Redonner du sens et de la valeur au tourisme

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Où l’on s’intéresse aux signes du sens du tourisme et à la valeur que ce dernier a et pourrait avoir. Autant nous devons tout mettre en oeuvre pour sauver l’habitabilité de notre planète et simultanément sauver la démocratie de plus en plus griffée, autant il est de notre obligation de mieux conjuguer la liberté d’aller et venir pour se retrouver soi-même avec une maîtrise consumériste. Lors des premières semaines du covid nous étions nombreux à formuler des essais verbaux sur le tourisme d’après. J’étais très hésitant à en parler étant dans l’incapacité complète de dessiner le moindre mauvais croquis. Aujourd’hui les perspectives me paraissent un peu plus claires, c’est l’objet de cet article qui aura certainement des suites que je vous livrerai dans les prochains mois.

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Il en est du tourisme comme de tous les grands sujets qui dépassent la seule volonté organisatrice : ils évoluent, ils sont critiqués, mais ils se réinventent dans des formes inattendues. Nous sommes dans l’un de ces moments charnières. Il est aujourd’hui devenu assez commun en France de critiquer le tourisme. Ses impacts seraient négatifs voire dégradants pour les communautés réceptives. Dans certains cas oui, dans d’autres non. On voudrait parfois le voir remplacé par des aménagements, équipements et services jugés plus utiles aux sociétés locales. Ici par exemple des emplois pérennes et bien rémunérés. On suppose donc que des entreprises également émettrices d’impacts négatifs seraient plus utiles à tel endroit. Là par des logements tant il devient difficile de se loger dans certaines zones. Ce n’est pas tant le tourisme qui est à montrer du doigt : la fréquentation touristique n’est que le reflet de la capacité d’accueil et pour ce qui concerne les grands hébergements marchands, campings et hôtels, leurs capacités ont peu augmenté et cela depuis longtemps (1,3 million de lits en hôtellerie et 2,75 millions pour l’HPA en 2017, pour… 1,23 million pour l’hôtellerie et 2,72 pour l’HPA en 2011) mais plutôt les forces immobilières à l’oeuvre :

  • Des résidences secondaires en plus grand nombre par le fait de locaux qui vendent leurs biens à des citadins quittant les villes,
  • Des programmes immobiliers au prix du m2 impossible à tenir pour des salariés,
  • Les crises successives (subprimes, covid et possiblement celle en cours ou à venir) ont débouché sur des recherches de valeurs refuges et l’immobilier est plus bien plus rassurant que l’investissement entrepreneurial dans l’industrie ou le tourisme par exemple. Créer un hôtel ou à plus forte raison un camping aujourd’hui tient de l’exploit (1 à 2 nouveaux campings par an dans toute la France !).

Les difficultés de la circulation sont aussi pointées. Mais depuis plus de dix à quinze ans on a tout fait pour créer des métropoles concentrées au détriment du soutien à la ruralité (effet gilets jaunes). On contribue à repousser les familles des classes moyennes vers la périphérie par une inflation des prix de l’immobilier, par des contraintes de circulation (insuffisance des transports en commun, cherté du ferroviaire).

Simultanément, les surpressions touristiques de quelques agglomérations (Barcelone, Venise, Amsterdam, Bruges…) donnent l’impression qu’il y a excès touristique en tout lieu et des actions de réduction de l’activité sont impulsées. De même que les effets dégradants du tourisme sont malheureusement bien visibles dans certaines îles comme aux Maldives, notamment avec l’île poubelle de Thilafushi. L’organisation touristique territoriale enregistre des soubresauts bipolaires dans certaines destinations (heureusement d’autres font oeuvre d’intelligence collective et de cohérence) : faites-ci, faites-ça en matière de promotion, demandent (exigent) des actionnaires d’une destination, la masse pour satisfaire les commerçants électeurs locaux et dans le même temps, les gestes en vue de réduire l’activité se multiplient. Il est en effet plus facile de montrer que l’on s’active pour une croissance commerciale dont le tourisme serait un moteur, tout en dénonçant ce dernier qui n’attire pas d’électeurs et flatte les esprits chagrins.

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Source: etourisme.info