Les aléas du surtourisme
Depuis peu, un nouveau seuil d’intolérance a été franchi quant aux invasions barbares. D’ordinaire, on ne se préoccupe que peu des conséquences néfastes du tourisme, quand on le développe à grands coups de pubs, de marketing et de vidéos promotionnelles : cette industrie, la première au monde en importance, fait vivre tellement de quidams, nourrit tellement d’âmes, remplit les poches de tant de gros bonnets que, trop souvent, seul le ciel semble former une limite réelle à son expansion.
Photo: Gary Lawrence / La ville de Rovinj, en Croatie, a un peu beaucoup de Venise, les millions de touristes en moins.
En fait, le développement du tourisme est comme un navire à fort tirant d’eau : s’il lui est parfois difficile d’atteindre sa vitesse de croisière, il est toujours ardu de le freiner rapidement, tant sa force d’inertie est puissante — surtout s’il a le vent en poupe.
Ces dernières décennies, les affres du tourisme de masse ont atteint des niveaux difficilement soutenables, et ardûment réversibles par endroits : dénaturation et perte du caractère unique de certains lieux (un tourniquet payant pour admirer une oeuvre au fond d’une église, vraiment ?) ; uniformisation et nivellement culturel par le bas (des boutiques de souvenirs et trucmuches sans lien avec une destination) ; exploitation humaine, épuisement des ressources, menaces environnementales (le Machu Picchu et Angkor Wat usés à la corde à force de se faire piétiner…).
Le plus souvent, on n’en finit plus de traire la vache à lait touristique, jusqu’à ce que ses pis fendillent de dessication....
Source: Le Devoir - Gary Lawrence
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