Les Américains au Québec, un marché en légère croissance ?
Les couleurs d'automne pavoisent de plus en plus nos magnifiques montagnes alors que nous sommes à faire le bilan de la dernière saison touristique estivale. C'est l'occasion de jeter un coup d'oeil du côté des passages de nos voisins américains aux principaux postes frontaliers québécois depuis le début 2015.
Il importe de préciser que la province compte quatre postes frontaliers importants pour les voyageurs américains qui utilisent la voiture comme moyen de transport pour se rendre au Québec. Mon point de vue exclut les arrivées américaines dans nos deux aéroports internationaux.
Notre regard d'aujourd'hui portera sur les mois de janvier à août (trois premiers trimestres de l'année) pour les années de 2012 à 2015.
PREMIER CONSTAT
Les postes frontaliers de Lacolle (45 %) et de St-Armand (35.5 %) enregistrent plus de 80 % des passages de visiteurs américains se rendant au Québec.
Les quatre principaux postes frontaliers du Québec ont enregistré ainsi plus de 787 000 passages de touristes américains entre janvier et fin août 2015.
DEUXIÈME CONSTAT
La croissance des passages des visiteurs américains à nos frontières au cours des dernières années est en progression continue. Toutefois, cette progression semble se faire de façon plutôt irrégulière.
Ainsi:
2013 | 106 802 visiteurs | + 18.5 % |
2014 | 24 463 visiteurs | + 3.5 % |
2015 | 89 438 visiteurs | + 12.5 % |
Le poste frontalier de Lacolle enregistre les plus fortes croissances en 2015 avec des augmentations mensuelles de 2 000 touristes pour les mois de janvier et février. Les mois de mars et avril n'ont connu aucune croissance alors que le mois de mai a progressé de 6 500 touristes américains.
Le mois de juin a été le mois le plus prolifique en 2015 avec une progression de 17 000 Américains. Juillet a progressé de 9 000 touristes alors qu'août n'a qu'une faible croissance de 1 000 touristes.
Le Québec touristique a donc enregistré une croissance de plus de 220 000 touristes américains à ses postes frontaliers au cours des trois dernières années.
TROISIÈME CONSTAT
L'irrégularité des mois de croissance et l'absence de mois de décroissance confirment une reprise, mais tendent également à confirmer que des facteurs comme les coûts de l'essence ou la valeur du dollar canadien, qui sont souvent évoqués, n'ont pas d'impact systémique sur les résultats et sont des variables non significatives dans le retour des Américains au Québec.
En effet, 2013 et 2015 sont les années avec la plus forte croissance, alors qu'en 2013 le coût du dollar américain était de 1.05 $, contrairement à 1.31 $ cet été.
Même constat au niveau du coût de l'essence, dont le coût au litre variait aux environs de 1.30 en 2013 alors qu'ils étaient aux environs de 1.08 cet été.
Les variations (croissance) semblent davantage attribuables à des composantes marketing.
À titre d'exemple, juin 2015 a été le mois avec la plus forte progression. Sans en avoir fait une analyse détaillée, juin a pu compter sur un excellent Grand Prix de Formule 1 et Montréal a été l'hôte de plusieurs matchs de la Coupe du monde féminine de football, dont la demi-finale États-Unis - Allemagne le 30 juin.
La croissance est-elle suffisante?
Le nombre de visiteurs provenant des États-Unis et passant par nos postes frontaliers est passé de plus de 563 000 visiteurs à plus de 787 000 visiteurs entre 2013 et 2015. Il s'agit d'une progression de plus de 28 % sur quatre ans.
En contrepartie, il faut se rappeler que le Québec a perdu 2 M de touristes américains au cours des dix dernières années. De plus, durant cette période le Québec touristique aurait dû en attirer (croissance de 5% sur 10 ans) un million supplémentaire.
Notre déficit de clientèle américaine se situe donc davantage autour de trois millions de touristes, soit entre 4 % et 6 % de taux d'occupation de notre parc hôtelier québécois. Au rythme de 100 000 nouveaux touristes américains par an, il est facile de penser qu'il nous prendra près de trente ans pour récupérer nos pertes et notre manque à gagner des dix dernières années.
Il faut également prendre en compte dans l'équation qu'entre début janvier et la fin août, 1 796 741 Québécois ont quitté vers les États-Unis.
Une situation… deux visions?
Face à ces constats, nous pourrions nous contenter d'une approche « positive » et dire que nous progressons d'environ 100 000 touristes américains par an… mais à ce rythme, nous aurons récupéré nos pertes des dix dernières années en 2035 et notre manque à gagner en 2045.
En fait, nos objectifs annuels de croissance sur les marchés américains devraient davantage se situer entre 350 000 et 500 000 nouveaux touristes américains par année.
Voilà une belle commande pour la nouvelle structure marketing qui va être mise en place.
Collaboration spéciale, Éric Fournier
Les plus commentés