Bill, tu nous Gâtes !, par Jean-Michel Perron

Tourisme durable · · Commenter

« Régler la crise actuelle de la pandémie sera “très très facile” à comparer aux changements climatiques » Bill Gates

Ce qu’il nous faut dans les prochaines années, ce sont des Bill Gates qui apportent des solutions pour éviter l’effondrement de nos sociétés telles que nous les connaissons. J’ai assisté mardi soir, en direct de New York, à une première rencontre d’une tournée mondiale avec Bill Gates, la 4e personne la plus riche de la planète. Il lançait son nouveau livre «  How to Avoid a Climate Disaster ». C’est le même Gates qui tenta en 2015, en vain, de nous alerter sur le risque élevé de pandémies dans le futur… On a mis un Gates au monde, on devrait peut-être l’écouter ! chanterait Harmonium en 2021.

La communauté scientifique semble respecter les idées de l’auteur qui se dit lui-même un messager imparfait dans ce domaine, mais en même temps il y a critique sur la solution nucléaire et son angélisme envers les grands pollueurs actuels que sont les pétrolières. Sans compter l’usage de son jet privé fonctionnant pourtant au biocarburant. 

Il pourrait se la couler douce, mais il met plutôt son cerveau de joueur d’échecs de haut calibre au service d’une cause, celle qui nous concerne tous: les changements climatiques.

Maintenant, ce qu’il en dit ?

  1. Il faut passer de 51 milliards de tonnes de gaz à effet de serre (GES) émises annuellement à zéro en 2050 sinon…
  2. Décarboniser les transports et la production électrique sera relativement facile car les solutions technologiques sont là: solaire, éolien, batteries pour autos électriques, biocarburants pour les avions et les camions (aussi l’hydrogène pour les véhicules lourds et même les avions).
  3. À cause de l’instabilité en approvisionnement et en capacité d’accumulation de réserves de l’éolien et du solaire, le nucléaire sera requis pour produire de l’énergie. Au Québec, nous avons non seulement le privilège d’avoir l’hydroélectricité, mais nous avons également la capacité de gérer nos inventaires par les vastes réservoirs.
  4. Là où nous devons investir en R&D avec le support des gouvernements, c’est dans la création de nouveaux processus industriels, dont la fabrication du ciment, de l’acier et des fertilisants, car nous n’avons pas la technologie actuellement et c’est le secteur sur la planète — le manufacturier — qui, avec 31 %, impacte le plus en GES.

Graphique du portrait mondial des sources de GES. Au Québec, c’est le secteur du transport qui représente la source principale de GES avec près de 50%.

Un des internautes, mardi soir, lui a demandé quoi faire comme individu?  Réponse de Bill :

  1. Influence le politique de ta région et convaincs ton entourage de l’urgence d’agir
  2. Comme consommateur, responsabilise-toi (autos électriques, moins de viande, etc.)
  3. Comme employé, suscite les changements dans ton entreprise

Et le tourisme dans tout ça ? Bill prétend que la solution n’est pas nécessairement dans la diminution des transports, mais dans sa transformation. Comme industrie touristique québécoise, dans le contexte où les transports sont la principale source de GES au Québec et que le tourisme intrinsèquement nécessite du transport, nous devons participer à la transition par les véhicules électriques (auto, motoneige, quad), les autocars et les avions à hydrogène ou biocarburants, au transport collectif par autocars touristiques de Montréal et de Québec vers les régions avec autos électriques partagées à destination dans toutes les régions du Québec, etc.   Évidemment, le ciment et l’acier vert préconisés par Bill n’existent pas encore, mais on a le bois comme alternative écologique dans nos constructions touristiques. Nous devons nous aussi imaginer l’avenir proche.

Échec actuel dans la rapidité de notre transition nécessaire, mais loin d’être « échec et mat ! »

Jean-Michel Perron
Conseiller en tourisme (PARConseils.ca) et blogueur (Tourte Voyageuse)

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