La vie et l'envie de l'emploi hôtelier en péril
Les emplois en hôtellerie-restauration, et plus globalement dans le tourisme, subissent de plein fouet le contrecoup de l’accumulation de crises conjoncturelles ou structurelles. Pendant des années, le problème majeur du secteur était de convaincre les jeunes générations de l’intérêt et du potentiel de progression des carrières de cette véritable industrie. La pénurie constante de personnel de qualité, alimentée par un turnover important avait de quoi perturber les DRH les plus inventifs.
Aujourd’hui, il est davantage question de sauver les postes et de maintenir les effectifs. Qui eut cru, il y a seulement quelques années, que les emplois de service seraient à ce point mis en péril? Mais ils ont subi la conjonction d’un retournement de cycle, précipité par une politique tarifaire excessive, avec le déferlement des entreprises collaboratives, qui attaquent directement les emplois stables, et l’aggravation des charges sociales et fiscales. De quoi inquiéter les fonds d’investissement, qui ont trouvé dans le poste «salaires» la cause principale de baisse de rentabilité de leurs investissements.
Tout est fait désormais pour réduire le rôle de l’humain dans l’hospitalité française, vu comme un mal nécessaire plus qu’une richesse indispensable. Il est vrai que le déploiement de l’économie numérique a créé une multitude de nouveaux emplois dans la commercialisation, la promotion et le marketing, qui nécessitent de moins en moins une présence sur le territoire français. Dans le meilleur des cas, les entreprises touristiques les conservent dans leur siège. Mais la tendance à l’externalisation met en danger sérieusement ces postes issus de monde digital.
Les équipes de marketing des groupes hôteliers sont menacés de disparaître progressivement au profit des call-centers de Booking et Expedia, des équipes multilingues de TripAdvisor, Trivago et autre Kayak, installées à l’étranger. Les entreprises du tourisme se délestent volontiers des fonctions support qui participent pourtant largement aux deux millions d’emplois du secteur et aux perspectives de progression.
Par ailleurs, les investisseurs regardent de près les nouveaux concepts hôteliers qui insistent fortement sur l’autonomie laissée aux clients pour s’enregistrer, se servir au restaurant, se détendre au fitness... Plus d’autonomie, c’est encore un peu moins de personnel.
Source: Hospitality ON
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