Quelles sont les priorités touristiques des gouvernements de 50 pays selon l’OCDE?, par Louis Rome

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Aux deux ans, l’OCDE produit une enquête sur les principales réformes politiques et de gouvernance des 50 pays membres et partenaires de l'OCDE qui représentent environ les deux tiers des recettes mondiales des voyages. L’enquête sur les Tendances et politiques du tourisme de l'OCDE 2022 a un caractère tout particulier cette année à cause des impacts de la pandémie sur notre industrie.

Bien que tout n’est pas parfait, plusieurs constats s’imposent. Par exemple, le Canada a bien tiré son épingle du jeu avec ses actions mises en place pour supporter directement et indirectement notre industrie.

« Le gouvernement du Canada s'est engagé à ce que l'industrie canadienne du tourisme continue de croître et de prospérer, non seulement dans un an, mais pour les décennies à venir. C'est pourquoi nous avons investi 158 millions de dollars dans le budget 2023 pour les partenaires Canadiens et autochtones afin de faire progresser cet objectif. » – le ministre du Tourisme et ministre associé des Finances, Randy Boissonnault

Et si on transpose les résultats et les recommandations de l’enquête à un niveau infranational, par exemple au niveau d’une province, en occurrence le Québec, là aussi la stratégie préconisée par le gouvernement Legault et le MTO nous permet d’affirmer que le Québec a fait ses devoirs.  

« Nous avons investi massivement, soit, 1,7G$, au cours de la pandémie, ça ne s'était jamais vu. Nous avions des objectifs très clairs : maintenir l’offre touristique en place et stimuler la demande malgré le contexte. En rétrospective, nos actions ont permis d’éviter la déstructuration de l’offre et surtout, nous avons pu faire la démonstration que les mesures adoptées durant cette période inédite ont permis l’accueil de touristes au moment opportun et ont profité au secteur touristique. » – la ministre du Tourisme, Caroline Proulx.

L’enquête se conclut avec trois messages à l’intention des décideurs publics

1. Le renforcement de la résilience de l’écosystème du tourisme

Quatre axes d’interventions sont suggérés :

1. Encourager la collaboration entre tous les acteurs touristiques, le mix public/privé/associatif. Par exemple, pour le Québec, les ATR, ATS et l’AITQ sont trois outils qui favorisent cette collaboration, cette concertation. Selon l’OCDE, une collaboration étroite entre les pouvoirs publics et le secteur privé permet de riposter plus rapidement et de manière plus ciblée à une crise, en réduisant ses répercussions et en augmentant l’efficacité des actions conduites et des mesures de relance.

2. Pour celle-là j’ai fait un copier-coller « Soutenir les destinations durables et variées à l’aide de plans de gestion des destinations souples, conçus sur mesure et dotées de ressources suffisantes, de dispositifs de suivis efficaces et de la participation des acteurs concernés ». Il est aussi souligné l’importance d’une répartition tant géographique que saisonnière des visiteurs via une offre de produits touristiques unique et variée.  Rien à ajouter sauf mes soulignés dans le texte.

3. Améliorer l’accès au financement pour les PME.

4. Le 4e axe aborde un angle de la résilience qui est trop souvent négligé. Il s’agit de produire des données robustes et comparables afin de mettre en place des outils de mesures et d’observations sur la capacité de résilience de notre industrie afin d’être mieux outillé pour faire face à de futures crises.

2. Promouvoir des politiques globales, agiles, tournées vers l’avenir, propre à bâtir un avenir meilleur pour le tourisme.

Après les impacts de la pandémie et malgré une reprise dans l’industrie, il y a de nouveaux enjeux que doivent affronter les entreprises comme la hausse des coûts de l’énergie, des produits alimentaires, ainsi que la pénurie de main-d’œuvre et le niveau de compétence. À cela s’ajoute la nécessité du virage numérique et de l’innovation.

Pour y arriver, il est suggéré de rendre permanentes certaines mesures mises temporairement en place dans différents pays pour renforcer la gouvernance du tourisme afin de réagir et de soutenir la reprise. Par exemple, via une transformation de la gouvernance de l’industrie pour une meilleure collaboration entre le secteur privé et le public.

Toujours en transposant les résultats de l’enquête à un niveau infranational, il est motivant de constater que ce qui est devenu permanent que récemment dans le modèle de gouvernance de plusieurs pays, en faisant une large place à la concertation et au mix entreprises privées et OBNL, l’est parfois depuis des décennies au Québec. Pensons aux ATR, aux ATS, et à l’Alliance de l’industrie touristique du Québec (2016). Et nous pouvons en rajouter une couche avec notre modèle de partenariat industrie-gouvernement.

Enfin, l’enquête souligne l’importance des tables interministérielles pour améliorer la collaboration et l’efficience des actions entre les nombreux ministères qui touchent directement ou indirectement au tourisme. Pandémie oblige, la situation s’est grandement améliorée dans de nombreux pays, incluant le Canada, mais aussi le Québec.

3. Promouvoir une reprise verte du tourisme

Ici aussi 4 axes d’interventions sont suggérés :

1. L’élaboration de stratégies de développement dans une vision du tourisme durable tout en s’assurant d’une coordination en fonction du palier de gouvernance.

L’enquête rapporte l’importance d’améliorer les liens entre les différents paliers de gouvernance, alors que le palier le plus proche des entreprises et des réalités terrain est considéré comme étant le plus propice (principe de subsidiarité) pour permettre d’atteindre les objectifs de la destination dans cette matière.

2. La mise en place de mesures vertes tout au long de la chaîne de valeur touristique afin de mieux faire connaître et encourager les pratiques vertes à toutes les étapes de développement des expériences touristiques tout en incluant les principes de l’économie circulaire.

« Les voyageurs nationaux et internationaux s'intéressent de plus en plus au tourisme durable, et le Canada est bien placé pour y répondre. L'abondance de la beauté naturelle et la diversité des activités de plein air sont une marque de commerce canadienne et continuent d'attirer des gens du monde entier. » – le ministre du Tourisme et ministre associé des Finances, Randy Boissonnault

3. Élaborer des solutions innovantes pour des voyages durables en encourageant les entreprises à réduire leur impact sur l’environnement.

4. Que les pouvoirs publics fassent la promotion de la transition verte et mettent en place des programmes qui contribueront au développement d’un tourisme résilient.

« Nous avons saisi l’occasion pour accélérer le virage écologique de notre industrie avec la mise en œuvre d’un Plan d’action pour un tourisme responsable et durable (2020-2025) doté d’un investissement de plus de 30 M$. »  – la ministre du Tourisme, Caroline Proulx.

Une enquête à lire

L’enquête de l’OCDE est riche en exemples de modèles de gouvernance et de gestion d’une destination qui mérite une lecture attentive. Il y a de quoi nous inspirer et aussi de constater que bien que tout n’est pas parfait, le Canada et le Québec ont fait leurs devoirs.

Sources :