Après 54 semaines de négociations, 36 actions de grève, six mois de lock-out et une dernière séance de discussions intensive qui a duré près de 30 heures (sans pause, chuchote-t-on en coulisses), la direction de l’Hôtel Fairmont Reine-Élizabeth et le syndicat de la Fédération du commerce, affiliée à la CSN, qui représente les travailleurs de l’entreprise, sont finalement parvenus à une entente.
Plus tôt cette semaine, les quelque 600 employés ont entériné dans une proportion de 91 % l’entente de principe intervenue avec le plus grand hôtelier de la province pour le renouvellement de leur convention collective.
Plus de deux mois d’attente
Selon nos sources, le contenu de l’entente de principe est le même qui a été déposé sur la table au début du mois de mars dernier. Il aura donc fallu près de deux mois et demi pour que le syndicat et les employés finissent par en accepter les termes.
Fini le recours aux agences
Outre les demandes figurant au sein de la négociation coordonnée (augmentation salariale de 21 % sur quatre ans, une bonification de la contribution de l’employeur à l’assurance collective, des avantages en lien avec la formation, les vacances et le pourboire), l’entente de principe contient une garantie de la part de la direction de ne plus recourir aux agences de placements à compter du 31 mars 2028. C’est sur ce point que les deux parties tardaient à s’entendre.
Réouverture progressive des services
« Suite à cette entente, l’ensemble des employés vont revenir au travail le 20 mai prochain », indique David Connor, directeur général de l’hôtel. Le personnel, dit-il, recevra des formations et des mises à jour sur leurs tâches.
Les divers services de l’établissement, tels que le restaurant, les bars et la piscine seront de nouveau opérationnels d’ici une semaine. « On vise une réouverture complète des services et des 950 chambres de l’hôtel d’ici le 29 mai prochain, soit juste à temps pour les festivités entourant le Grand Prix », avise le gestionnaire.
Un long conflit, mais pas le plus long…
Bien que le conflit syndical opposant l’hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth et ses employés se soit prolongé sur un peu plus d’un an, ce n’est pas le plus long de l’histoire hôtelière en Amérique du nord.
La palme de la plus longue négociation syndicale en milieu hôtelier au Canada revient à l'hôtel Radisson Blu Vancouver Airport, à Richmond, en Colombie-Britannique. Les 143 employés de l’établissement ont été en grève pendant 1411 jours, soit près de quatre ans. Ils sont de retour au travail depuis mars dernier.
Mentionnons que plus de 70 % des travailleurs de cet hôtel avaient été licenciés pendant la pandémie. Le gouvernement fédéral avait réservé l'établissement de 400 chambres afin d’en faire un lieu de quarantaine pour les voyageurs internationaux. Au lieu de baisser les bras, les employés de l'hôtel ont débrayé, exigeant la réintégration de leurs anciens collègues. Selon le syndicat Unite Here Local 40, les travailleurs bénéficient désormais des salaires les plus élevés du marché hôtelier dans les environs de l’aéroport de Vancouver.
Près de 10 ans de grève…
Le plus long conflit hôtelier (et même tout secteur confondu) s’est toutefois déroulé à Chicago, à l’hôtel Congress Plaza. Les quelque 130 employés représentés par le syndicat Unite Here Local 1 ont été en grève pendant près de 10 ans, soit du 15 juin 2003…au 29 mai 2013.