Karim Ikrimah, un directeur général accompli et bienveillant au service d’un bijou hôtelier québécois : Fairmont Le Manoir Richelieu, par Pierre Bellerose

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Karim Ikrimah a un parcours singulier. Né en Haute-Savoie (France) d’un père enseignant originaire de Rabat, au Maroc, et d’une mère française travaillant au sein des laboratoires pharmaceutiques, il passe son enfance à Lyon. Son premier contact signifiant avec l’hôtellerie se passe en Espagne, sur le trajet des vacances, et il se sent appelé par l’importance du service à la clientèle. Il se dirige donc vers une formation en tourisme et loisirs, puis un parcours universitaire en gestion à Perpignan. C’est par le biais d’un stage d’études qu’il se retrouve, en 2006, sur la rue Sherbrooke à Montréal, à l’hôtel Sofitel Le Carré Doré, le seul hôtel de cette chaîne française au Canada à cette époque. Il commence par l’un des postes les plus exigeants de l’hôtellerie, celui d’auditeur de nuit. En quelques années, il grimpe rapidement les échelons au sein de cet hôtel de 258 chambres. Il y demeura près de 11 ans et deviendra, à la fin de ce parcours, directeur des ventes et du marketing.

En 2016, le groupe ACCOR, propriétaire de la marque Sofitel, achète la chaîne Fairmont, dont fait partie le Manoir Richelieu. Karim devient directeur des opérations de l’hôtel de La Malbaie à l’automne 2016. En fait, il a la responsabilité de la presque totalité des départements sur le plan opérationnel, en partant du golf, aux salles à manger, en passant par l’entretien.

En 2018, il prend la direction générale du Manoir, suite au départ imprévu de Jean-Jacques Etcheberrigaray pour des raisons de santé. Karim, jeune quarantenaire, devient le plus jeune DG de la longue histoire du Manoir Richelieu de Charlevoix.

Je l’ai rencontré pour cette entrevue, le 10 juillet dernier, au Fairmont Le Manoir Richelieu, à La Malbaie.

Karim Ikrimah, votre cheminement rapide au sein du milieu hôtelier et touristique québécois est impressionnant. En 2017, le premier ministre du Canada annonçait la venue d’un des plus importants événements d’affaires de l’histoire de la province, soit le Sommet du G7, en juin 2018. Comment vit-on un tel baptême d’hôtelier au Manoir?

Ce fut un défi et une expérience extraordinaire, puisque la plupart des rencontres internationales eurent lieu au Manoir. Les équipes mises en place par mes prédécesseurs sont d’un professionnalisme exceptionnel et ont su faire face aux grands défis d’accueillir en notre sein les plus grands de ce monde, avec un niveau de sécurité inégalé; tout en offrant un service hors normes à nos invités prestigieux.

En fait, j’ai beaucoup appris et je suis très fier des accomplissements de mon équipe. Cela a été aussi un travail remarquable de l’ensemble de la région et un bel exemple de synergie. Je pense, par exemple, à la collaboration avec Tourisme Charlevoix et plusieurs autres instances régionales et nationales.

 

Karim, comment vit-on la responsabilité de gérer une institution phare comme Fairmont Le Manoir Richelieu de La Malbaie?

Tout d’abord, je dois dire, qu’en tant que nouvel arrivant, il s’agit d’une très grande fierté de pouvoir ainsi contribuer à la mise en valeur d’un tel actif historique hôtelier. Je sens que c’est un peu ma contribution à mon nouveau pays en participant au rayonnement de cette magnifique institution qui fêtera son 125e en 2024.

Mes prédécesseurs (entre autres Louise Champagne et Jean-Jacques Etcheberrigaray) ont su créer un tissu social et humain très fort au sein de l’écosystème du Fairmont Le Manoir Richelieu. On m’a donné les clés de cet ensemble dynamique; mon travail consiste à en prendre soin et de le faire évoluer dans le bon sens des choses, tout en gardant en tête son passé remarquable. En fait, je prends pleine conscience de l’immense privilège d’y être.

Comment se porte aujourd’hui le Manoir?

Excessivement bien. Pendant la période de pandémie, les touristes québécois nous ont démontré l’importance de notre complexe hôtelier et de ses 250 hectares. Lorsque les mesures sanitaires le permettaient, nous avions un très fort achalandage. En 2023, les visiteurs internationaux et québécois permettent d’obtenir actuellement un taux d’occupation élevé et, ce qui est très encourageant, des rendements hivernaux supérieurs à ce que nous connaissions avant la COVID. Avec le retour de nos 450 employés, nous sommes heureux de constater cette belle performance pour Charlevoix.

Nous avons la chance d’avoir des propriétaires (Loto-Québec, le Fonds de solidarité FTQ et Accor) très dynamiques, compréhensifs et qui veulent continuer d’investir dans l’avenir de cet établissement.

En effet, entre 2009 et 2016, 12 M$ ont été investis dans la rénovation des chambres. Et l’on vient de terminer cinq (5) ans de rénovations, nos propriétaires investissant 21 millions de dollars au niveau des façades extérieures et de nos fenêtres.

 

 

Karim, quelles sont les opportunités et les défis de Fairmont Le Manoir Richelieu?

Nous travaillons très fort, actuellement, pour continuer d’améliorer la qualité de nos services, mais aussi l’ajout de nouvelles expériences vécues. Je pense par exemple aux magnifiques projections multimédias de Cité Mémoire, inaugurées à la fin juin sur la façade du Casino de Charlevoix. De plus, on présentera, du 10 août au 2 octobre, au Fairmont Le Manoir Richelieu et au Casino de Charlevoix, le spectacle sous chapiteau « Éclats », création des 7 Doigts de la Main. Ce grand événement est rendu possible grâce au support des équipes de Loto Québec et leur volonté de faire briller notre région.

Le Manoir célébrera son 125e anniversaire en 2024; nous pourrons confirmer cet automne une programmation festive pour souligner cette étape importante de notre histoire.

Bien sûr, comme toute l’industrie touristique, notre défi premier demeure la question des talents. En ce sens, nous faisons beaucoup de repérage et participons activement à des activités de sollicitation à Montréal et à l’étranger. Cet été, nous avons une belle cohorte de collègues épousant nos valeurs venant principalement du Québec, de la France, du Mexique et du Maroc. Nous avons la chance de pouvoir héberger la plupart de nos travailleurs étrangers sur notre site.

En fait, Fairmont Le Manoir Richelieu, fort de son passé prestigieux de l’appui de ces propriétaires, de ses collègues, ainsi que de l’ensemble de la région de Charlevoix, vit actuellement une période très prospère avec plein de beaux projets sur la table. L’avenir du Manoir m’apparait radieux et je suis très heureux d’y être afin de participer à ce grand succès.

 

Par Pierre Bellerose, consultant en développement des affaires et stratégies, cofondateur du MT Lab et président des CA de Hub Montréal et de M pour Montréal.


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