Trois choses à surveiller dans le budget fédéral par Martin Roy

Associations, Gouvernements · · Commenter

À quelques semaines du budget fédéral, l’industrie touristique en général, et celle des festivals et événements en particulier, ont des attentes élevées en ce qui a trait aux annonces qu’il pourrait contenir, à huit mois de la fin de ce premier mandat libéral et de la tenue d’élections générales. En quelques questions et réponses, ce qu’il faudra surveiller le 19 mars :

1. Mélanie Joly aura-t-elle à l’avance le budget pour déployer sa stratégie?

Tablant sur le rapport Exploiter le potentiel de l’économie touristique canadienne publié en décembre par Destination Canada, le Comité-conseil sur l’emploi et l’économie du tourisme, présidé par l’ancien premier ministre néo-brunswickois Frank McKenna, doit remettre son propre rapport prochainement. Et c’est ensuite que la ministre du Tourisme, Mélanie Joly, entend présenter une nouvelle stratégie avant l’été.

Compte tenu des délais serrés, se pourrait-il que le financement lié à cette nouvelle stratégie soit contenu « à l’avance » au budget et qu’il fasse par la suite l’objet de multiples annonces plus détaillées au printemps et à l’été? Le gouvernement pourrait-il par exemple déterminer qu’il octroie un certain nombre de millions $ sur les années à venir pour la mise en œuvre d’une stratégie, elle aussi à venir, tout en la faisant connaître dans ses moindres détails après? Ce n’est pas impossible. Autrement, cette stratégie — ou plutôt sa mise en œuvre — deviendra une promesse électorale.

Montréal en lumière

2. Le tourisme, une « priorité »?

On a peu parlé de ce rapport mais, début décembre, le Comité permanent des finances de la Chambre des communes présentait ses recommandations, à la suite de sa tournée canadienne.

Le groupe de parlementaires multipartite en venait à recommander au gouvernement d’adopter une approche « pangouvernementale » en matière de tourisme « reconnaissant l’importance de cette industrie ». Il l’invitait à se donner « comme priorités d’en faire l’un des principaux moteurs d’activité économique et de création d’emplois au pays ».

Le Comité permanent des Finances faisait aussi écho aux demandes de l’industrie événementielle dans son rapport, en recommandant cette fois au gouvernement qu’il « augmente le financement consacré au Fonds du Canada pour la présentation des arts et destiné aux arts de la scène et aux festivals sur trois ans, afin d’avoir un marché intérieur vigoureux qui servira de rampe de lancement sur les marchés étrangers pour les productions canadiennes d’arts du spectacle » et qu’il « reconnaisse les retombées économiques et culturelles des foires, festivals et expositions pour les collectivités locales et consacre à ces événements des fonds destinés à assurer leur développement ».

Ce véritable plaidoyer en faveur du tourisme de la part du Comité permanent des finances va-t-il se matérialiser et prendre la forme de mesures budgétaires?

Festival de Lanaudière

3. Quelle réponse pour tous les festivals et événements au Québec et au Canada?

Petits et grands festivals de partout sont tous concernés par la croissance, la sécurité et la reconnaissance de leur apport à la vitalité culturelle.

Depuis un peu plus de deux ans, une vaste coalition menée par le Regroupement des événements majeurs internationaux (RÉMI) — au Québec — et Festivals et Événements Majeurs (FAME) — dans l’ensemble du Canada — ont multiplié les démarches pour qu’enfin on crée un meilleur environnement d’affaires dans ce secteur qui bénéficierait à tous les événements, à tous les festivals, qu’ils soient membres ou non des deux associations.

Leur « Plan » repose sur trois « piliers » et demande au gouvernement canadien de :

  • Les garder sécuritaires. Il faut élargir l’accès à un programme visant à rembourser des coûts d’infrastructures de sécurité (caméras de surveillance, détecteurs de métal et de drones, etc.).
  • Soutenir leur croissance. Il faut créer un tout nouveau programme qui, au fédéral, serait en quelque sorte une réplique de celui à caractère économico-touristique existant au ministère du Tourisme, à Québec ; un programme qui a fait ses preuves. Il s’agirait ici du premier programme fédéral visant le développement de l’industrie depuis le Programme de manifestations touristiques de renom mis en place pour deux ans par les conservateurs, en 2009.
  • Miser sur la création. Il faut accroitre le budget stagnant depuis 10 ans du Fonds du Canada pour la présentation des arts (FCPA), qui est pour le moment l’un des seuls outils à la disposition des diffuseurs en arts de la scène que sont les festivals et événements (mais ne bénéficiant pas aux nombreux festivals ou événements qui ne sont pas à caractère « culturel »).

Durant leur campagne de représentation, les deux associations ont obtenu l’appui des associations touristiques du Canada, de la Colombie-Britannique, de l’Ontario, du Québec et du Nouveau-Brunswick. Se sont ajoutés, entre autres, celui de Tourisme Montréal et Tourism Toronto, des maires de Montréal et de Québec, de même que celui de la Coalition canadienne des arts et de vingt-quatre membres de la Chambre des communes, issus de divers partis. La semaine dernière, par la voix des ministres Nathalie Roy, à la Culture et aux Communications, et de Caroline Proulx, au Tourisme, l'appui du gouvernement du Québec est devenu, pour ainsi dire, une belle cerise sur le gâteau.

Tous ont écrit des lettres, tantôt au ministre des Finances, tantôt à celui du Patrimoine canadien ou à celle du Tourisme, exprimant leur soutien au Plan.

Par voie de lettre, lui aussi, le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, confirmait il y a quelques jours à FAME et au RÉMI qu’ils pouvaient « compter sur [son] appui dans [leur] démarche visant à réclamer une révision, voire une augmentation de l’enveloppe du FCPA » — le volet « Miser sur la création » du Plan — et qu’il avait soumis le dossier à son collègue ministre des Finances.

Le 19 mars, on saura enfin si le dossier a reçu un accueil favorable au bureau du ministre Bill Morneau.

Martin Roy

Le président-directeur général du RÉMI et directeur général de FAME signera à compter d’aujourd’hui, dans TourismExpress, une chronique portant sur les réalités et enjeux liés à l’industrie événementielle et festivalière.