-oreille et de l’authenticité pour bâtir une réputation durable.
- Régénérer les ressources matérielles : Le tourisme doit encourager une hybridation des usages. Cela signifie élargir l'utilisation des infrastructures publiques et privées pour les rendre accessibles aux visiteurs tout en intégrant les citoyens. Le développement d’hébergements légers et éphémères, tels que le camping ou le bivouac chez l’habitant, a été proposé pour renforcer l’immersion dans la vie locale.
- Revaloriser les ressources immatérielles : L'artisanat et les savoir-faire locaux doivent être mis en avant. Encourager les artisans à créer des produits touristiques spécifiques basés sur leurs compétences permet de renforcer l'économie locale tout en offrant aux touristes des expériences authentiques.
Atelier des Francophonies de l'innovation touristique au Château de Vaux, en Champagne.
3. Mobilité partagée : repenser l'accès aux zones rurales
Le troisième atelier a abordé un des défis majeurs du tourisme rural : la mobilité. La question de l’accès aux territoires ruraux est cruciale, et il ne s'agit pas seulement de faciliter le transport, mais de transformer les déplacements en expériences touristiques à part entière. Plusieurs pistes ont été évoquées, comme la création de coopératives de mobilité regroupant covoiturage et autopartage, ou encore des lignes de bus spécifiques.
Un des aspects innovants consiste à réenchanter l’offre de mobilité, en intégrant des éléments immersifs au trajet. Par exemple, des partenariats avec la SNCF pourraient permettre de créer des expériences thématiques autour des trajets en train, comme des week-ends en vieilles voitures ou des parcours à vélo. Ces solutions offrent une accessibilité durable, en limitant l'empreinte écologique des visiteurs tout en renforçant l'attractivité des territoires ruraux.
L'enjeu des derniers kilomètres a été discuté avec emphase. Bien que chaque situation soit différente, les acteurs locaux doivent se concerter pour planifier l’offre de service de mobilité durable à partir d’un hub (en France, souvent la gare ferroviaire). Il pourrait s’agir d’offrir un cocktail d’offres tels des vélos et voitures électriques ou des navettes locales pour relier les gares aux villages ou aux sites touristiques. En définitive, il s’agit de trouver des moyens concrets de faciliter l’arrivée à la destination finale de nos visiteurs tout en respectant l'environnement.
4. Méthode d’accompagnement : sept étapes pour un tourisme rural durable
Enfin, le dernier axe a mis en lumière une méthode d’accompagnement en sept étapes destinées à aider les territoires à se transformer de manière durable. Cette méthode repose sur un travail de cartographie des ressources humaines et des besoins locaux, en intégrant les communautés, les porteurs de projets et les institutions.
Les étapes vont de l’écoute des besoins du territoire à l'identification des projets porteurs de développement touristique, en passant par le travail sur l'acceptabilité sociale des initiatives proposées. La solidarité locale est un levier essentiel dans ce processus, car elle garantit que les projets sont bien accueillis par les habitants et qu’ils contribuent au bien-être général du territoire.
Un des indicateurs originaux proposés est le bonheur intérieur brut des habitants, qui mesure la satisfaction et la qualité de vie générées par le tourisme. Cette méthode propose d’inscrire le développement touristique dans une démarche collective, où chaque partie prenante participe activement à l’avenir de son territoire.
Conclusion : un tourisme rural au service du bien-être commun
L'édition 2024 des FIT a mis en lumière des pistes innovantes pour transformer le tourisme rural en un moteur de développement durable. En articulant le « voyage agriculturel » autour des ressources locales et de la mobilité partagée, ces réflexions montrent que le tourisme rural peut être à la fois bénéfique pour les habitants, les entreprises et les visiteurs. Grâce à des récits réinventés, des expériences immersives et un modèle respectueux des ressources naturelles, le tourisme rural s’inscrit dans une démarche de long terme, au service de la qualité de vie et du bien-être commun.
Pierre Bellerose, consultant en tourisme et Président du Groupe de travail IA et tourisme.
Il a été un des experts invités pour cette 11e édition des Francophonies de l’innovation touristique. Nous tenons à vous informer que l'intelligence artificielle a été utilisée comme outil pour la réalisation de cet article. Tout le contenu publié a été minutieusement édité et révisé par l’auteur.
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