Un DG inspiré et inspirant : Denis Brochu, par Louis Rome

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La première fois que j’ai rencontré Denis c’était en 2011, alors que j’étais membre du comité de sélection du prochain DG de l’ATR de Lanaudière. Devant nous, un candidat qui se démarquait des autres par sa ferme intention de contribuer au développement touristique de la région. Treize ans plus tard, je suis toujours heureux du choix du comité. Entrevue avec un DG inspiré et inspirant.

LR – Quel a été ton parcours professionnel avant d’arriver à la tête de l’ATR?

DB – « Je suis un gars de Drummondville et j’avais la bougeotte, donc dès mes 17 ans, j’ai quitté le nid familial pour suivre une formation comme technicien en loisir au Cégep de Rivière-du-Loup (1983-86). Pour un gars de 17 ans, Rivière-du-Loup c’était bucolique; j’y suis resté trois ans, le temps de mes études collégiales. Mes études en loisir sont à l’origine de mon cheminement professionnel, c’est ce qui m’a amené là où je suis rendu aujourd’hui. »

Ensuite, il a travaillé dans un centre communautaire de loisirs, dans une maison de jeunes. Il a été coordonnateur des programmes dans une base de plein air, il a dirigé un camp pour des personnes atteintes de l’autisme. Mais ce n’était pas assez pour lui, il décide de faire en même temps son bac en gestion et interventions touristiques (GIT) de l’UQAM (1992-1997).

Et ça continue!

Pour la suite, je lui laisse la parole.

DB – « J’ai travaillé pendant 5 ans au CLD du Haut-Saint-Laurent (1998-2003) en Montérégie comme commissaire au développement touristique. C’est à ce moment que j’ai véritablement commencé ma carrière en tourisme. »

D’ailleurs, parmi ses réalisations, il y a la création du circuit du paysan en Montérégie, qui a aujourd’hui 25 ans. Il insiste pour dire que c’est une réalisation d’équipe qui aurait été impossible sans la volonté de tous les partenaires de l’époque.

Ensuite, il devient DG de Tourisme Suroît (2003-2010). « C’est là que j’ai appris mon métier de gestionnaire d’association. » qui sans le savoir, le préparait à occuper le poste d’aujourd’hui. 

LR – Pourquoi avoir choisi la région de Lanaudière?

DB – « En plus du « timing », professionnellement, j’avais besoin de relever de nouveaux défis et Lanaudière m’attirait pour son grand potentiel. Pour un gars en développement, la beauté de Lanaudière, sur le plan du tourisme, c’est une super région touristique avec plein d’atouts, mais elle a plus de potentiels que d’acquis, et ça va être encore vrai pour au moins les 25 prochaines années ».

LR – D’ailleurs, vous avez un plan de développement 2023-2030. Qu’en est-il exactement?

DB – « Le Plan de développement touristique de Lanaudière – Horizon 2030: Osons le tourisme de demain! est définitivement orienté vers le développement d’un tourisme responsable et durable.

Après la pandémie, le plan 2023-2030 a été lancé dans une logique de développement d’un tourisme responsable et durable basé sur trois fondements principaux :

  1. Un tourisme ancré dans une approche de développement durable;
  2. Un tourisme qui tient compte des particularités de chacune des zones et des pôles;
  3. Des acteurs engagés à travailler avec agilité, souplesse et en collaboration. »

LR – Parle-nous de ton organisation

DB – « L'ATR de Lanaudière a été créée le 13 mars 1978. Aujourd’hui, elle a plus de 400 membres qui peuvent compter sur une équipe de 18 employé(e)s qui, sans le dévouement et la qualité de leur travail, nous ne serions pas rendus là où nous sommes aujourd’hui. »  

Pour Denis Brochu, Tourisme Lanaudière a définitivement dépassé le modèle traditionnel d’une ATR pour devenir une organisation de la gestion de la destination (OGD) qui, de surcroît, s’implique beaucoup dans des projets interrégionaux. Lors de notre entretien, il est rapidement apparu que pour lui l’importance de la concertation et de la collaboration entre tous les acteurs de la région, qu’ils soient du tourisme ou non, sont au cœur de ses priorités.  

