Quelles sont les tendances et politiques du tourisme en matière de développement durable dans les pays de l’OCDE? (partie 4 de 4), par Louis Rome
L’OCDE publie aux deux ans les « Tendances et politiques du tourisme » de 38 pays membres, incluant le Canada et une douzaine d’économies partenaires. À chacune des éditions de l’enquête, TourismExpress vous revient avec les faits saillants de celle-ci. Voici quelques tendances en matière de développement durable au sein des pays de l’OCDE.
Les pays de l’OCDE font face à une pression croissante pour réconcilier le développement du tourisme et la nécessité de préserver l’environnement. La dernière enquête de l’OCDE met en lumière les différentes approches en tourisme durable adoptées par ses membres.
Selon l’OCDE, « Le contexte actuel met en exergue une dynamique en faveur d’un tourisme durable, où l’urgence de repenser le modèle de développement touristique se conjugue avec la volonté de préparer le secteur aux chocs futurs. Pour atteindre cet objectif, il est indispensable que les responsables de l’action publique adoptent des approches transversales permettant de répondre à des enjeux multiples. »
Renforcer le rôle du tourisme dans l’action climatique
« Le tourisme est très vulnérable aux multiples effets du climat, qui souvent s’accumulent, comme en témoignent ces dernières années les feux de forêt, et les événements météorologiques de tous acabits. »
Le tourisme est donc à la fois acteur et victime de la crise climatique. C’est ainsi que les pays de l’OCDE intègrent désormais des objectifs environnementaux dans leurs politiques touristiques.
Plusieurs pays ont d’ailleurs élaboré des feuilles de route et des plans d’action propres au tourisme qui définissent comment le secteur peut intensifier ses efforts pour atteindre les objectifs de neutralité carbone.
Depuis 2020, on constate au Québec une plus grande mobilisation des acteurs de l'industrie. À preuve, Sandra Gauthier, présidente de Tourisme durable Québec, souligne que l’organisation, née d’un mouvement citoyen, compte aujourd’hui plus de 200 membres « volontaires » à sa quatrième année d’existence seulement. Bon nombre de ces membres bonifient sans cesse leurs pratiques exemplaires en matière de tourisme durable. Les institutions ne sont pas en reste, les AT réalisent des plans d'action et offrent des formations, tandis que le MTO intègre des notions de durabilité dans les programmes de financement.
Selon l’OCDE « Les pays ont aussi pris des initiatives pour aider les entreprises du tourisme, en particulier les PME, à s’adapter au changement climatique alors que l’OCDE insiste sur le rôle des PME du tourisme dans cette transition verte. »
Par exemple, en Allemagne, le Centre d’excellence pour la transition verte du tourisme, « vise à accompagner le secteur du tourisme sur la voie de la neutralité climatique et de la transformation durable en diffusant des connaissances sur les innovations respectueuses du climat. »
« L’une des priorités que nous devrions nous donner au Québec sera de réaliser un portrait exhaustif de nos émissions, pour notre industrie, nos régions et nos entreprises. Pour déterminer des objectifs clairs de réduction des GES, il est impératif de connaitre l’état de situation actuel », soutien Sandra Gauthier.
Équilibrer les flux touristiques grâce à des transports et des infrastructures durables
« Le développement durable du tourisme s’accompagne de l’optimisation des flux touristiques. La gestion des flux devient essentielle pour limiter la saturation de certaines destinations et garantir une répartition équitable des avantages du tourisme. »
La France a lancé, en 2023, une Stratégie nationale pour gérer les flux touristiques, qui prévoit la création d’un Observatoire national des sites touristiques majeurs. L’Observatoire mesurera la façon dont les flux touristiques sont perçus par la population locale.
Optimiser la valeur socioéconomique du tourisme pour les collectivités locales
« Créer des destinations agréables à vivre et s’assurer que la population locale tire profit du tourisme sont devenues des priorités pour de nombreuses destinations. »
Plusieurs pays, dont le Chili, l’Irlande et les Pays-Bas, ont élaboré des feuilles de route et des plans d’action spécifiques. Le Chili, par exemple, a mis en place, en 2020, un Plan d’adaptation au changement climatique dans le secteur du tourisme, fruit d’une concertation interministérielle.
En 2021, Bordeaux Tourisme et Congrès a « co-construit un programme de tourisme durable grâce à la participation des citoyens, des élus, des professionnels, des institutions et d’associations. Des 800 idées initiales, le plan final 2022-2026 a retenu 32 actions clés en matière de tourisme durable. »
« Enfin, optimiser la valeur socioéconomique du tourisme pour les collectivités locales apparaît comme une priorité stratégique. En mettant en place des politiques qui créent des destinations agréables à vivre et en assurant une meilleure répartition des retombées économiques, les pays de l’OCDE s’efforcent à bâtir un secteur touristique durable. »
« L’entrepreneuriat collectif peut d’ailleurs s’avérer un choix responsable et facilitant pour développer le tourisme, notamment dans nos petites communautés. Mettre à profit les citoyens, partager les expertises, les idées, les responsabilités et les risques ont permis de faire lever des projets innovants, qui autrement n’auraient pas vu le jour. À titre d’exemple : le Village en chanson de Petite-Vallée en Gaspésie et l’Écomusée du fier monde à Montréal fonctionnent selon ce mode coopératif », conclut Sandra Gauthier.
Louis Rome, collaborateur TourismExpress
Source : Tendances et politiques du tourisme de l’OCDE 2024 (22 octobre 2024).
Cette publication de l’OCDE constitue une référence mondiale et une base de comparaison internationale. Il ne faut toutefois pas négliger que depuis la rédaction du rapport de l’OCDE et sa publication, le contexte mondial a évolué. Pensons aux élections américaines et au développement à la vitesse grand V de l'intelligence artificielle pour ne citer que ces deux exemples.
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