Entrevue avec Yves Lalumière, PDG de Tourisme Montréal
Reportage de Fatima EL GHARBAOUI, Directrice de publication de TourismExpress
Suite au lancement de la saison touristique estivale 2016 dans sa 5e édition, organisée par Tourisme Montréal le 15 avril dernier, Yves Lalumière répond aux questions de TourismExpress. Et ce dans le but de comprendre la place qu'occupe Montréal en tant que destination dans le paysage touristique québécois, la vision de Tourisme Montréal en marketing et ses implications sans oublier de parler du tourisme d'affaires...
Comment placez-vous l’offre touristique de Montréal par rapport aux autres régions touristiques du Québec?
« L'offre montréalaise en termes de produits doit continuer de s’améliorer. Nous travaillons déjà avec un comité de démarchage avec Investissement Québec. Certes l'amélioration continue du produit est l'une de nos priorités. Toutefois, il existe encore beaucoup de choses à faire. Ceci dit nous oeuvrons comme une porte d’entrée. 95 % des gens qui viennent de l’international visitent Montréal. Donc, il nous est important de travailler de façon connexe avec les produits des autres régions, surtout les Cantons-de-l’Est et les Laurentides de façon générale et avec Mont-Tremblant de façon particulière. »
Pourrions-nous qualifier les relations entre les différentes régions du Québec de concurrence, de complémentarité ou de coopétiton ?
« Je choisirais un autre mot. Il s’agit beaucoup plus de la collaboration. C'est notamment le cas dans le cadre de l’Alliance en Marketing. Maintenant, les forces se joignent pour s’assurer de ne pas faire une duplication des efforts tactiques tout en travaillant ensemble. Que cela concerne Montréal ou Québec, il est important de s'assurer que ces villes sont au centre des préoccupations. À partir de là, on peut envoyer les touristes dans les régions en fonction de leurs besoins. On ne peut pas forcer les gens à aller en région alors qu’ils veulent passer du temps à Montréal, car comme vous le savez, le tourisme urbain est en pleine effervescence. C'est ainsi que les gens restent un peu plus à Montréal. Donc, on a plus de gens qui viennent de l’international. »
Plusieurs destinations font des compagnes marketing dans le but d'avoir un taux de retour des touristes qui viennent à Montréal, dans quelle mesure opteriez-vous pour cette stratégie?
« C’est sûr que nous aimions que les gens reviennent. Toutefois, notre stratégie est différente. Notre premier objectif est que les touristes passent un maximum de temps à Montréal et qu’ils dépensent davantage dans la destination (musées, attraits...). Notre deuxième objectif est que ces touristes établissent du référencement avec leurs réseaux de contacts, car il y a tellement de choix de destinations. Et nous savons que les touristes ne reviennent pas avant 3, 4 ou 5 ans. Donc, ce serait des efforts marketing qui nous couteraient beaucoup plus cher pour le peu de retours. C'est ainsi que nous préférions que ces touristes aillent parler à leurs amis, collègues…
Nous allons travailler sur des stratégies de coupons. Une fois chez eux, les touristes pourront proposer des coupons à leurs réseaux. Il s'agira de coupons de réduction : 15 % de réduction sur un attrait, un musée, ou sur un hôtel. C’est ça notre stratégie! Et aussi, faut-il ajouter que notre passeport montréalais fait en sorte que les touristes puissent passer d’un attrait à l’autre.
Nous allons continuer de développer et de maximiser le retour en termes de dépenses touristiques. »
Parlons de maximisation des dépenses touristiques, on sait très bien que le tourisme d’affaires dépasse de 3 à 5 fois le tourisme d’agrément en termes de recettes touristiques, et l’on a vu que Québec, via le centre des congrès de Québec, a fait une collaboration avec Rennes pour attirer des évènements internationaux. Qu'en est-il de la destination montréalaise en matière de tourisme d'affaires?
« Le tourisme d’affaires à Montréal est très important pour nous. Cette année, pour le marché des congrès, nous avons vendu 350 000 nuitées pour des congressistes et des réunions d’affaires. Il y a aussi bien évidemment des hôtels qui vendent de leur côté.
Nous allons lancer ce printemps une nouvelle approche, une nouvelle proposition de valeur, avec les nouveaux slogans pour les marchés ontarien et américain. Nous gagnons à tous les ans, la destination nord-américaine qui attire plus de congrès et le plus de réunions d’affaires à l’échelle internationale. Montréal est une destination d’affaires très très établie.
En effet, nous allons chercher la clientèle PME des marchés de proximité : Toronto, Ottawa, Boston. Nous sommes en train de travailler davantage avec ces clientèles.
Quant au jumelage, nous en avons avec Toronto, avec certains marchés émergents comme le Qatar, avec Vancouver, avec Paris et avec Lyon avec laquelle on signera un protocole d’entente dans pas longtemps pour les échanges d’informations. »
Montréal est une destination de tourisme d’affaires par excellence!
« Définitivement! American Express place Montréal dans les tops 10 du Business travel des villes nord-américaines. Il faut maintenant consolider notre position, prendre davantage de business de Toronto, travailler sur l’incentive au niveau du marché de New York. Nous travaillons aussi sur les segments de Paris, de toronto et du nord-est des É.-U. Ces segments sont nos créneaux géographiques les plus importants. De plus, les marchés associatif, des incentives et du sport constituent nos trois créneaux en affaires. »
Montréal fait désormais partie du World Tourism Cities Federation, quel en est le but?
« Suite à la mission en Chine, On a décidé de faire partie de cette association mondiale qui est présidée par le maire de Bejiing. Le but est d'accélérer et de rencforcer nos relations avec la Chine. Il y a eu un nouveau vol vers Bejiing - 3 fréquences par semaine -. On travaille sur Shangaig, on travaille sur d’autres prospects en Asie. Le but ultime est que Montréal continue de développer ses relations avec l’Asie au niveau du tourisme.
Certes Montréal est bien positionnée à l'échèlle internationale. Toutefois, Il est temps de consolider nos efforts sur l’Asie. »
Que diriez-vous de l’engagement de Montréal en termes de marketing digital?
« On est reconnu comme le leader au Canada, mais aussi comme un des leaders en Amérique du Nord. Notre objectif est d’être les premiers en termes de visites digitales. On va lancer prochainement la refonte de notre site web : c'est vraiment l’expérience client. Ça va arriver d’ici la fin 2016 où on va accompagner le visiteur dans tous ses déplacements afin de maximiser les dépenses touristiques. On va même l’accompagner via un nouveau concept d’une nouvelle ligne rouge d’accueil touristique un peu partout dans nos lignes d’entrées afin de faciliter l’expérience pour nos touristes (ça va être facile pour eux de se déplacer d’un attrait à l’autre…)
Pour conclure, à l'occasion du 375e de Montréal, quel conseil donneriez-vous aux acteurs de l'industrie touristique?
« Mon seul conseil aux acteurs de l'industrie est de travailler ensemble, de faire des promotions croisées et bien connaitre les produits, car une offre diversifiée de 5000 évènements profitera à Montréal à l'occasion du 375e de Montréal. Ainsi, 2017 est notre plateforme pour 2018, 2019 et pour 2020. Le 375e est le temps pour nous de montrer Montréal à tout le monde. »
Les plus commentés