TOM.:La résilience permet-elle un nouveau tourisme ?
La crise sanitaire en tant que choc permet une remise en question imposée des activités. Dans la recherche, plusieurs termes questionnent le basculement d’un état de l’avant à un état de l’après. Dans cette chronique, nous présenterons les termes de résilience et de post-tourisme pour questionner cette période d’attente et de transformation dans laquelle le secteur se situe.
Difficile à assurer dans l’instant, mais il semble que le tourisme débute une nouvelle ère. D’un point de vue pragmatique, nous observons une augmentation de la précarité causée par la crise, certains prestataires d’activités ont cessé d’exister et les voyages à l’étranger restent une denrée rare où seuls les motifs impériaux trouvent grâce auprès des formalités administratives. De manière plus spéculative, ce sont les pensées qui semblent avoir évolué. Il est préférable de consommer local, de réaliser l’impact que peut causer l’activité et de réévaluer son rapport à l’autre. Cependant, ces pensées se retrouvent dans le discours de ceux qui prennent la parole et non dans l’acte d’achat délibéré des voyageurs. L’effet loupe encouragé par de nombreux acteurs sur les difficultés du secteur ne rendent pas compte d’une prise de conscience réelle pour les voyageurs. Dans ce sens, pouvons-nous affirmer que la pratique estivale du tourisme balnéaire sur des lieux sensibles réduira après la crise ? Pouvons-nous prédire un basculement des flux vers la redécouverte des montagnes et des pistes de cyclotourisme ? Pouvons-nous assurer qu’une offre bon marché et all inclusive sera moins alléchante qu’une offre équivalente mais durable à 120 km de chez soi ? Impossible à prédire tant les facteurs sociaux (entourage, sensibilité, opportunités, motivations) et économiques (revenus, congés, capacité à voyager) sont aléatoires pour de nombreux foyers. La seule certitude repose dans le choc qu’a pu créer cette crise, dans sa soudaineté et dans sa durée.
LA RÉSILIENCE DU TOURISME POUR TRADUIRE L’ACTUALITÉ DU SECTEUR
Quelles que soient l’issue et les difficultés engendrées par ce choc, peu de doutes sur la capacité du secteur à continuer d’exister. Le tourisme en France restera un levier économique. Cependant, l’ombre est plus importante sur les directions que nous prendrons afin de réagir et de rebondir vers un secteur viable. Sur cette notion d’adaptation, N. Fabry et S. Zeghni ont questionné à plusieurs reprises le concept de résilience. Dès 2019, les auteurs précisent que ce terme était initialement lié aux préoccupations environnementales et aux adaptations nécessaires découlant des limites climatiques. Son périmètre évolue ensuite pour intégrer la gestion des destinations face à des crises ou à des désastres ; ou encore pour caractériser les transformations des organisations suite à des évolutions sociales et technologiques. Bien que les chocs puissent être exogènes (désastres naturels, météo extrêmes, crise sanitaire et épidémique, risque industriel, crise politique et sociale, choc économiques), de nombreux facteurs sont endogènes et supposent une capacité pour les organisations à prédire certaines crises.
À court terme, cette résilience se construit dans la résistance qu’auront les destinations face au changement, puis dans leur capacité à évoluer pour s’adapter. À long terme, c’est l’apprentissage de cette auto-organisation qui assurera la performance des acteurs pour absorber les prochaines crises. La résilience à l’échelle d’une destination ne sera efficace que dans une recherche de coopération entre les acteurs pour s’adapter à des évolutions toujours plus complexes. « Une destination basée sur la résilience est une destination d’apprentissage » (Fabry & Zeghni, 2019).
Source: Tom Travel
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