Entrevue exclusive TourismExpress avec Yves Lalumière: Tourisme Montréal: Nuitées et notoriété
Par Frédéric Gonzalo, collaboration spéciale.
TourismExpress a rencontré Yves Lalumière, président directeur-général de Tourisme Montréal, afin de discuter de plusieurs enjeux et opportunités pour le tourisme à Montréal et au Québec : les festivités du 375e, de nouvelles liaisons aériennes, la Chine, une nouvelle approche d’accueil et le tourisme d’affaires, entre autres choses. Voici donc la première partie de deux articles résumant notre entretien exclusif.
FG – Merci de nous rencontrer, Yves. 2017 s’annonce une grosse année pour Montréal, et les touristes semblent être au rendez-vous…
YL – « Effectivement, ça promet. Comme je le dis souvent, notre stratégie à Tourisme Montréal, en 2017, s’articule autour de la thématique Nuitées et notoriété. On veut s’assurer que les hôtels soient pleins, mais aussi de préparer le terrain pour le futur, en positionnant la destination auprès des multiplicateurs et influenceurs. C’est pour ça qu’on met particulièrement l’emphase sur les tournées de familiarisation de journalistes, mais aussi de blogueurs et influenceurs sur les médias sociaux. Ça nous semble une stratégie encore sous-exploitée en tourisme. »
FG – Les influenceurs sont d’ailleurs très à la mode, permettant d’atteindre un auditoire différent que celui des médias traditionnels. Un message d’ailleurs perçu comme plus authentique par les abonnés aux comptes de ces influenceurs. Ça fonctionne, donc?
YL – « Oui, absolument. On voit jusqu’à maintenant une augmentation de 400% pour nos retombées de presse en 2017 par rapport à l’année dernière, au niveau des mentions sollicitées et non sollicitées. Les blogueurs et influenceurs jouent un rôle dans cette augmentation, bien sûr, mais nous visons aussi les médias de type Most Wanted, invitant les journalistes de magazines qui ont une large distribution autant papier que dans le numérique. Le retour sur l’investissement est intéressant, surtout quand on compare à l’équivalent si on voulait placer en achat média.
On le voit également dans les visites de décideurs de voyages d’affaires, réunions et congrès, qui sont particulièrement présents cette année, lors d’invitations ou par exemple pour l’événement C2MTL qui débute sous peu. L’engouement est là, et voit les retombées également, pas juste pour 2017 mais aussi pour 2018 et 2019 où l’on mise déjà des efforts pour un rayonnement à long terme. »
FG – Cette augmentation de visibilité dans les médias et auprès des influenceurs est-elle attribuable surtout à l’effort concerté autour des célébrations du 375e selon toi?
YL – « Non, je pense que cela découle surtout des efforts qu’on fait depuis plus de deux ans sur certains marchés, notamment avec nos missions commerciales en France, et de certains changements dans notre équipe à l’interne, avec une approche renouvelée et novatrice pour faire parler de la destination. 2017 et le 375e sont un passage obligé, mais on reste fidèle à notre plan stratégique qui s’échelonne jusqu’à 2020 et pour lequel on travaille sur trois axes :
- Le rayonnement de la destination
- L’activation des célébrations du 375e anniversaire de Montréal
- Une approche renouvelée pour l’accueil
Crédit: Instagram @monjuanca
On a d’ailleurs annoncé récemment les éléments sous-jacents à cette nouvelle approche de l’accueil pour Montréal, un aspect fondamental pour une destination touristique de calibre mondial. »
FG – Nous en parlions justement dans cet article paru au début du mois, lors d’un entretien avec Pierre Bellerose, vice président de Tourisme Montréal. Repenser les stratégies d’accueil, c’est important…
YL – « Oui, d’ailleurs on a lancé notre campagne pour cet été avec le « Bonjour » qui se retrouve un peu partout dans les portes d’entrées principales de la ville et sur les taxis, notamment. Ça vient répondre au besoin d’harmoniser l’accueil dans les lieux d’arrivée, et on pense aller dans la bonne direction. Ces lieux d’arrivée incluent l’aéroport, la gare maritime, la gare centrale de train, la gare d’autobus et certaines stations de métro névralgiques.
Depuis qu’on a annoncé notre nouvelle approche pour l’accueil, on est agréablement surpris de voir l’engouement que ça suscite. On va donc s’assurer d’être encore plus présent là où sont les touristes avec nos triporteurs, et on mise énormément sur l’accueil numérique pour accompagner le touriste au-delà des limites de nos infrastructures. »
FG –Parlons maintenant des liaisons aériennes et des marchés prioritaires pour Montréal. Les Américains reviennent nous voir depuis les deux ou trois dernières années, c’est bon signe, non?
YL – « Aucun doute, mais on fait attention aussi à ne pas trop dépendre de ce marché. On pense voir une augmentation de 7-8% de touristes américains en 2017, sans oublier le fait que plusieurs Québécois feront également le choix de rester ici et (re)découvrir leur belle province, en raison du taux de change défavorable en ce moment avec le dollar canadien à la baisse. On parle d’une augmentation de 6-7% dans ce cas-ci.
C’est pourquoi on est également contents de voir l’augmentation de 10% dans l’inventaire des vols vers l’Europe, ça attire un voyageur international qui vient de plus loin et qui, de ce fait, reste plus longtemps au Québec et au Canada lors de son séjour, bénéficiant non seulement à Montréal mais également à Québec et les régions. Il s’agit d’un client qui dépense plus, donc.
On veut aussi mettre des efforts sur un marché qu’on oublie parfois, mais qui est extrêmement porteur : Toronto. Il y a là un bassin énorme non seulement de voyageurs, mais également de néo-Canadiens qui n’ont jamais visité le Québec et qu’on peut attirer pour un court séjour ou plusieurs jours à destination. »
FG – C’est vrai que le marché intra-Canada a tout un potentiel qu’on n’exploite pas à sa pleine mesure. Qu’en est-il de la Chine? C’est le LE prochain marché à défricher…
YL – « La Chine pose tout un défi stratégique. On a longtemps été sans aucune liaison aérienne directe, alors maintenant que c’est le cas… il faut s’assurer que les vols soient remplis. On a présentement un lien direct avec les deux grandes villes, Shanghai et Beijing. Si les choses vont bien, on pourra ensuite espérer des développements avec des villes additionnelles comme Guangzhou, ou même d’autres destinations comme le Japon ou la Corée du Sud. Ou encore Beyrouth, et le Moyen-Orient.
On y croit au marché chinois, où l’on investit d’ailleurs plus d’un million de dollars sur une période de trois ans en actions promotionnelles stratégiques.
Pour nous, il y a un certain rattrapage à faire vis-à-vis de Toronto et Vancouver sur ces marchés-là, et on pousse en ce sens. Mais on en gagne aussi beaucoup sur l’Europe, sans oublier les vols directs qui augmentent sur les États-Unis, par exemple avec des vols additionnels sur Washington ou Boston. On voit d’ailleurs un retour actif de Westjet sur ce marché, sans oublier Air Canada qui ajoute plusieurs destinations et bien sûr, Transat sur l’Europe. »
Dans le prochain article, il sera question des répercussions du 375e mais aussi de campagnes promotionnelles et de tourisme d’affaires. À lire en exclusivité sur TourismExpress !
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