La Presse devient un organisme sans but lucratif: 6 questions pour comprendre
Le quotidien montréalais La Presse devient un organisme sans but lucratif (OSBL). Son président, Pierre-Elliott Levasseur, l'a annoncé le 8 mai. Jean-Hugues Roy, professeur de l'École des médias de l'Uqam, détaille pour Infopresse ce changement.
Un OSBL: oui, mais pourquoi?
En devenant un OSBL, c'est donc dire que Power Corporation, qui possède La Presse depuis 51 ans, ne sera plus propriétaire du média et n’aura plus aucun lien avec la structure sans but lucratif mise en place.
Quel changement pour La Presse?
«Honnêtement, j'ai l'impression que ça ne changera rien, avoue Jean-Hugues Roy. Il faudra surtout voir si les 50 millions$ avancés par Power suffiront pour faire fonctionner l'entreprise.»
Un choix qui cache un message?
En se positionnant comme un OSBL, La Presse prend aussi les devants sur l'épineuse question du financement public des médias, en envoyant la balle directement dans le camp du gouvernement fédéral, illustre Jean-Hugues Roy.
De quel type d'aide La Presse a-t-elle besoin?
Autre chose importante à considérer dans cette annonce, selon Jean-Hugues Roy: le gouvernement possède dans sa manche plusieurs façons d'intervenir auprès des médias, pas seulement à l'aide de subventions. Les demandes de La Presse pourraient donc l'inciter à passer à l'action.
Cette annonce pourrait-elle transformer le paysage médiatique québécois?
«Peut-être, si La Presse devient ainsi un peu plus "à nous", s'aventure Jean-Hugues Roy. Si ce média écarte la notion de profits et devient financé par nos impôts ou par des dons philanthropiques, peut-être que cela va changer le rapport du public envers l'information. L'on peut imaginer que les citoyens vont sentir que La Presse leur appartient davantage et leur donner envie de s'engager dans sa pérennité.»
Si Power Corporation continue de donner des fonds à La Presse, pourra-t-on vraiment parler d'indépendance?
«C'est là où il va falloir la présence d'un très bon conseil d'administration, répond Jean-Hugues Roy. Pour l'instant, Pierre-Elliott Levasseur et Guy Crevier (NDLR: respectivement président et éditeur de La Presse) restent en poste, alors le conseil devra avoir les reins solides et aura le mandat d'assurer l'indépendance de la rédaction de La Presse. Il sera impératif de connaître ceux qui donneront à La Presse, puis de promettre un maximum de transparence sur le plan financier.»
Source: Infopresse
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