Prévisions touristiques pessimistes pour 2015

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Éric FournierLes Québécois connaissent un recul de leur pouvoir d'achat… Une première depuis 17 ans. Cette situation, qui nous ramène au niveau des années 1996, devrait se traduire indéniablement par une consommation touristique moins importante en 2015.

Nul besoin nécessaire de se rappeler que le nombre de nuitées générées dans nos 78 000 chambres a décru au cours de 14 des 22 derniers mois et que près de 5000 chambres ont disparu au Québec au cours des dernières années, soit l'équivalent de la fermeture des parcs hôteliers des régions de Lanaudière et de la Mauricie.

DANS LES FAITS
Dans les faits, un ménage québécois dispose en moyenne d'environ 75 000 $ pour boucler son budget. Les impôts personnels (19 000 $), le logement (16 000 $), le transport (11 000 $), l'alimentation (8 000 $), ainsi que les assurances et cotisations diverses (4 000 $) sont dans l'ordre les cinq principaux postes de dépenses.

Le poste loisirs, qui inclut la fonction voyages et escapades, arrive au 6e rang avec moins de 3 000 $.


DES HAUSSES IMPORTANTES
La hausse des frais de garderie, des taxes municipales, des tarifs d'Hydro Québec, du panier d'épicerie (plus de 10 % en 2 ans) et d'une multitude de services publics et privés sont bien au de la de la hausse moyenne de 1 % du revenu disponible au Québec (-0,3 % à Montréal) prévue pour 2015.

Il est donc plausible de penser que le ménage québécois moyen devra absorber au cours des prochains mois des coûts dépassant les 3 000 $ et qu'il pourra difficilement compresser ses cinq premiers postes de dépenses.

Qui plus est, le poste loisirs inclut également des activités comme le cinéma et la musique, les spectacles, la pratique d'activités sportives et culturelles, le jardinage, le home staging et bien d'autres activités récréatives qui font compétition à l'industrie touristique quand vient le temps pour le ménage québécois moyen, de mesurer ses dispositions financières.

RECENTRONS NOS PRIORITÉS ET METTONS LE CAP SUR L'ACTION
Bien au-delà des orientations du PDIT, de la réflexion en cours sur le modèle d'affaire de l'industrie ou des campagnes de promotion des ATR, un fait demeure: notre clientèle principale s'appauvrit et a de moins en moins d'argent pour consommer nos prestations touristiques.

Nul besoin de se rappeler que près de 80 % du tourisme au Québec provient des clientèles intra Québec et que cette proportion dépasse les 90 % si on exclut les régions de Montréal et Québec.

TOURISME D'AFFAIRES
Il est aussi prévisible de penser que la même situation se produira au niveau du tourisme d'affaires ou les services gouvernementaux et les entreprises seront invités à revoir leurs dépenses et leurs façons de faire.

Ce contexte économique difficile aura probablement un impact significatif sur les déplacements d'affaires et sur le nombre d'évènements générés par ce secteur essentiel de notre industrie.

Une gestion dynamique et efficace de la Destination Québec demande une vision plus large qu'une simple préoccupation de nos habitudes comme organisation.

Une promotion touristique adéquate et un développement de l'offre coordonné sont essentiels pour une destination, mais toujours faut-il avoir des clients qui ont le moyen de consommer nos prestations. Et là, entre en scène des politiques gouvernementales qui pourraient et devraient favoriser la consommation touristique (ex: crédit d'impôts à la consommation touristique, chèques vacances, etc.)

Un point positif, le coût de l'essence à la baisse… mais pour combien de temps ?


Éric Fournier
Collaboration spéciale