Tourisme à Montréal : rebond garanti!, par Jean-Michel Perron

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On est loin du Montréal «épicentre de la crise sanitaire au Canada » du printemps dernier. Dans cette pandémie qui accélère même la notion du temps, Montréal est déjà ailleurs; déterminée à réussir sa relance. Et heureusement pour tout le Québec!

Forum hybride au Palais des Congrès, le vendredi 27 novembre 2020

Vendredi dernier se tenait le Forum Stratégique sur le Tourisme de Montréal, un événement hybride (virtuel et présentiel) organisé par la Chambre de commerce et Tourisme Montréal au Palais des Congrès, qui a attiré plus de 600 participants de l’industrie touristique. Tourisme Montréal y a présenté son plan de relance (voir plan ICI) en 16 actions précises qui vont évidemment de la priorité à supporter les PME pour passer à travers la crise actuelle, jusqu’à vouloir être une des premières destinations d’Amérique du Nord à « rouvrir ».

À ce propos, l’arrivée des vaccins aux États-Unis dès cet hiver, permettant le retour possible des Américains au printemps 2021 au Québec, le projet-pilote actuel de quarantaine limitée (2 jours) à l’aéroport de Calgary et l’arrivée de tests rapides rendent optimiste Yves Lalumière, le p.-d. g. de Tourisme Montréal car, en plus, « contrairement à d’autres organisations touristiques nord-américaines, nous avons une solidité financière » pour réussir la relance. Cette foi au rebond rapide s’appuie sur les facteurs suivants :

  • Accumulation de l’épargne de nombreux touristes potentiels (les équipements de jardins achetés et les rénovations mineures sont faites!);
  • Accumulation des points bonis permettant l’acquisition gratuite de billets d’avion;
  • Accumulation des vacances;
  • Rattrapage des visites de patents et d’amis;
  • Voyageurs veulent sortir de leur résidence;
  • Augmentation de l’inventaire des sièges aériens avec prix des sièges raisonnables.

Yves Lalumière, PDG de Tourisme Montréal

Pour réussir ce rebond, Montréal mise sur le soutien aux entreprises, la protection des ressources humaines, les événements d’affaires, une image de marque renouvelée autour du « bien-être urbain », alors que les touristes sont des « Montréalais éphémères » et des campagnes promotionnelles « coup de poing » au printemps 2021 sur les États-Unis, l’Asie et l’Europe par la création de bulles par marché. Évidemment, les marchés québécois et canadien, en agrément, demeurent prioritaires à court terme – tel qu’un sondage in situ des participants l’a rappelé - mais encore faut-il faciliter l’accès routier à l’île et redémarrer « la vie » du centre-ville. De plus, « n’oublions pas que Montréal demeure la ville la plus sécuritaire d’Amérique… », rappelle avec justesse Yves Lalumière.

Mais auparavant,comme l’ont rappelé Michel Leblanc de la Chambre de commerce du Montréal Métropolitain, et surtout Raymond Bachand, le président de la Conférence économique de l’industrie québécoise, « …comment survivre actuellement avec 15% de notre chiffre d’affaires alors qu’on estime en moyenne que nos coûts fixes représentent 25% de notre chiffre d’affaires? ». M. Bachand indiquait que même les annonces récentes de soutiens financiers de la part de Québec et d’Ottawa sont insuffisantes pour les plus grandes entreprises touristiques et « on a besoin de ces leaders pour la relance… ». « Avec 2 MM$ de retombées, les gouvernements doivent mettre des millions de dollars de plus… », ajoute-t-il. Eve Paré, de l’Association des Hôteliers du Grand Montréal, en rajoute : « …on n’est pas encore dans la relance, on est dans la résilience…. les taxes foncières à Montréal sont les plus élevées au Canada et le prochain paiement est le 1er mars 2021… »

Comme partout dans le Québec urbain, l’enjeu est ici d’éviter la déstructuration du secteur touristique par la perte, entre autres, de travailleurs compétents, ce qui rendrait inutile une relance marketing efficace si la structure touristique (hébergement, restauration, transport) ne suffit plus.

Des intervenants tels que Jacques-André Dupont et Paul Arsenault ont souligné la nécessité pour Montréal de prioriser le support « aux champions du tourisme », ces catalyseurs qui ont le potentiel de faire rayonner la destination.

Ce qui se dégage de cette journée d’échanges, c’est l’unanimité à miser sur le tourisme d’affaires, dont les congrès, l’événementiel et le centre-ville.

Liza Frulla, DG de l’ITHQ, mettait en garde le secteur touristique contre le nouveau programme PARAF du ministère du Travail permettant, à raison de 500$/sem. aux « chômeurs touristiques » de se requalifier dans d’autres secteurs. À ses côtés, Marie Pier Germain de Germain Hôtels.

Ce forum fait par lui-même la preuve de l’avenir des événements hybrides pour les destinations touristiques. D’ailleurs, le Palais des congrès offre déjà 4 studios et proposera sous peu une salle immersive de 18 000 pieds carrés à cet effet.

La diversité des points de vue présents a fait de cet événement un modèle inspirant de rencontres sans que « la langue de bois » des intervenants soit la norme. Les Assises annuelles du tourisme québécois devraient s’en inspirer.

Au final, pourquoi Montréal va rebondir fort en 2021? Grâce au leadership tranquille, mais stratégique, d’Yves Lalumière, à l’innovation dans l’ADN montréalais et à l’attachement profond d’intervenants publics et privés de la métropole à leur communauté; démontré vendredi d’une manière éloquente!

Seul bémol de la journée et du plan : l’enjeu des changements climatiques et du développement durable peu discuté, hormis la mention du PDG du Palais des congrès d’être déjà une infrastructure carbone neutre grâce à l’achat local de crédits carbone et l’intention de YUL d’aller dans cette direction. Tourisme Montréal, quant à elle, s’appuie essentiellement sur une participation éventuelle dans le Global Destination Sustainability Index.

Pour terminer, notons la justesse, la pertinence et la franchise des propos de Michel Leblanc de la Chambre de commerce, l’animateur principal de ce Forum. Inspirant!

Des projets entendus vendredi (et attendus) :

  • Le lien rapide REM avec YUL
  • Agrandissement du Palais des congrès
  • Vieux-Port et autres infrastructures relevant du gouvernement fédéral
  • Le retour du baseball professionnel
  • Royalmount

Des chiffres entendus vendredi sur Montréal :

  • 2022 : année de retour des festivals en présentiel
  • 2/3 des revenus de Tourisme Montréal proviennent de la taxe sur l’hébergement
  • 80% du parc hôtelier montréalais est de propriété québécoise et 80% de leurs clients proviennent du hors-Québec
  • 500 M$ en perte de revenus en 2020 (aéroport YUL)
  • Pré-COVID : 11 millions de touristes/an (2e derrière Toronto), dont 1 million passent par le Palais des congrès
  • 4,6 MM$ en dépenses touristiques, soit la moitié du Québec
  • 2 M$ de la Ville bientôt annoncés pour la promotion touristique, en plus du support d’urgence reçu récemment de 12 M$ de Québec

Jean-Michel Perron
TourismExpress