Cyclotourisme 20 - Mise en marché hors Québec 0
Revision du modèle d'affaires
Mon article de jeudi dernier et celui de Louis Rome de lundi, tout comme les nombreux commentaires qui ont suivi, sont un bel exemple de l’adéquation entre le potentiel du Québec touristique et sa performance sur les marchés hors Québec.
J'étais de passage au Salon du vélo et du triathlon de Montréal ce weekend comme d'ailleurs tous les ans.
Il s'agit d'une sorte de pèlerinage incontournable pour tout cycliste qui se respecte en manque de son sport favori dans le froid et la neige d'un février particulièrement polaire. Comme la plupart des gens qui me connaissent le savent, je suis un cycliste invétéré depuis l'âge de 14 ans, moment de ma vie où j'ai participé à ma première compétition.
Je suis donc à même de constater et commenter toute l'évolution de ce sport au Québec. La pratique du vélo est passée d'une activité majoritairement pratiquée par des cyclistes compétitifs à un véritable phénomène de masse qui est devenu, au fil des dernières années, un important moteur économique pour le Québec et touristique pour la plupart de nos régions.
De fait, mon humble analyse m'amène à vous affirmer que le produit cyclotourisme au Québec est un secteur dynamique, en pleine progression et où prime l'entrepreneuriat sous toutes ses formes.
Le cyclotourisme est un bel exemple ou le Québec aurait eu besoin de « Leadership » et de « Vision » et pas nécessairement de hausse de taxes ou de chambardements majeures dans les structures.
MES CONSTATS
D'entrée de jeu, je m'avance en y allant des 20 constats suivants:
- Le Québec est l'État en Amérique du Nord qui a la meilleure offre cyclable.
- La Route Verte jouit d'une reconnaissance internationale sans équivalent avec ses 5 000 km d'itinéraires qui longent fleuve, rivières et lacs, contournent nos montagnes et traversent nos villes et villages.
- Nos évènements et randonnées cyclistes de type populaires se sont multipliés dans toutes nos régions.
- Les évènements compétitifs (routes, montagnes et triathlons) n'ont jamais été aussi populaires.
- Une dizaine de nos Cyclosportives (randonnées cyclistes plus compétitives) sont des organisations de haut niveau que nous pourrions qualifier de niveaux nationaux ou internationaux.
- Vélo Québec est une des meilleures organisations du genre au monde notamment avec leurs volets « Édition » et « Voyage ».
- Le BIXI est exporté dans plusieurs villes dans le monde tout en étant très populaire à Montréal.
- Nous avons plusieurs événements internationaux de premier plan: 2 épreuves World Tours, 3 triathlons de la série IRONMAN, les Tours de Beauce, de l'Abitibi et de Saguenay et des Coupes du monde de Vélo de montagne au Mont-Sainte-Anne.
- Toutes les régions du Québec ont des itinéraires cyclables sur routes.
- Les Québécois, plus soucieux de leur santé, n'ont jamais fait autant de vélo.
- Nous avons des magazines, des salons spécialisés, des blogs, des émissions télé et des publications dédiées à ce sport.
- Nous avons un réseau de boutiques spécialisées remarquables et des manufacturiers qui exportent de plus en plus sur les marchés internationaux (Louis Garneau, Argon 18, Devinci, etc.)
- Nous avons des promoteurs compétents dans toutes les sphères du sport (clubs, évènements, réceptifs, activités de support, etc.)
- Nous avons des portes-paroles passionnés: Louis Garneau, Gervais Rioux, Pierre Lavoie, Clara Hugues, Lyne Bessette, Geneviève Jeanson, Yvan Martineau et quelques autres.
- Nous avons quelques jeunes cyclistes pros qui performent en Europe et une équipe pro active en Amérique du Nord (Garneau-Québecor cycling team).
- Des vélos québécois (Argon 18) rouleront au Tour de France en juillet prochain.
- Vélo Québec a organisé au cours des dernières années deux colloques québécois sur la Route Verte (Sherbrooke et Lévis).
- Plusieurs ATR considèrent le cyclotourisme comme un produit d'appel pour leur région (cartes, sites web, etc.)
- Nous avons un Plan de Développement du Cyclotourisme au Québec réalisé en 2006 auquel j'ai d'ailleurs participé comme membre du comité. Il est toutefois resté sur une tablette chez Tourisme Québec.
- Il y a même eu un comité de suivi qui avait été mis en place par Tourisme Québec, mais qui n'a jamais été activé.
L'AVENIR MAINTENANT
Bref, ce n'est pas les réalisations ou les constats positifs qui manquent pour convenir que le cyclotourisme s'est développé et est devenu un véritable produit d'appel touristique au Québec.
Des centaines de milliers de Québécois le pratiquent, l'organisent, le supportent, l'encouragent et en assurent la mise en valeur dans tous les coins de la belle province.
Le problème:
Le produit s'est développé et est largement concurrentiel sur nos marchés cibles. Le cyclotourisme est à maturité (à mon avis depuis au moins cinq ans) et pourrait accueillir, dans sa forme actuelle, des dizaines, sinon des centaines de milliers de touristes des marchés limitrophes américains.
Les marchés:
Le Québec comptait en 2005, 200 000 cyclotouristes sportifs qui se sont depuis multipliés. Ces derniers ont assuré le succès de notre offre actuelle. Dans le cadre de la réorganisation que j'ai réalisée à Tourisme Montérégie, nous en avions fait dès 2005 un produit d'appel. Nous y avons investi annuellement 150 000 $ sur les marchés intra Québec pour devenir la région la plus dynamique sur ce marché (2 cartes et encartages, plans médias, salon, micro site web dédié, matériels promotionnels, coordonnateur marketing, fam tour, etc.).
Plus de 750 000 cyclotouristes sportifs sont à 6 heures de route ou moins à partir des États limitrophes américains (New York 250 000, Pennsylvanie 200 000, New Jersey 115 000, Mass 100 000, etc.). Il s'agit d'un marché deux fois plus important que le marché intra Québec actuel.
Malheureusement, aucun effort significatif de mise en marché n'a été fait au cours des dernières années pour leur faire connaitre le produit malgré le fait qu'un programme marketing québécois efficace est relativement facile à mettre en place en matière de Cyclotourisme.
Les solutions:
Le Québec a perdu plus de 2 M de touristes américains tout en étant, au niveau économique, à la recherche de nouvelle source de création de richesse. Dans cette perspective, l'exportation de notre produit cyclotourisme sur les marchés du nord-est américain est incontournable.
De plus, notre parc hôtelier provincial est en perte de vitesse constante alors que les cyclosportifs américaines seraient des clients parfaits pour des escapades de 3 ou 4 nuitées au Québec.
Avec toutes les turbulences que connait LA REVISION DU MODÈLE D'AFFAIRES DE NOTRE INDUSTRIE, il faut bien conclure que la balle est définitivement dans notre camp ou plutôt comme nous le disons si bien dans le jargon cycliste « Il est grandement temps de peser sur les pédales, d'aller en tête de peloton et assurer le tempo ».
Collaboration spéciale, Éric Fournier
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