Rêver mieux, par Eve Paré

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Une chose est certaine, on n’aura jamais autant parlé de classification hôtelière que depuis le dépôt de PL 100 sur l’hébergement touristique! Ce projet de loi fait suite à l’annonce par la ministre du tourisme, en novembre 2019, de la formation d’un comité ayant pour mandat d’analyser la pertinence du système de classification des établissements d’hébergement touristiques. Deux administrateurs de l’AHGM avaient alors été invités à participer aux consultations et je les avais accompagnés.

En neuf années en poste à la barre de cette organisation, on ne s’était jamais plaint sur le système de classification; j’étais donc incapable de dire quelle serait la position privilégiée par nos membres. On m’avait bien rapporté quelques situations où la perspective de perdre une étoile constituait une préoccupation, mais généralement les améliorations requises étaient effectuées afin d’en assurer le maintien.

C’est donc pour nous permettre de réfléchir sur les enjeux que nous avons consulté nos membres lors d’un petit déjeuner. Nous avons rassemblé des hôteliers de différents horizons : des établissements de petite et grande taille, des chaînes et des indépendants. Au début de la discussion, très peu avait un avis ferme sur la question. Cependant, au fil de la matinée, un consensus s’est dégagé sur la nécessité de maintenir une classification obligatoire, tout en procédant à une modernisation complète du système actuel.

QU’EN PENSENT LES MEMBRES?  

  • Tous conviennent que les panonceaux appartiennent à un autre siècle puisqu’au moment où le client se retrouve devant la porte de l’hôtel, il a normalement déjà en main sa réservation.
  • Il est aussi clair que la classification (les étoiles) ne convient pas à toutes les catégories d’hébergement, en particulier aux résidences de tourisme (RT) et aux résidences principales (RP). Chaque secteur pourrait ainsi déterminer le fonctionnement approprié à ses besoins. En ce sens, un système d’enregistrement, tel que proposé dans le PL 100, constitue un allégement réglementaire tout en permettant le contrôle de l’hébergement illégal.
  • Le processus de mise à jour de la grille de classement est présentement long et fastidieux, alors que celui-ci devrait être fait en continu pour capter les innovations et nouvelles tendances. Un comité d’experts composé de membres de l’industrie pourrait se charger de formuler périodiquement des recommandations d’ajustement à la grille.
  • Le caractère obligatoire de la classification lui confère une légitimité à laquelle aucun autre système ne peut prétendre. Ainsi, s’en remettre au secteur privé ou, pis encore, aux utilisateurs des plateformes pour attribuer des notes pourrait s’avérer une opération risquée.

Certains argumenteront que le Québec est une des dernières juridictions à avoir maintenu la classification obligatoire, mais il ne s’agit pas là d’un raisonnement suffisant pour abolir un système qui a bien servi l’industrie. D’autres clameront que des économies pourraient être réalisées pour les hôteliers en ces temps particulièrement difficiles. Toutefois, les sommes potentiellement économisées demeureraient somme toute assez modestes.

On se retrouve aujourd’hui avec un système qui a certes besoin d’être dépoussiéré, mais doit-on le sacrifier pour autant? La fin de la classification obligatoire signifie tout simplement la fin de ce système, car il est utopique de croire que des établissements d’hébergement touristiques adopteront un classement volontaire.

À QUI LA FAUTE?

L’industrie a sa part de responsabilité dans l’état de la situation actuelle : en plus d’avoir utilisé une grille désuète, elle n’a pas su bien valoriser la classification et le sceau de qualité qui y est attribué. Peut-être ne sommes-nous pas en mesure de rivaliser avec les grandes plateformes de réservation en ligne, mais l’essentiel des invités ne proviennent-ils pas du Québec? Il ne faut pas perdre de vue qu’il y a des gains importants à réaliser sur notre propre marché.

Et si on se permettait de rêver ensemble? Pourquoi ne parviendrions-nous pas à moderniser la classification pour en faire un système moderne, pertinent et un véritable gage de qualité qui incite les Québécois à réserver en toute confiance directement à l’hôtel? Je suis persuadée que ce souhait pourrait facilement devenir réalité.

Bon été à tous!

Eve Paré
Présidente-directrice générale


Fondée en 1949, l'Association des hôtels du Grand Montréal (AHGM) regroupe une centaine d'établissements de trois étoiles et plus situés principalement dans la région métropolitaine. Elle joue un rôle essentiel de catalyseur et de représentation des intérêts de ses membres, qui sont indispensables à la croissance et au développement de l'activité touristique et économique. Elle mobilise, informe et appuie ses membres en faisant la promotion des pratiques répondant aux critères d'excellence parmi les plus élevés au monde.