L’industrie du tourisme autochtone s’organise au Québec

Tourisme Autochtone · · Commenter

Article rédigé par Nathalie Schneider dans le cadre du Parcours DD en tourisme, une initiative pilotée par l’Alliance et rendue possible grâce à la collaboration et au financement du ministère du Tourisme.

 

L’ATR : Tourisme Abitibi-Témiscamingue 

Minwashin, la culture anichinabée comme fondement du tourisme 

Tourisme Abitibi-Témiscamingue soutient et promeut trois sites emblématiques du tourisme autochtone local : le Fort Témiscamingue, lieu historique de traite des fourrures (et les créations de l’artiste anichinabé Karl Chevrier qui y figurent), les pow-wow de la région et Anisipi- À la découverte de l’eau, le parcours lumineux réalisé par Moment Factory en partenariat avec la communauté anichinabée dont les huit étapes jalonnent ce fascinant circuit dispersé en Abitibi qui met en lumière les ressources naturelles dans la région : eau, faune et flore.

L’approche de Tourisme Abitibi-Témiscamingue met l’identité, l’art et la culture au centre de l’attention pour la population locale et les visiteur.euse.s, laissant notamment à la culture autochtone la place qui lui revient. C’est dans cette optique qu’est né en 2012 Culturat, un mouvement participatif pour faire de la région un lieu d’échanges et de création, et pour célébrer la diversité des cultures et des talents. Bien plus qu’un projet de tourisme culturel, ce mouvement a rassemblé tout un réseau d’acteurs autour de projets porteurs : municipalités, écoles, conseils de bande, gens d’affaires, organismes culturels et touristiques. De cette démarche ont émergé de nombreux projets artistiques qui valorisent la culture locale. Entre autres, le Parcours citatif fusionne la littérature à la topographie de Rouyn-Noranda. Autre parcours thématique : la Forêt numérique, un circuit nocturne au cœur de la forêt Kiwanis qui convie les visiteur.euse.s à marcher à travers des dispositifs numériques sensibles et réactifs pour en apprendre plus sur la communication entre les espèces forestières et la régénérescence de la flore.

« Culturat a mis l’association autochtone Minwashin au monde en reconnaissant l’approche et la vision autochtone du tourisme, explique Martin Poitras, chez Tourisme Abitibi-Témiscamingue. Les projets soutenus par Minwashin placent la culture comme source d’attraction auprès des touristes du Québec et de l’international. » Des expositions virtuelles ou nomades célèbrent l’art et la culture anichinabé, comme l’expo Mikisikwaso sur la tradition des perles, ou NIN Je suis I am, qui honore la langue anichinabée. Côté documentaire, la série Ninawit, produite par la chaine locale TVC9 en partenariat avec Minwashin et Tourisme Abitibi-Témiscamingue, raconte en 14 épisodes 8 000 ans d’histoire à travers des témoignages et des lieux symboliques.

L’ATS: Société du réseau ÉCONOMUSÉE®

La Société du réseau ÉCONOMUSÉE® au service du tout premier économusée autochtone au Canada : Atikuss 

Derrière ce projet né en 2023 après plusieurs années de réflexion, une femme d’affaires et une artisane innue : Josée Leblanc. Bien ancrée dans sa communauté Uashat mak mani-utenam, celle-ci fabrique des mocassins, des bottes et différents produits de fourrure. Son produit phare dans l’Économusée Atikuss : les Bottes de l’espoir, réalisées à la main par des femmes autochtones qui séjournent dans des maisons de transition ou des refuges à Montréal. Pour leur travail de couture et de perlage traditionnels, elles perçoivent une bonne rémunération, ce qui en fait un commerce équitable.

Ce projet ambitieux n’aurait pas vu le jour sans l’implication de la Société du Réseau Économusée qui a accompagné Josée Leblanc depuis les tout débuts jusqu’à sa réalisation finale : « Nous avons été présents à chaque étape du projet, explique Carl-Éric Guertin, directeur général de la Société du Réseau Économusée. À l’étape de réflexion, puis au démarrage, pour la rédaction du plan d’affaires et le montage financier et, enfin, tout au long du parcours entrepreneurial. »

Le bâtiment de Uashat Mak Mani-utenam a été rénové et agrandi pour abriter des salles d’exposition où est présenté le savoir-faire ancestral au public et une zone boutique dont les revenus permettent de soutenir l’activité professionnelle des artisanes et la vitalité économique de la communauté. L’Économusée Atikuss comprend également une zone de production, un parcours audio, des écrans tactiles, le tout, dans une ambiance qui sollicite tous les sens. Une initiative fascinante pour honorer et pérenniser le patrimoine immatériel autochtone.

L’entreprise : Kina8at-Ensemble

Pour célébrer le Mino Matisiwin, le principe qui soutient l’harmonie envers soi, les autres et la nature

Séjours de guérison pour membres des Premières Nations, ateliers créatifs pour Autochtones et Allochtones, stages de ressourcement, activités scolaires et corporatives : au cœur des Laurentides, ce site traditionnel en forêt célèbre la réconciliation et le rapprochement des peuples à travers des animations où l’authenticité côtoie la tradition. Sur place, pas d’électricité ni d’eau courante et l’hébergement se fait en tente prospecteur.

