LETTRE OUVERTE - Ne laissons pas tomber nos hôteliers

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La reprise touristique des dernières semaines est bienvenue et encourageante, mais il ne faudrait pas penser que parce que la tempête semble s’estomper, elle n’a pas causé des dommages importants qui pourraient avoir des impacts à long terme sur la compétitivité et le développement du tourisme québécois. Bien qu’ils aient été encouragés et supportés par les québécois au cours des trois dernières années, les hôteliers du Québec, qui ont fait preuve d’une grande résilience pendant les périodes très difficiles qu’ils ont dû traverser, font encore face à des défis importants auxquels le prochain gouvernement devra s’attaquer si le Québec veut pouvoir bénéficier des importantes retombées économiques générées par ce secteur.

CONTRER LA PÉNURIE DE MAIN-D’ŒUVRE

La pénurie de main-d’œuvre frappe durement les hôteliers du Québec alors que près de 6000 postes sont toujours à combler dans leurs établissements. Il est impératif de mettre en place les conditions qui leur permettront de recruter. Il y a certainement des solutions québécoises à cette pénurie comme la mise en place d’incitatifs supplémentaires pour retenir et attirer les 55 ans et plus en hôtellerie, l’embauche inclusive de personnes autistes ou avec d’autres particularités, la robotisation et l’informatisation des services, mais la solution passe également par l’international. La hausse des seuils d’immigration, l’accélération du traitement des demandes de travailleurs étrangers temporaires, la bonification des montants octroyés pour le recrutement international ainsi que la mise en place d’une passerelle vers la résidence permanente pour les travailleurs étrangers temporaires déjà bien implantés dans les régions du Québec, ne sont que quelques exemples de solutions qui devraient être envisagées par le prochain gouvernement.

AGIR POUR CONTRER LA CONCURRENCE DÉLOYALE

Les grandes plateformes de réservation en ligne et d’hébergements collaboratifs sont également de nouvelles réalités avec lesquelles les hôteliers doivent composer. La cohabitation est possible, pour autant qu’elle soit équitable. Agissons d’abord pour offrir la liberté tarifaire aux propriétaires d’hébergements touristiques qui font affaires avec les agences en ligne. Il est inacceptable que des clauses les empêchent d’offrir des prix plus bas sur leur propre site que ceux affichés par ces intermédiaires. En ce qui concerne l’hébergement collaboratif, il faut s’assurer que les règles soient respectées et qu’il y ait un équilibre dans les municipalités afin d’avoir encore des logements abordables pour nos travailleurs. Il faut suffisamment d’inspecteurs pour identifier ceux qui affichent en marge de la loi avec des amendes plus dissuasives. Prenons exemple sur la France et mettons en place des règles et des pénalités plus coercitives pour les plateformes de réservation qui acceptent d’afficher des hébergements de courte durée qui ne sont pas enregistrés au gouvernement.

L'hôtellerie au Québec, ce sont 1 300 hôtels, 700 gîtes, 30 établissements d'enseignement, 50 auberges de jeunesse et 9 500 résidences de tourisme qui génèrent 40 000 emplois et 2,3 milliards $ en retombées économiques. Le tourisme ne peut se développer que s’il repose sur un hébergement touristique de qualité, sur une vitrine moderne pour le Québec, tant pour le tourisme local, le tourisme d’affaires que le tourisme international. Le prochain gouvernement devrait considérer sérieusement en faire une priorité.

Véronyque Tremblay
Présidente-directrice générale
Association hôtellerie du Québec