BIEN-ÊTRE: L’AQS au congrès ESPA en Tchéquie – Des spas tellement différents!

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Assister à un congrès à l’étranger, c’est découvrir de nouvelles cultures, de nouvelles pratiques, et s’inspirer pour de nouvelles idées. C’est ce que l’Association québécoise des spas a fait du 4 au 6 octobre dernier en posant ses valises dans la capitale tchèque des spas, Karlovy Vary.

Le congrès de l'Association Européenne des Spas (ESPA) réunissait des experts du monde entier pour explorer les dernières avancées en matière de santé et de bien-être à travers les pratiques du spa et de la balnéologie.  

C’est avec le congrès frais en tête que Geneviève Émond, du spa sur l’eau Bota Bota, vous partage son expérience, mais surtout de ce qu’elle a retenu de ce séjour en Tchéquie.

« Dès que j’ai mis pied à Karlovy Vary, j’ai compris que nous n’étions pas dans la même industrie, que notre notion et compréhension du mot spa était totalement différente de celle de ESPA, et que nos méthodes sont aussi bien différentes. 

Évidemment, en Europe, le spa est relié avec les sources minérales, des eaux naturelles, fortement chargées en minéraux, qui apportent des bienfaits généralement en cure, que ce soit par des bains, des enveloppements, ou même l’ingestion d’eaux des sources fortement minéralisées. J’imagine qu’avec une bonne prescription et un peu d’habitude, on y prend goût… ou pas!

Des spas jadis modernes

L’opulence des temps passés est omniprésente à Karlovy Vary, où les spas étaient des endroits à la fine pointe, des merveilles de modernité… au 19e siècle. Je ne citerai en exemple que celui du Kaiserbad spa où les sources thermales étaient utilisées pour chauffer l’ensemble du palace à un moment où les gens chauffaient à peine une pièce dans leur maison et où les bains thérapeutiques arrivaient « magiquement » dans les pièces grâce à des rails cachés. Aujourd’hui, chaque spa emploie des médecins, avec une spécialisation en balnéologie qui prescrivent des traitements spécifiques à leurs patients selon leurs maux. Cependant, le luxe et la modernité semblent avoir en grande partie disparu.

Des spas curatifs?

Pendant les quelques jours du congrès, on a beaucoup parlé de traitements, et chaque fois que la prévention était abordée, ça semblait un vœu pieux. Comme si la clientèle des spas de balnéologie en Europe est déjà trop vieille ou malade lorsqu’elle arrive chez eux.

Comme nous, les prestataires voient le potentiel de leur industrie d’être reconnus pour leurs vertus en prévention, mais à l’opposé de nous, ils semblent faire peu de gestes concrets pour évoluer.

En somme, c’est une industrie en perte de vitesse, dû à plusieurs facteurs :

  • Une diminution des sources de financements publics en Europe;
  • Un retard dans la recherche scientifique par rapport à la pharmacologie;
  • Une clientèle vieillissante, avec un âge moyen de 64 ans;
  • Des séjours de type « cure », qui raccourcissent leurs revenus, mais aussi toutes possibilités de traitement efficace et impactant.

Les 3 chantiers en cours

Lors des différentes conférences auxquelles j’ai assisté, j’ai pu constater qu’ils travaillent tout de même sur plusieurs chantiers :

  1. Rattraper le retard en recherche scientifique : Pendant des années, les spas en Europe se sont assis sur leurs lauriers, car le gouvernement et les assurances privées prenaient en charge une bonne partie de la facture de leurs patients/clients. Maintenant leur financement est remis en question, les remboursements moins grands, pour des périodes moins longues car contrairement à l’industrie pharmaceutique, ils n’ont pas de recherches étoffées pour soutenir leurs prétentions d’être un élément vital du système de santé et les preuves cumulées de manière non-scientifiques pendant des années ne suffisent plus. Ce n’est qu’au début des années 2000 que la recherche scientifique sur la balnéologie a véritablement débuté. Des efforts sont aussi faits pour faire la preuve de l’efficacité de la balnéologie en prévention de plusieurs maladies.
  2. S’adapter à la demande pour des séjours plus courts : Des exemples de modernisation se font sentir, par exemple de Saunia à l’Hôtel Thermal, complètement refait il y a 2 ans, pour accueillir de 300 à 900 personnes par jour avec ses 8 saunas et bains vapeur, multiples sources de froid, programmation aufguss étoffée et gigantesque piscine et bain thermal minéral extérieur ouvert à l’année. Il ressemble beaucoup à ce que nous offrons chez nous avec une approche qui n’est que peu ou pas médicale. Je vous invite aussi à consulter la liste des lauréats de l’innovation pour avoir un aperçu intéressant de ce qui est célébré par ESPA.
  3. Rajeunir leur image : Afin d’arrêter le vieillissement de leur clientèle, les opérateurs de spa réalisent qu’il leur faut attirer une clientèle plus jeune, plus dynamique, et s’interrogent sur les moyens de communiquer avec cette clientèle. Les médias sociaux ont été abordés, les technologies connectées, de même que l’étendu des services offerts et les prix, tout ceci afin d’augmenter leur attrait.

Mon constat :

La perception de la clientèle au Québec est bien différente, dans une optique détente et loisirs et non curative. Notre industrie doit continuer à pousser le volet de la prévention, mais en documentant nos « claims » avec de la recherche scientifique sérieuse. C’est un travail de longue haleine qui prendra de nombreuses années, et c’est aujourd’hui qu’il faut semer les graines pour pouvoir les récolter plus tard. Nous devons, comme industrie, nous associer avec un ou des centres de recherches universitaires afin de développer des protocoles d’étude pour cibler chacun des sujets pour lesquels nous avons des prétentions d’aider :

  • La santé mentale;
  • La santé cardiaque;
  • Le système immunitaire;
  • La santé musculosquelettique.

Il faut s’entendre comme industrie sur les thèmes les plus porteurs, et donner à notre association le mandat de les développer en trouvant le financement et les partenaires. Nous avons maintenant les moyens financiers, l’organisation adéquate, maintenant c’est l’heure de se donner une vision et un but commun pour les années à venir.

Je remercie l’Association québécoise des spas de m’avoir donné la chance de participer à ce congrès, qui m’a permis de découvrir une tout autre facette des spas, une vision bien différente de celle que nous en avons. »

La lecture d’une déclaration rédigée par ESPA, et signée par de nombreux organismes présents pendant ces trois jours, a clôturé cet évènement. Celle-ci a été remise aux députés européens, ainsi qu’au ministre de la Santé. Vous pouvez la consulter juste ici.

Il existe de nombreuses opportunités pour le Québec d'apprendre de ces pratiques Européennes. Nous vous invitons chaleureusement à poursuivre cette discussion lors de notre congrès, les 21 et 22 novembre 2023 au Delta Mont Saint-Anne. Un retour d’expérience plus complet vous sera témoigné en personne par Florence Carrier et Geneviève Émond.


À propos de l’Association québécoise des spas

L’AQS est la principale voix des spas au Québec et l’association sectorielle reconnue par le ministère du Tourisme du Québec.  Elle a comme mandat de représenter, mobiliser et inspirer les établissements spas du Québec afin de construire ensemble une industrie du mieux-être durable et prospère en visant l’excellence.