Le tourisme culinaire : indigestion à prévoir

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Je reviens tout juste de TBEX North America, soit le Travel Blogger Exchange, un événement annuel réunissant plusieurs destinations touristiques – dans ce cas-ci principalement nord-américaines – avec des blogueurs, photographes, Instagramers et YouTubers spécialisés en voyage. L’événement se déroulait à Minneapolis, où je mettais les pieds pour la première fois.

La conférence qui clôturait l’événement était donné par une vedette du Travel Channel et Food Network, l’animateur réputé et chef Andrew Zimmern. Il fut bien sûr question de sa carrière et du storytelling basé sur les expériences culinaires et la gastronomie partout à travers le monde. Puis pour l’événement de clôture, quoi de mieux que des food trucks mettant en vedette des spécialités locales et des micro-brasseries artisanales de la région.

Si tout le monde le fait, fais le donc!

Je n’aurais jamais pensé que Minneapolis ou St-Paul, sa twin city, était réputée pour sa gastronomie. Pas sûr d’ailleurs que j’en sois plus convaincu aujourd’hui. Mais à tous le kiosques présents lors de TBEX, et lors des conversations entendues dans les corridors, on entendait cette prétention comme quoi telle ville offre les meilleurs burgers, ou tel autre province a la plus forte concentration de restaurants asiatiques. Bref, le sujet était populaire, tant au niveau de la ville hôte que des autres destinations présentes.

Le webzine américain Skift publiait d’ailleurs récemment son plus récent rapport, intitulé Food Tourism Strategies to Drive Destination Spending. On y parle justement de ce vaste potentiel pour les organismes de gestion de la destination afin d’augmenter la dépense touristique en misant sur le tourisme culinaire.

C’est de bonne guerre, car chaque ville met de l’avant sa spécificité et son positionnement unique, ou distinctif. Et ce positionnement passe parfois par une offre inégalée ou incomparable au niveau de la restauration. Mais est-ce vraiment un argument qui pèse dans le choix d’une destination? Selon le rapport de Skift, on peut résumer la réponse à « Oui, mais… ».

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Ceci étant dit, j’aime bien l’exemple de Tourism Australia qui a pris le virage dès décembre 2013, avec une plateforme de contenu axée autour des différentes expériences culinaires possibles sur l’ensemble de son pays-continent. On parle d’une approche intégrée, et non d’un axe isolé, avec des contenus texte, photos et vidéos, une web série et plus encore, déclinés sur l’ensemble des plateformes numériques et hors ligne de la destination.

Une tendance au Québec aussi

J’avais d’ailleurs la même réflexion il y a quelques semaines en discutant avec des intervenants de l’industrie ici au Québec. Même si l’offre foisonnante de restauration existe depuis belle lurette, l’événement Montréal à Table existe depuis 2013 seulement, alors que les restaurants weeks pullulent dans les grandes villes américaines depuis plus longtemps. Les food trucks sont la nouvelle saveur du mois, et on les voit même se pointer à Québec avec un premier essai fructueux il y a quelques semaines. Bref, le tourisme culinaire est un phénomène relativement récent au Québec, d’un point de vue marketing du moins, et tout le monde s’y met.

Telle ville organise sont festival du homard, alors que d’autres ont le festival du bacon, de la gibelotte ou du cochon, quand ce n’est la Poutine Week ou d’autres célébrations similaires. Sans parler de tous ces festivals de bière, de vin, produits du terroir et plus encore. La question qui se pose alors est de savoir s’il s’agit d’événements voués à animer les citoyens de l’endroit ou d’un véritable phare pour attirer une nouvelle clientèle touristique de l’extérieur? Si tel est le cas, le pouvoir d’attraction est-il au rendez-vous et les investissements marketing sont-ils suffisants et pertinents, compte tenu du mix de priorités avec les autres actions à évaluer?

Entendons-nous, le tourisme culinaire est une lame de fond qui devrait rester encore plusieurs années. On dit d’ailleurs que les livres de recette sont les best-sellers des ventes de livres au Québec depuis au moins cinq ans, et on ne cesse de voir multiples émissions de télé misant sur le concept et toutes ses déclinaisons possibles.

Du slow food au fast food en passant par le comfort food, manger est une nécessité élémentaire au quotidien mais devient un véritable catalyseur de découvertes lorsqu’on voyage, tant au Québec qu’à l’international. Je me demande néanmoins si à force de vouloir pousser le bouchon et de miser fort sur cet axe, les destinations touristiques ne se retrouvent pas à en diluer le potentiel, surtout là où l’offre de restauration n’est peut-être pas à la hauteur des attentes?

Vous en pensez quoi?

Collaboration spéciale : Frédéric Gonzalo

Nominations

NOMINATIONS SEMAINE DU 8 AVRIL 2024

  • Alliance de l’industrie touristique du Québec – Geneviève Cantin
  • Hôtel-Expérience Quartier des marinas – Daphné Duquette
  • Hôtel-Expérience Quartier des marinas – Andrée-Anne Breton

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