Entrevue avec Alupa Clarke, nouveau directeur général de l’Association hôtelière de la région de Québec (AHRQ), par Marie-Josée Blanchet

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Alupa Clarke, homme de défis et de convictions provenant de l’arène politique, a accepté bien humblement, en février dernier, de relever ce défi. Après plus de 6 mois en poste, découvrons ce nouvel acteur de l’industrie et le bilan qu’il en trace.

Crédit photo: Frédéric Lavoie, photographe événementiel

Qui est Alupa Clarke ?

À première vue, Alupa Clarke n’avait pas un profil qui le prédestinait à prendre la tête de l’AHRQ. Il n’avait pas été hôtelier, n’avait pas dirigé un attrait, ne provenait pas de l’industrie touristique… il venait de passer 7 années en politique active à Ottawa, après 5 années dans les forces armées canadiennes. Toutefois, son amour de Québec, sa passion pour relever des défis et ses aptitudes pour défendre des dossiers importants pour la région de Québec l’ont convaincu de postuler pour l’emploi et de joindre le monde de l’hôtellerie! Il fallait du courage, quand on sait comment cette industrie a souffert avec la pandémie et tous les défis de main-d’œuvre qui continuent de la challenger.

« Nouveau défi pour moi après 7 années de politique active… Ç’a été rock’n’roll ! Je devais apprendre tous les secteurs. On arrivait à une période charnière, la planification stratégique venait d’être déposée, le sommet hôtelier en avril (était planifié) et également la préparation de l’assemblée générale. »

La connaissance des médias et des communications publiques, l’importance d’aller à la rencontre des gens et la représentation auprès des gouvernements et des partenaires ne lui font pas peur, car ce qui pourrait être stressant pour certain, est un plaisir pour lui! Avoir des journées qui ne se ressemblent jamais et qui demandent beaucoup d’autonomie le stimule au plus haut point.

Ses premiers constats

Très conscient des attentes élevées de ses membres, de son conseil d’administration et des partenaires de l’industrie envers l’AHRQ, il accueille le tout avec grand respect.

« Je suis très impressionné de leur dévouement, de leur résilience. Les hôteliers sont importants dans l’industrie touristique. Par exemple, ils peuvent jouer un rôle de catalyseur entre les attraits des différentes régions.»

L’AHRQ est un acteur important de la région. La diversité d’établissements d’hébergement qu’elle regroupe (des membres provenant de tous les horizons: hôtels bannières, hôtels privés, auberges de villégiature, motels, pourvoirie, etc.) et sa présence sur plusieurs conseils d’administration d’importance (Destination Québec affaires, Destination Québec cité, Carnaval de Québec, etc.) lui ont fait mieux comprendre toute l’influence que joue l’association et l’importance du secteur dans la région.

« Découvrir Québec sous un nouvel angle, j’en suis juste plus fier! »

Photo: Hôtel Le Bonne Entente

L’hôtellerie dans la région de Québec, c’est important! En 2019, on parlait de 450 M$ de retombées économiques, 12 M de nuitées, 4,6 M touristes.

Et la bonne nouvelle, c’est que la reprise est vraiment là! Les prédictions de l’année : 75-80% de taux d’occupation, se sont matérialisées et ont pour certains été dépassées! Elle est plus rapide que ce que les études prédisaient. Le tourisme d’agrément va bien, tout comme le tourisme d’affaires. Les Américains sont de retour, l’ensemble des Canadiens et les Québécois ont choisi Québec comme destination #1 et les congrès reprennent.

Toutefois, les bonnes nouvelles n’arrivent pas à dissiper les inquiétudes des membres face à l’avenir. Pour cela, la planification stratégique est arrivée à point.

Rôle de l’AHRQ, sa nouvelle planification stratégique et sa vision d’avenir

Pour Alupa Clarke, le rôle premier de l’association est d’être le défenseur des hôteliers. Aussi, il faut être un mobilisateur et un unificateur des établissements hôteliers de Québec pour aller plus loin dans les projets communs et bien se faire entendre.

M. Clarke comprend toute l’importance de son mandat. Comme il a remarqué, les hôteliers ne sont pas des revendicateurs, ce sont surtout des gens fiers, audacieux et optimistes. Même s’ils ont souffert et qu’ils sont inquiets, ils continuent à s’investir car la passion du métier et la satisfaction de la clientèle, ça fait partie de leur ADN.

En ce sens, la planification stratégique 2022-24 (réalisée en décembre 2021) s’est nourrie des enjeux partagés par ses membres, tel que :

  • Crainte de reconfinement
  • Pénurie de main-d’œuvre
  • Délais dans le traitement des dossiers des travailleurs étrangers
  • Peu d’investissements dans la valorisation du secteur et dans la formation en hôtellerie auprès des jeunes
  • Mobilité des touristes à destination

Auxquels s’ajoutent des enjeux de positionnement, de membership (fluctuation) et de manque de financement pour l’AHRQ.

Quatre orientations stratégiques ont été déterminées pour contrer ces enjeux :

  1. Hausser sa représentation auprès des divers piliers de gouvernements et des partenaires – aller chercher le meilleur!
  2. Accroître son rayonnement – acteurs de la communauté
  3. Rehausser le financement de l’AHRQ (membership, partenariat)
  4. Revoir et renforcer l’organisation administrative

C’est donc en février dernier qu’Alupa Clarke est devenu le maître d’œuvre de ce plan. Il doit le mettre à sa main et s’assurer de se donner les moyens des ambitions du plan!

Sa vision d’avenir

Par le passé, l’association a joué un rôle important : « on a des faits d’arme qui ne sont pas nécessairement connus, qui ont des effets formidables pour l’écosystème de la région de Québec. J’aimerais bien réaliser en images l’histoire de l’AHRQ, de 1965 à 2025, 60 ans! Ça manque à nos archives. »

Aujourd’hui, l’AHRQ, c’est une équipe de deux personnes dévouées et passionnées. Les activités sont bien reprises et les thématiques se veulent cohérentes avec les besoins et les attentes des membres. Six activités phares, dont les diners conférence, sont au programme pour la prochaine année.

Pour contrer la pénurie de main-d’œuvre, soit le manque de 1500 employés pour l’industrie, il travaille déjà sur des initiatives qui s’échelonnent de 2022 à 2025.

Alupa Clarke voit grand pour la suite! Son souhait : « D’ici 2026, un bureau au centre-ville, 5 employés et un budget annuel d’un million de dollars pour servir adéquatement les intérêts (de nos membres). »

Pour réaliser sa vision d’avenir pour l’AHRQ, le nouveau DG insiste sur le fait qu’il faut « avoir une association forte qui a les moyens de ses ambitions et de son leg historique! Il faut que les membres soient présents afin de me donner la force de mieux les servir ensuite. »

Je crois que tout ceci devra se faire en équilibre avec une préoccupation de développement touristique durable et responsable. En ce sens, le colloque qui s’est tenu à Québec récemment : « Québec, ville apprenante », l’implication du maire de Québec, Bruno Marchand, et du directeur général de Destination Québec cité, Robert Mercure, pour faire de Québec une meilleure ville, généreront des occasions pour M. Clarke de faire valoir les intérêts de ses membres et de s’assurer que l’AHRQ demeure une référence incontournable de l’industrie hôtelière et touristique.

Merci Monsieur le directeur général d’avoir partagé votre passion et votre vision. Bon automne!

Marie-Josée Blanchet, MBA