Tourisme et adaptation aux changements climatiques
Maude Prévost, collaboratrice spéciale de TourismExpress La Relève et étudiante en Techniques de tourisme au Collège Montmorency.
Le 2 février dernier, en partenariat avec le Consortium Ouranos et la Chaire de tourisme Transat ESG-UQAM, la Maison du développement durable a présenté en collaboration avec le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ) la table ronde « Tourisme : l’adaptation aux changements climatiques déjà entamée ». Lors de cette table ronde, il a été beaucoup question des adaptations déjà apportées au niveau de l’industrie du tourisme et du sentiment d’urgence ressenti à ce jour. Les discussions qui m’ont beaucoup fait réfléchir m’ont inspiré ces quelques lignes.
Mise en contexte
Depuis 1950, la température au Québec augmente annuellement entre 1 et 3 °C. Avec l’augmentation possible des gaz à effets de serre, on parle d’une hausse pouvant aller de 2 à 4 °C d’ici 2050. Avec cette augmentation, on note un changement au niveau de la durée des vagues de chaleur plus longues et des périodes d’enneigement plus courtes (Ouranos). L’industrie du tourisme n’échappe pas non plus à cette vague de changements. En effet, tout récemment, le Carnaval de Québec s’est vu dans l’obligation de fermer le site des festivités le 1er février dernier à cause du mercure qui était anormalement haut (Côté, 2016). Chez moi, sur la Rive-Nord de Montréal, j’ai vu de nombreuses patinoires naturelles faire leur ouverture très tardivement.
Les exemples ne manquent pas. Maintenant, que devons-nous faire? Voici quelques-unes de mes réflexions à ce sujet.
Miser sur des alternatives et diversifier son offre
Être proactif et aller de l’avant sont les mots qui me sont restés en tête suite à la table ronde. Bien que les changements climatiques bloquent la possibilité de pratiquer certaines activités, de ce blocage, on peut voir apparaitre des alternatives intéressantes. En d’autres mots, les changements climatiques offrent étrangement l’opportunité de faire briller certains produits qui s’adaptent parfaitement à ceux-ci. Je pense entre autres au fatbike. Ce vélo entièrement conçu pour rouler dans la neige, la « slush » et le sable! Ce dernier existe déjà depuis un certain temps, mais les conditions hasardeuses de notre hiver ont fait en sorte que nous avons davantage entendu parler de lui cette année. Ainsi, diversifier son offre et mettre de l’avant différents produits semble une solution intéressante.
L’importance de la sensibilisation
Malheureusement, pour plusieurs entreprises, tant qu’elles ne seront pas personnellement touchées par les changements climatiques, elles ne se sentiront pas concernées. Pour être efficace, la sensibilisation devrait être faite autant auprès des touristes que des employés d’une entreprise touristique. À cet effet, pourquoi ne pas instaurer des programmes de sensibilisation dans la formation des employés d’une entreprise touristique? Un employé sensibilisé se sentira davantage concerné par le problème et aura certainement la volonté de s’impliquer davantage dans les changements à apporter pour s’adapter.
Les petits gestes comptent
L’imprévisibilité des conditions préoccupe au plus haut point l’industrie touristique d’où l’importance d’agir, notamment, sur le long terme. C’est pourquoi sensibiliser ne voudrait plus rien dire si l’on ne posait pas de gestes importants.
Lors de la table ronde, Dany Beauséjour, directeur général du golf Le Sélect, nous décrivait d’ailleurs quelques gestes posés par son entreprise. Les plaques d’égout ont été agrandies pour contrer les inondations plus fréquentes en été et les bandes riveraines sont protégées pour éviter l’érosion. À la station de plein air Au Diable Vert, une campagne d’informations a été instaurée sur place pour sensibiliser les clients et la station participe au programme Environnement Canada, nous racontait la propriétaire, Julie Zeitlinger. Toujours au même endroit, un quai à hauteur variable a été installé pour permettre l’accès, à l’eau, peu importe le niveau de la rivière, et des sentiers en passerelles ont été aménagés. Tous ces petits gestes démontrent que l’adaptation est belle et bien entamée.
Le touriste dans tout ça
Heureusement, le touriste s’adapte généralement bien aux conditions. Manon René de Cotret, directrice générale regroupement ski de fond Laurentides, explique qu’une saison avec moins de jours viables attirait tout de même autant de skieurs qu’une saison plus longue. Les chutes de neige plus rares semblent créer une excitation chez les skieurs et les pratiquants de sports d’hiver. Ce faisant, les amateurs de sports hivernaux arrivent en masse lors des journées de neige.
D’un autre côté, le touriste se doit de faire attention à ses gestes et de bien choisir ses activités en priorisant le tourisme écoresponsable. Il peut notamment rechercher des entreprises avec une accréditation écoresponsable comme celle d’Aventure Écotourisme Québec.
Pour finir, ce n’est pas nouveau que tourisme et changements climatiques amènent la discussion, mais le sujet reste tout de même d’actualité. Heureusement, j’ai cru remarquer que les tourismes durable et écoresponsable deviennent de plus en plus populaires et je note d’ailleurs un intérêt marqué pour ces types de tourisme au sein de ma cohorte en Techniques de tourisme. Cela me laisse croire que la relève amènera très certainement un vent de nouveauté pour l’adaptation aux changements climatiques!
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