Entrevue Yves Lalumière (suite): Un legs au-delà du 375e... Le tourisme d'affaires...
Par Frédéric Gonzalo, collaboration spéciale
TourismExpress a rencontré Yves Lalumière, président directeur-général de Tourisme Montréal, afin de discuter de plusieurs enjeux et opportunités pour le tourisme à Montréal et au Québec : les festivités du 375e, de nouvelles liaisons aériennes, la Chine, une nouvelle approche d’accueil et le tourisme d’affaires, entre autres choses. Voici donc la première partie de deux articles résumant notre entretien exclusif.
Cliquez ici pour lire la première partie de l’entrevue
FG – Il a beaucoup été question des célébrations du 375e depuis la dernière année, nous y sommes. À quoi peut-on s’attendre?
YL – « Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on est rendu à la mi-mai et c’est maintenant que ça commence vraiment. Bien sûr, il y a eu des activités au courant de l’hiver, et on a surtout animé les résidants mais là on devrait voir l’activation et la promotion des grandes activités.
J’étais dans un événement récemment avec des partenaires de l’industrie et je leur ai demandé « Combien d’entre vous ont vu Aura? », je pense qu’à peine 5% ont levé la main. [NDLR: Aura est le spectacle en lumière de la Basilique Notre-Dame]
Bref, les communications vont s’intensifier pour faire savoir toute l’étendue des activités et des célébrations qui seront accessibles autant à la population qu’aux touristes de passage. On a donc un travail à faire à ce niveau pour attirer autant en intra-Québec qu’à l’extérieur de la province. »
FG – Aura a débuté à la fin mars et est très populaire depuis le début, avec des représentations à guichets fermés à plusieurs reprises. Quelles autres attraits ou événements seront à ne pas manquer?
YL – « Je pense bien sûr à la Grande Roue, à l’illumination du pont Jacques-Cartier par Moment Factory, ou encore Cité Mémoire qui a ajouté trois tableaux dans son programme de découverte du Vieux-Montréal en réalité augmentée.
Ce sont toutes des activités qui font en sorte que le touriste passera quelques heures de plus au centre-ville ou dans le Vieux-Port, et qu’il dépensera donc plus dans les boutiques, les restaurants et les bars. C’est de l’argent neuf, qui fait en sorte que les marchands peuvent réinvestir dans leurs opérations, dans leur offre.
Les commerçants nous le disent d’ailleurs : en grande partie, 2016 aura été une bonne année en raison des touristes. Il ne faut pas oublier que 83% des nuitées touristiques en hébergement payant étaient effectuées par des touristes de l'extérieur du Québec! »
FG – On sait que l’illumination du Pont-Jacques Cartier par Moment Factory est un projet pour les 10 prochaines années. A quoi peut-on s’attendre comme autre legs post-375e pour assurer la pérennité de l’offre touristique à Montréal?
YL – « Je ne sais pas si on veut considérer ça comme legs du 375e ou pas, mais on voit plusieurs facteurs positifs. Je pense notamment à la modernisation de l’aéroport de Montréal, point d’entrée pour près de 18 millions de passagers par année. La gare maritime, premier accès à l’eau dans le Vieux-Montréal, avec un accès amélioré pour les navires et les passagers. Je pense également au Musée Pointe-à-Callière ou encore au pavillon de la paix au Musée des beaux-arts. L’illumination de la Basilique Notre-Dame. Le projet de réfection de la rue Ste-Catherine. On le voit également avec les rénovations notamment au Fairmont Queen Elizabeth… »
FG – Justement, le fait qu’on se retrouve avec 950 chambres de plus sur le marché, uniquement par la réouverture de cet hôtel iconique, est-ce que cela risque d’affecter les pourcentages d’occupation à Montréal en 2017?
YL – « Écoute, l’été passé on a eu un taux d’occupation de 90%, ce qui veut dire qu’on était à peu près complet. On a vu plusieurs nouveaux hôtels ouvrir au cours des deux dernières années, ce qui vient consolider l’offre d’hébergement en ville. Et malgré la fermeture du Fairmont l’an dernier, il s’est quand même vendu pour 22 000 nuitées en plus, donc la demande est là. On est content de voir que l’offre s’adapte et se renouvèle.
