Peut-on rêver aux grands festivals ?
Après une saison en enfer pour les festivals musicaux du Québec, l’été 2021 s’annonce encore « extrêmement difficile ». Les programmateurs tentent tant bien que mal d’attirer les artistes internationaux hyper sollicités, sans aucune garantie sur la forme ou la tenue des concerts.
« Aucune idée. » C’est la première réponse, aussi courte que sincère, de Laurent Saulnier lorsqu’on lui demande de quoi seront faits les Francos et le Festival international de jazz de Montréal (FIJM) l’été prochain.
« Savoir ce qui va se passer au mois de juin, ça ressemble un peu à de la science-fiction », lance le vice-président principal, programmation, événements culturels et festivals, de l’Équipe Spectra. « Je n’ai que des questions, je n’ai aucune réponse. »
Ce désarroi se fait l’écho de la majorité des événements d’envergure internationale qui réchauffent la belle saison. En temps normal, à ce moment-ci de l’année, la plupart des festivals estivaux ont signé avec des têtes d’affiche du monde entier et sont sur le point de publier leur programmation. Ces temps de COVID-19, embrouillés par une campagne de vaccination au ralenti, sont bien sûr anormaux. Comment donc attirer des artistes d’ailleurs sans rien pouvoir prédire de l’« ici » ?
« On ne prévoit pas de Francos ou de Festival de jazz avec des artistes internationaux pour le moment, admet M. Saulnier. On a de la difficulté à imaginer comment on va pouvoir mettre ensemble 2000 personnes en sueur qui vont chanter, danser et boire de la bière. »
Ce sont ces milliers de spectateurs en sueur qui permettent à bien des festivals de payer les cachets et les frais de voyage des artistes étrangers. Sans le proverbial « présentiel », les plans d’affaires resteront… des plans, avertit Louis Bellavance, directeur de la programmation du Festival d’été de Québec (FEQ).
Parmi les écueils : les vedettes qui se produisent dans les festivals bénéficient de cachets garantis. Impossible, donc, de moduler leur rémunération en fonction de l’achalandage et des profits, comme c’est le cas pour les concerts en aréna.
Capacité d’accueil limitée, fermeture de certaines salles, vente d’alcool interdite : il suffira d’un coup de vent de la Santé publique pour que tous les calculs s’écroulent. « Toute la préparation budgétaire qu’on fait saute automatiquement à la moindre contrainte », observe M. Bellavance.
Source: La Presse
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