La chute du prix du pétrole soulage un peu les compagnies aériennes

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Les compagnies et leurs passagers profitent-ils de la chute spectaculaire du prix du baril ? Oui, mais en partie seulement, en raison de la concurrence et de la complexité des tarifications des billets d’avion, estiment les spécialistes du secteur.

Le prix d’un voyage en avion est fixé selon une myriade d’éléments : distance du vol, classe du siège, éventuelle correspondance, plateaux repas ou encore coût d’amortissement des avions, entretien, redevances aéroportuaires, coût des équipages et bien sûr coût du kérosène, qui constitue ainsi un facteur parmi d’autres. Ce n’est donc pas parce que le prix du baril a baissé de plus de moitié en un an pour passer sous la barre symbolique des 50 dollars  que les voyages en avion coûteront deux fois moins cher. « On n’achète pas du pétrole brut mais du kérosène. Il faut donc payer le coût du raffinage », explique en outre un porte-parole d’Air France, ajoutant que le prix du kérosène baisse moins vite que celui du baril ( »10% de moins »). La dégringolade du baril devrait néanmoins alléger significativement la facture pétrolière 2015 des transporteurs aériens, même si les compagnies qui ont signé des contrats de « couverture » les mettant à l’abri d’une flambée des prix du carburant ne bénéficient pas pleinement aujourd’hui de la baisse de son prix.

C’est le cas notamment de Delta, United ou Air France - KLM. Pour ce dernier en 2015, « la facture carburant du groupe devrait être réduite de l’ordre de 600 millions d’euros par rapport à 2014 » sur un total estimé à 6,6 milliards, explique Yan Derocles, spécialiste du secteur chez Oddo Securities. Elle pourrait être allégée de 400 millions d’euros pour le britannique IAG (British Airways, Iberia) et même de 1,3 milliard d’euros pour l’allemand Lufthansa. Delta Airlines attend, elle, deux milliards de dollars (1,77 md EUR) d’économie sur le kérosène cette année.

Pour autant, toutes les compagnies ne retrouveront pas nécessairement cette marge de manoeuvre dans leur compte car dans un secteur ultraconcurrentiel, elles sont contraintes d’abaisser leurs tarifs. Selon, l’Association internationale du transport aérien (IATA), le prix moyen des billets dans le monde devrait diminuer de 5,1% cette année. En France, la principale fédération du secteur, FNAM (fédération nationale de l’aviation marchande) dénonce depuis longtemps la baisse continue des prix qui met les transporteurs sous pression. En 2014, les tarifs au départ de France (toutes compagnies confondues) vers l’international étaient en baisse de 1,1% par rapport à 2013 et de 1,6% par rapport à 2012. Avec des ratios encore plus importants pour les voyages vers l’Asie (-5,5% en 2014 par rapport à 2013, -7,3% par rapport à 2012) et l’Amérique Latine (-4,4% par rapport à 2013, -1,8% par rapport à 2012), selon des données de la Direction générale de l’aviation civile.

Une « aubaine » pour les compagnies américaines
Yan Derocles explique que la plupart des compagnies européennes répercutent déjà cette diminution dans les prix de leurs billets contrairement aux américaines. « C’est une question d’environnement compétitif et de +pricing power+ », commente-t-il. « Aux Etats-Unis, le marché a été consolidé récemment, ce qui confère aux compagnies un certain pouvoir de fixation des prix dont la plupart des majors européennes ne disposent pas ». La demande sur le réseau domestique reste également solide.

En Europe, quelques transporteurs viennent chercher des parts de marché, rajoutant des capacités et surtout une pression du consommateur pour baisser les prix. Virgin Australia, Japan Airlines ou Qatar Airways ont, elles, annoncé la réduction de la surcharge carburant et donc du prix du billet sur certaines de leurs destinations.

Source : AFP sur Les Echos

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