Slow Content ou comment revenir au Web d’antan qui était plus positif pour tous par Michelle Blanc
Lorsque j’ai commencé ma pratique, le web était loin d’être celui que nous connaissons aujourd’hui. Facebook n’existait pas encore et son prédécesseur MySpace (et avant lu Friendster) n’avait pas la portée que Facebook a aujourd’hui et ses contenus étaient surtout musicaux et les contenus textuels étaient plus étoffés et consistants. C’était aussi les belles années des blogues. Google valorisait les contenus qui avaient plusieurs hyperliens externes, ce qui était une sorte de validation externe de la qualité des contenus. Nous parlions alors (terme de Martin Lessard) de l’effet de percolation de la qualité. En 2005 il écrivait :
- (to verify the accuracy of the information) Les carnets sont reconnus pour citer leurs sources.
- (a real organization) Le carnet est géré par une personne qui est généralement identifiable.
- (Highlight the expertise) Le carnet de qualité regroupe des billets sur des sujets que l’auteur maîtrise.
- Show honest and trustworthy people) L’auteur signe chacun de ses billets.
- (Make it easy to contact you) L’auteur laisse souvent son courriel ou permet les commentaires sur ses billets.
- (Design your site) Les blogues, plutôt simple dans leur design, a donné lieu a une nouvelle esthétique.
- (Make your site easy to use) Dur d’être plus simple qu’un carnet, avec un système d’archive par date, et les billets à la queu-leu-leu sur une même page.
- (Update your site’s content often). La fréquence de mise à jour raprochée est une condition sine qua non d’un carnet.
- (restraint with any promotional content) L’écrasante majorité des bloggeurs ne pourront / voudront pas avoir de la pub.
- (Avoid errors of all types) Ça, par contre, je ne sais pas…
Peut-être avons nous là un mobile supplémentaire de penser que l’engouement pour les blogues ne soient pas une mode passagère mais bien une composante structurelle non conjoncturelle.
Par effet de percolation, les blogs, en ayant les attributs listés ici, ont acquis, par eux même, cette crédibilité car ils correspondaient à l’attente du public.
Il existait donc une certaine forme de standard de qualité des contenus sur le web. Puis, nous avons connu l’explosion sans précédent des contenus et des usagers. Avec le Web 2.0, tout le monde pouvait maintenant partager des contenus et participer au Web. J’étais la première à en être enthousiasmée. Cependant, au fil des ans, les contenus se sont vus raccourcir en termes de longueur et s’appauvrir en qualité. La « percolation de la qualité » dont parlait Martin s’est amoindrie très sensiblement. À tel point que maintenant, l’opinion d’un prix Nobel est l’équivalent de celle d’un quidam. Même le sacro-saint establishment journalistique est désormais qualifié de « fake news » et étant donné les difficultés de financement des médias, le journalisme d’enquête, qui a toujours été le socle de la crédibilité journalistique, n’est plus que l’ombre de lui-même.
Source: Michelle Blanc
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