C’est pourquoi on s’attend à une augmentation des dépenses touristiques de l’ordre de 8,5% en 2017, avec une demande à la hausse notamment au niveau hôtelier, de presque 4%! »
FG – Les résidences étudiantes représentent 2438 unités dans 12 établissements sur l’île de Montréal, soit 10,6 % des unités disponibles à Montréal. Avec les logements listés sur Airbnb (quelques 10 000 au total à Montréal, selon certaines estimations), quel est l’impact sur l’offre et la demande hôtelière à Montréal?
YL – « Pour la clientèle d’affaire, ce n’est pas vraiment un enjeu, mais c’est vrai que ça joue pour la clientèle européenne, étudiante ou plus jeune, particulièrement pendant la période de pointe en août et en marge de festivals comme Osheaga.
Quant à Airbnb, on les a rencontrés et on a surtout réalisé que sur les 10 000 listings à Montréal, une petite minorité offre leur logement pour plus de 30 jours. Il s’agit surtout de logements étudiants, ici encore, car on ne doit pas l’oublier : Montréal est une ville universitaire!»
FG – Donc les indicateurs sont positifs pour 2017?
YL – « Je te dirais que oui, Frédéric, mais la vérité c’est qu’on est déjà ailleurs, dans notre planification de 2018, 2019 et 2020. On est certes dans le feu de l’action pour 2017 au niveau de l’accueil et des activités, mais on prépare l’avenir notamment au nouvel incubateur MTLab, qui a reçu trois fois plus de projets que ce qu’on prévoyait initialement. Ou encore aux projets de développement de produits, comme avec Aura.
FG – On sait que le tourisme d’affaires est parfois le négligé des stratégies touristiques au Québec. Quelle est la vision de Tourisme Montréal pour ce segment?
YL – « Comme tu le sais, mon background dans le tourisme d’affaires et je pense qu’on peut faire tellement plus et mieux. Cette année, on s’aligne pour une année record en termes de leads pour des congrès et le marché des réunions d’affaires se porte bien après des années plus difficiles.
À Tourisme Montréal, on a décidé de lancer une nouvelle proposition de valeur pour les décideurs qui opteront pour notre destination pour leurs réunions d’affaires. Avec « Montreal works for you », on offre une garantie en six points, par exemple comme quoi les gens pourront être servis en français ou en anglais, le nombre de délégués qui participeront, ainsi que la qualité de la prestation reçue lors de leur événement.
On a donc changé l’approche. Avant, on misait beaucoup sur la convivialité – pensez aux lèvres du « À la Montréal » – alors que maintenant on mise plus sur le côté business de la ville, autant du côté congrès que réunions d’affaires. On pense qu’il y a encore beaucoup de potentiel pour faire venir des organisateurs de réunions d’affaires de Toronto ou des régions, afin de les convaincre de venir à Montréal, ou encore Bromont ou Tremblant.
Je pense qu’on a aussi un beau potentiel avec le marché incentive, notamment avec le parc Jean-Drapeau, où les participants peuvent faire un tour de vélo, aller au resto, le tout dans un oasis vert à proximité du centre-ville. On peut ainsi proposer des forfaits incentives différents et plus convivial que ce qu’on retrouve à Toronto ou Vancouver, par exemple.
On a également un travail à faire en amont, pour éduquer les décideurs sur les vertus des réunions d’affaires. On l’a vu, dans la foulée de la Commission Charbonneau et du ralentissement économique des dernières années, les entreprises privées sont plus frileuses alors qu’on sait qu’il y a des bénéfices tangibles à tenir des réunions d’affaires ou des voyages incentives. »
FG – Peut-on s’attendre à d’autres nouveautés à court terme ?
YL – « L’accueil est un cheval de bataille primordial pour nous, et comme on le sait cette bataille se livre de plus en plus dans l’univers numérique. Au cours des prochaines semaines, on dévoilera les détails de notre nouveau site Web et de notre approche d’accueil en lien avec les nouveaux outils qu’on développe. On a bien hâte! »
Crédit photo: MILK IMAGES
Propos recueillis par Frédéric Gonzalo lors d’un entretien exclusif pour TourismExpress
Les plus commentés