Le Concorde, suite de l'histoire
Le groupe anonyme d'investisseurs qui voulait acquérir Le Concorde a levé le voile sur son identité hier après-midi, rapporte Le Soleil. Parmi eux, un investisseur montréalais dit être un «homme brisé» par les allégations du maire qui soupçonnait le groupe d'être associé à la mafia.
Sam Darwiche a fait fortune dans l'immobilier. L'immigrant d'origine libanaise est arrivé au pays il y a 45 ans. «J'ai toujours agi de façon intègre et honnête», a-t-il dit, lors d'une allocation faite en conférence de presse. Celui qui fait des affaires avec son fils, Sam, soutient être un «homme brisé» par la déclaration du maire. «Il a terni le nom de ma famille. Je suis outré qu'on se soit permis de porter atteinte à ce que j'ai de plus profond : mon intégrité», poursuit l'homme d'affaires de confession juive qui se dit très religieux.
Père et fils font des affaires, notamment à Terre-Neuve, depuis une trentaine d'années. Leur souhait était de se joindre au groupe pour diversifier leurs investissements. Maintenant, ils y penseront deux fois avant de faire des affaires dans la capitale. «Je n'ai jamais vu ça dans ma vie, un maire qui s'immisce dans une transaction privée», lance Isaac Darwiche, aussi propriétaire d'une société d'import-export.
Jean-François Dumais, l'homme qui a rassemblé les investisseurs autour du projet, s'est encore une fois défendu d'être de près ou de loin associé à la mafia. Le juriste du groupe, Me Stéphane Harvey ne comprend toujours pas la sortie publique du maire. «N'eût été de cette résolution et de la déclaration, la transaction aurait eu lieu», a fait savoir M. Dumais. L'autre associé dans l'affaire, Michel Delisle, a travaillé à la Société de l'assurance automobile du Québec et a aussi fait des affaires dans l'immobilier. Le plus connu de tous est Jacques Robitaille, des hôtels Jaro, qui avait accepté de prêter les 13 millions de dollars nécessaires pour l'acquisition du Concorde. Il n'était toutefois pas intéressé à opérer l'établissement.
D'autre part, il est toujours possible que les membres du groupe poursuivent la Ville pour perte d'occasion d'affaires. Ils accusent le maire Régis Labeaume d'avoir fait avorter le processus d'achat du Concorde. Le mois dernier, le premier magistrat de Québec disait avoir été informé par deux sources distinctes que Tony Magi, un proche de la mafia, était impliqué dans le processus d'achat du Concorde par l'entremise d'un prête-nom. «Je n'ai aucune garantie. Je l'ai toujours dit. Je n'ai pas de garantie. C'était accessoire pour moi. Première affaire : protéger la vocation hôtelière. Et accessoirement, avec ce qu'on avait comme information, s'organiser pour ne pas qu'il y ait de mafia dans la transaction», avait avancé M. Labeaume.
Texte de Jean-François Néron du journal Le Soleil.
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