Le taux de change, un miroir aux alouettes?
Cap sur notre déficit de 3 M touristes.
Les dernières données qui nous permettront de conclure nos analyses de la performance touristique québécoise pour 2015 seront disponibles début mars. D'or et déjà, tous s'entendent pour dire que 2015 serait une année à peu près semblable à 2014.
L'industrie touristique québécoise aura connu une légère décroissance de sa clientèle touristique intra Québec et une légère hausse de sa clientèle d’excursionnistes.
Les marchés touristiques liés à la clientèle d’agréments auront connu un léger repli alors que les marchés affaires auront connu une légère reprise.
Une légère croissance des marchés américains
Si nous jetons un coup d'oeil de l'autre côté de la frontière, nous pouvons constater une légère croissance des entrées des touristes américains dans la belle province.
J'avais déjà traité le sujet de la légère reprise des entrées des Américains au Québec à la mi-août. Les constats 2015 nous permettent de conclure aux passages de plus de 1 M de visiteurs américains via nos quatre principaux postes frontaliers au cours de la dernière année. Il s'agit d'une progression de plus de 110 000 visiteurs (+12.5 %) sur 2014. 2015 s'inscrit ainsi comme la deuxième meilleure année de croissance des dernières années derrière 2013 qui avait connu une progression de plus de 132 000 visiteurs américains (+18 %).
*Mes données comparatives excluent les entrées maritimes ou aériennes
Est-ce suffisant?
D'un coup d'oeil dynamique ou entrepreneur, cette progression de plus de 110 000 visiteurs américains reste une croissance que l'on pourrait qualifier de timide si l'on souhaite rattraper nos pertes et nos manques à gagner des dernières années.
À ce rythme, nous aurons comblé notre déficit de 3 M de touristes américains vers 2030.
Quels sont nos marchés potentiels?
À titre informatif, les études de marché disponibles nous indiquent que plus de 18 M d'Américains seraient intéressés, à nous visiter à court terme. Notre performance et nos résultats sur les marchés américains restent donc très faibles.
Source: Rapport 2013
Si nous ramenons notre croissance 2015 à une démonstration pratique, cette dernière (110 000 Américains) se traduirait à un peu plus de 125 voitures (environ 300 personnes) qui traverseraient quotidiennement nos frontières via nos quatre principaux postes frontaliers pour nous visiter.
Taux de change: Avons-nous la bonne perception?
Je m'étonne toujours d’entendre un intervenant touristique ou un membre des médias citer le taux de change pour qualifier notre performance touristique sur les marchés des terres de l'Oncle Sam. Dans les faits, les études de marché disponibles nous indiquent que moins de 10 % des Américains qui font des voyages hors É.-U. sont sensibles à ce facteur.
Source: Rapport 2013
L'utilisation des variations du taux de change comme un facteur clé, sur les marchés américains, est donc une perception « qu'il faudrait bannir de nos analyses ». De plus, pour un Américain, le taux de change de sa monnaie est toujours concurrentiel, peu importe où ce dernier a l'intention de faire un voyage.
D'autres parts, il est vrai qu'un touriste américain qui découvre l'avantage de sa monnaie au moment de payer son addition au Québec est un élément de satisfaction indéniable. Toutefois, ce constat se réalise une fois à destination et n'est donc que très rarement considéré dans le processus de sélection de la destination. Face à ce constat, il devient encore plus criant de se concentrer sur la mise en place d'un bon plan marketing (ou des plans marketing) et d'une équipe chevronnée pour le réaliser.
Si vous souhaitez pousser un peu plus loin votre réflexion face aux marchés de nos amis plus au sud je vous conseille un de mes textes sur le sujet que vous trouverez ici.
Source: Collaboration spéciale, Éric Fournier
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