Les guides, animateur.rice.s, ainé.es, artistes et autres passeur.euse.s de culture qui encadrent les activités proviennent de plusieurs nations, notamment Anichinabé et Atikamekw : fabrication de tambour, randonnée en forêt, canot, construction d’un abri, hutte de sudation, etc.

Kina8at-Ensemble fait partie des 20 entreprises qui se sont engagées à participer au programme Shipeku de Tourisme Autochtone Québec, qui accompagne les entreprises autochtones dans leur transition durable et responsable. Durant 18 mois, chacune d’elles a poursuivi un parcours en sept étapes afin d’établir un diagnostic sur son bilan carbone et de dresser un plan d’action pour optimiser sa transition écologique. « Le développement durable fait partie de notre ADN depuis toujours, souligne Marie-Joëlle Tremblay, directrice générale de Kina8at-Ensemble. Le programme Shipeku nous a aidés à mieux structurer ce qu’on fait déjà, à améliorer le projet à la hauteur de nos moyens et à réfléchir sur ce qu’on veut faire dans le futur. »

Tout au long de cette formation, les discussions avec les autres participant.es ont donné lieu à des échanges sur les options écologiques à privilégier, comme le cabinet à fosse sèche. « Nous avons mesuré notre impact environnemental et dressé un plan d’action pour le réduire encore plus », dit Marie-Joëlle Tremblay. Les entreprises qui ont complété ce programme appartiennent à des communautés wendat, innue, abénakise, atikamekw, anichinabée et crie. En avril de cette année, elles se sont vu décerner le trophée Shipeku, Tourisme durable.

À l’international : New Zeland Tourism

Quand la culture maorie est au cœur de l’offre touristique

Au chapitre des expériences incontournables à vivre dans ce pays du Pacifique, connu pour la magnificence de ses paysages, la découverte de la culture maorie figure au premier plan pour New Zeland Tourism. Art et artisanat traditionnels, cérémonies, gastronomie, découverte de la langue, expériences culturelles : l’offre touristique maorie est diversifiée et multidisciplinaire.

De nombreux circuits culturels permettent aux visiteur.euse.s d’en apprendre plus sur le passé, mais aussi sur le présent des Maoris. Comme la visite artistique de l’ile Waikato en compagnie de l’un des descendants des premiers occupants, le conteur Les Tuteao, à travers sept œuvres d’art qui balisent un sentier.

Crédit: Miles Holden

L’entreprise Waka Abel Tasman, quant à elle, propose des escapades en canot en compagnie de ses fondateurs Lee-Anne et Todd Jago pour explorer l’une des plus belles côtes de l’ile Kaiteretere, sur l’Ile du Sud.

Sanctuaire pour les Maoris, les sources thermales naturelles des terrasses Wairakei sont un incontournable dans la région de Taupo. Kim et Raewyn Hill, gardiens des lieux, proposent aux visiteur.euse.s une expérience thermale en plus de les initier aux valeurs fondamentales de leur peuple : le kaitiakitanga, la protection des ressources naturelles, et le Manaakitanga, l’hospitalité à la façon Maorie.

Des valeurs mises de l’avant par New Zeland Tourismn, qui insiste sur l’importance pour les visiteur.euse.s de faire preuve de respect vis-à-vis de leurs hôtes, mais aussi à l’égard de la culture et de la nature. Ceux-ci sont invités à prendre soin de la Nouvelle-Zélande en signant la promesse Taiki, un engagement qu’ils doivent respecter à travers leurs activités dans le pays.

Pour passer le pas : Indigenous Tourism Alberta 

Études de cas sur les meilleures pratiques de l’industrie albertaine en matière de tourisme autochtone

L’organisme dédié au développement et à la promotion du tourisme autochtone en Alberta a lancé, en 2022, un guide portant sur les bons coups de l’industrie. Ces études de cas témoignent d’une transition réussie vers le tourisme responsable et durable, et ce, à travers plusieurs thématiques : relève et engagement des jeunes, implication communautaire, durabilité culturelle et environnementale, opportunités d’emploi, diversification des sources de revenus et développement de partenariats entre entreprises. Ces cas rapportés veulent servir d’inspiration pour l’ensemble des acteurs du tourisme autochtone.

Crédit: Indigenous Tourism Alberta

Un exemple parmi d’autres : le site culturel Métis Crossing, situé au nord-est d’Edmonton dans la communauté Métis de l’Alberta, comprend outre un camping et un parc naturel, un lodge de 40 chambres et propose également une palette d’activités de plein air. Au sein de l’entreprise, l’échange entre ainés et jeunes de la communauté garantit la pérennité et la durabilité des expériences culturelles proposées aux visiteur.euse.s.

Aussi, la nation Métis de l’Alberta a élaboré un plan d’action pour lutter contre les changements climatiques et pour assurer la protection de l’environnement. Pour ce faire, plusieurs actions ont été réalisées : autonomie énergétique par des panneaux solaires, approvisionnement local en plantes et fruits, bornes de recharge électrique et mise en place d’un parc faunique en partenariat avec un agriculteur local. La grande majorité des emplois sont offerts aux jeunes Autochtones, notamment aux étudiant.es de 1re ou de 2e année; de plus, les anciens fournissent un service de mentorat auprès des plus jeunes. Toutes les activités offertes par Métis Crossing – y compris dans la boutique de souvenirs, le centre culturel et le restaurant – permettent de diversifier les sources de revenus, garantissant ainsi la vitalité durable de la nation Métis de l’Alberta.