Train à grande fréquence de Via Rail : un excellent projet pour les années 50… 1950 bien entendu!, par JM Perron

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L’avenir de notre tourisme au Québec passe par un réseau intermodal de transports publics écologiques. Eh bien avec cette première grande annonce d’infrastructures du TGF, on est mal parti ! L’annonce du 6 juillet dernier par le gouvernement fédéral d’un projet de corridor entre Québec et Toronto pour 2030 au coût prévu « entre 6 G$ et 12 G$ » comporte de bonnes nouvelles : enfin un rail dédié au transport de passagers (!!!) et il sera à 90% électrique. Mais il y a une odeur certaine de politique dans cette annonce, car où se situe la logique?

Source : Radio-Canada/Google Earth

Il s’agit d’un projet sociétal majeur qui comporte de graves lacunes :

  1. On ne gagnera que de 25 à 30 minutes sur le trajet Québec-Montréal, nos deux grands pôles touristiques qui se fait actuellement en 3h24 minutes et uniquement de 40 à 60 minutes de réduction sur le 5h30 actuel entre Montréal et Toronto. Ce n’est pas ça rendre plus accessible une destination ! Bref, ce train ne remplacera malheureusement pas l’avion qui restera encore longtemps très polluant malgré les premières avancées en nouveaux carburants. Ni le transport privé par automobile, même électrique, qui engendrera encore des coûts élevés de congestion et d’entretien routier. Alors tout ça pour ça ? Dire qu’un TGV tout électrique joindrait Québec-Montréal en 50 minutes…
  2. Incroyable de penser tout de même que 10% du trajet en 2030 se fasse avec des locomotives diesel en milieu urbain, car ces voies appartenant à des opérateurs privés, ne pourront fournir l’infrastructure électrique requise selon le projet !
  3. Si on se fie aux promesses d’il y a 40 ans de compléter la route #138 jusqu’à Blanc-Sablon, on peut s’attendre à des délais majeurs de construction et à un coût bien plus élevé que 12 G$... Les politiciens d’aujourd’hui ne seront alors plus là pour s’expliquer.

Je rejoins tout à fait les propos de Michel Archambault dans son texte d’opinion publié dans Le Devoir  qui parle d’une « erreur historique »

Pour l’avenir de notre tourisme, de la planète et de notre qualité de vie, nos grands projets d’infrastructures doivent avoir une réelle vision. Justifier ne pas choisir le TGV pour une question de coûts et de temps de construction n’est pas crédible dans le contexte. C’est bien mal parti pour une transition durable qui nous ferait gagner des points dans notre positionnement touristique international.

Jean-Michel Perron
Bénévole à Tourisme durable Québec
Conseiller chez PAR Conseils 
Blogueur sur Tourte Voyageuse