« La très grande majorité de nos associations touristiques (régionales et sectorielles) sont en apprentissage continu afin d’adapter leurs rôles à ces nouvelles réalités que sont : la culture d’innovation, l’acquisition de connaissances, l’apprentissage rapide aux bonnes pratiques pour un tourisme responsable et durable, l’accompagnement des entreprises en matière de main-d’œuvre, etc. 

Le travail qu’on fait pour accompagner notre milieu est déjà très différent de ce qu’il était il y a 5 à 10 ans, et il est encore en mouvance. Comme on dit souvent, rien ne sera maintenant plus permanent que le changement. »

LR – Et ton conseil d’administration?

DB – « Notre CA a été réduit à 11 membres dans un souci d’efficacité, tout en préservant la représentativité via 3 grands secteurs: hôtellerie/hébergement, attraits et événements et partenaires, avec un max d’administrateur par MRC. Le CA est appuyé par une table d’orientation composée de 25 membres. »

LR – À propos de votre stratégie de commercialisation internationale commune avec la Mauricie​. Q’en est-il?

DB – « En 2022, après plus de 15 ans de partenariat, Tourisme Lanaudière et Tourisme Mauricie ont revu leur modèle de partenariat avec la mise en place d’une cellule permanente de trois employées sous la direction de Marie-Andrée Alarie.

Le 16 février dernier, avec Tourisme Mauricie et ma nouvelle collègue Valérie Therrien, nous avons procédé au lancement de notre nouvelle identité de marque commune, désormais connue sous le nom "Lanaudière-Mauricie, Authentique au cœur du Québec!". Cette nouvelle identité de marque reflète une vision renouvelée de la destination, mettant en lumière sa position géographique stratégique entre Montréal et Québec.

Les principaux éléments de cette nouvelle image de marque consistent en un nouveau logo avec de nouvelles couleurs, un slogan rafraîchi, un site Web repensé et enfin, une communication plus cohérente. »

LR – Nomme-moi quelques défis

DB – « En plus, de l’évolution essentielle comme OGD avec tous les défis que cela représente, Tourisme Lanaudière est mieux structurée. Notre région a l’avantage d’être à proximité de Montréal et stratégiquement, nous devons continuer de miser sur cet avantage, tout en poursuivant notre travail pour une offre de qualité encore plus éclatée et diversifiée. »

Denis mentionne aussi le développement de solution numérique à valeur ajoutée et l’importance de l’innovation dans les manières de faire, autant dans les entreprises qu’à l’ATR. D’ailleurs, Tourisme Lanaudière, en collaboration avec TaxyMatch, a lancé un projet pilote de covoiturage pour promouvoir une mobilité durable, tout en facilitant l'accès aux sites touristiques de Lanaudière.

DB – « Le développement de l’hébergement représente un autre défi, d’autant plus que Lanaudière est la région qui a eu la plus grande progression de résidences de tourisme, toute proportion gardée. Entre 2015 et 2022, l’offre a augmenté de plus de 300%, au point où l’ATR a dû produire un guide des bonnes pratiques pour les résidences de tourisme. »

À cela s’ajoutent de nombreux projets en hôtellerie actuellement en réflexion, alors que la région est en déficit hôtelier avec environ 1500 chambres. Le potentiel de développement en hôtellerie a été qualifié pour guider les entrepreneurs, car si les conditions économiques sont favorables, environ 1000 chambres devraient s’ajouter d’ici 5 à 6 ans. 

LR – À toi le mot de la fin

DB – « Je suis fier de tout le travail accompli par mon équipe, du support de mon CA, du comité d’orientation qui enrichit nos réflexions et du travail de l’ensemble des acteurs touristiques de Lanaudière, alors que dans un passé encore récent, la région misait sur deux principaux produits, la motoneige et la pourvoirie. Tout en maintenant le développement de ceux-ci, Lanaudière est maintenant plus éclatée, aux multiples possibilités, et reconnue comme une destination de villégiature, propice au plein air non motorisé; une région culturelle et de tourisme gourmand. »

Domaine Bazinet/Crédit: Jimmy Vigneux et Crédit: Hébergement les pieds sur terre

 

Louis Rome


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