L'hiver est trop long! Pourquoi ne pas acheter une île dans le sud?
Après un congé Pascal plutôt frisquet, le moral des Québécois est au plus bas et tous conviennent que les hivers sont longs, trop longs … Moment opportun pour faire un clin d'oeil à une idée et un projet des années 80.
Pourquoi le Québec n'achèterait-t-il pas une île dans le sud ?
IDÉE FOLLE OU VISION D'AVENIR?
Marcel Léger, à l'époque ministre du tourisme du gouvernement du Parti Québécois sous René Lévesque, avait travaillé sur un projet gardé secret et dont l'objectif était que le Québec achète une île dans les Antilles. En 1985, le projet était suffisamment avancé pour qu'une entente de principe soit signée entre le Québec et le gouvernement des Bahamas pour acheter, par bail emphythéotique, l'île Eleuthera.
Le bail aurait été d'une durée de 99 ans et la transaction devait se faire au coût symbolique de 1 $ à condition toutefois que le Québec intègre la main d'oeuvre locale au développement de l'île.
Le nom de l'île convoitée par la belle province ainsi que les modalités de l'entente n'avaient pas été dévoilées à l'époque. Le ministre Léger (père de Jean-Marc Léger de Léger Marketing) avait conclu une entente de principe avec le premier ministre du pays. Malheureusement, le projet ne connu pas de suite en raison des élections provinciales qui ont eu lieu le 2 décembre 1985.
Le projet, qui aurait trente ans cette année, avait à l'époque rencontré de nombreux détracteurs qui le qualifiaient de farfelu. Le projet prévoyait l'intégration d'entreprises Québécoises comme Québecair, Saint-Hubert et les Auberges Gouverneurs. En contre partie, l'île des Caraïbes aurait profité des emplois ainsi crées. (Pour en savoir plus, cliquez ici)
L' ÎLE ELEUTHERA
L' Île Eleuthera est une île en forme de courbe très allongée et étroite qui s'étend sur 150 Km et dont la largeur varie entre 2 et 8 Km. Son littoral est parsemé de nombreuses plages au sable rose. Située à près de 80 Km à l'Est de Nassau, l'île compte une population de près de 8 000 personnes.
L'île avait été en quelque sorte laissée à elle-même lors de l'indépendance des Bahamas en 1973. Par la suite, son économie s'était effondrée et la plupart des entreprises touristiques firent faillite.
LE PROJET N'ÉTAIT PAS NOUVEAU
Dès 1917, le Gouvernement Canadien et le premier ministre de l'époque, Robert Borden, avaient évoqué un rapprochement possible entre le Canada et une île des Caraïbes dans le contexte où les deux pays étaient membres du Commonwealth.
En 1974, à la demande des Insulaires Turques, un député du Parlement canadien avait déposé à la Chambre des communes un amandement favorisant le rapprochement entre le Canada et l'île des Caraïbes.
En 1986, les Îles Turques- et - Caïques avaient voté à 90 % leur annexion au Canada. L'île, trois fois plus grande que les Îles de la Madeleine et plus petite que l'Île-du-Prince-Édouard n'avait pas donné suite à ses ambitions.
En 2004, les trois parties représentés au Parlement de la Nouvelle-Écosse avaient voté à l'unanimité une invitation aux habitants de ce territoire britannique afin qu'ils se joignent à la province de l'Atlantique.
Plus récemment en 2014, le dragon François Lambert ramenait le sujet sur son blog comme un projet économiquement intéressant pour le Québec.
QUELQUES CHIFFRES
Les voyages des Québécois vers les destinations soleil sont en progression constante. De 2000 à 2013, les sorties des Québécois vers les destinations hors-Québec sont passées de 3.5 M à plus de 6 M de séjours, soit une croissance de plus de 70 % en 12 ans.
Les mois de décembre, janvier et mars ont même connu des croissances allant jusqu'à 150 %.
Les dépenses des Québécois au USA ont augmenté de près de 95 % pour générer un déficit de la balance touristique de 2.1 Milliards $ et de 1.4 Milliard $ pour les autres destinations internationales.
La Floride
Les " Snowbirds " sont de plus en plus nombreux à se diriger vers la Floride. Selon les dernières données disponibles, près de 800 000 Québécois ont passé d'une semaine à six mois en Floride en 2011.
Ils ont dépensé près de 1.2 Milliards $ dans l'économie de la " Sunshine State ". De plus, ils y achètent annuellement plus de 3 500 condos ou maisons pour des fins de villégiature.
Les Destinations Soleil
En parallèle, le nombre de sièges disponibles par semaine pour des destinations soleil comme Cuba, le Mexique, la République Dominicaine et la Jamaïque à partir des deux aéroports québécois se sont multipliés de façon exponentielle pour atteindre les 200 000 départs par semaine en hiver.
Certaines destinations comme le Costa Rica ou le Panama lorgnent de plus en plus du coté des Québécois pour développer leurs industries touristiques.
ÉTAIT-CE UNE BONNE IDÉE ?
Une chose est sûre, les Québécois raffolent des destinations soleil. Il est tout aussi indéniable que notre balance touristique est de plus en plus déficitaire. Deux solutions s'offrent à nous.
La première est de faire venir plus de touristes internationaux au Québec. Malheureusement, force est de constater que nos résultats des dernières années ne nous attribuent pas beaucoup de succès face à cet enjeu notamment face à la performance de nos principaux concurrents.
La deuxième est d'essayer de motiver les Québécois à prendre plus de vacances au Québec. Malheureusement, leurs désirs insatiables pour les plages ensoleillées rend le défi presque insurmontable.
Et c'est là que le projet du ministre Léger prenait tout son sens. A partir du moment où le Québec pouvait compter sur une île ensoleillée tout devenait possible.
UN QUEBEC ISLAND DANS LES CARAÏBES
Le projet avait un sens stratégique, touristique et économique indéniable. A prime abord le concept peut paraître farfelu, surtout en 1985, mais rapidement, et surtout au fil des ans, ses avantages deviennent évidents.
Concentrer des investissements québécois dans un pôle attractif en y développant une offre hôtelière adaptée et en y aménageant des infrastructures modernes et dynamiques pourrait être une façon efficace pour récupérer des milliards $ qui sont actuellement dépensés par les Québécois dans des économies touristiques étrangères.
Une île de propriété québécoise dans les Bahamas aurait permis à nos hôteliers et nos restaurateurs d'y implanter leurs établissements.
Air Transat aurait pu y implanter des vols directs, Loto Québec un casino et la SEPAQ y gérer les équipements publics. L'ITHQ aurait même pu y ouvrir une école hôtelière.
Au niveau économique, les investissements auraient pu y être majoritairement, mais pas exclusivement, des investissements québécois.
Avec près de 2 Milliards $ de déficit touristique par année dû aux destinations soleil, le Québec aurait pu espérer en récupérer une partie substantielle. Rêvons un peu en estimant un ratio de Québécois qui auraient pu l'adopter comme destination de vacances hivernales (pensons aux succès de Cuba au cours des dernières années).
Nous pourrions parler de milliards $ d'argent conservé dans notre économie au profit de notre PIB qui est l'un des plus bas en Amérique du Nord.
Bon, était-ce une bonne idée que nous avons laissé de côté ?
Collaboration spéciale, Éric Fournier
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