Lors du 5ᵉ Symposium Tourisme durable Québec, un panel inspirant a réuni Isabelle Milord (Tourisme Baie-James), Pierre Kanapé (Tourisme Autochtone Québec), Virginie Zingraff (Tourisme Mauricie) et Stéphanie Nika Trottier (Tourisme Odanak). Ensemble, ils ont exploré une question essentielle : Comment faire place à la perspective autochtone dans nos récits touristiques, avec justesse et respect?
Le développement durable, rappelle Virginie Zingraff, « est avant tout une question de relation : relation au territoire, relation aux gens qui y vivent. »
Voici les grandes lignes d’un échange empreint de respect, d’écoute et d’humilité.
Qu’est-ce qu’une communication juste ?
Pour Stéphanie Nika Trottier, la communication juste commence par la rencontre. Avant de parler d’une communauté, il faut la connaître — et lui parler. « On ne peut pas représenter ce qu’on n’a pas pris le temps d’écouter. » Cela suppose du temps, de la présence et un apprentissage mutuel.
Pour plusieurs nations, le français est une troisième langue après la langue autochtone et l’anglais : un détail souvent négligé, mais essentiel à la compréhension interculturelle. Reconnaître cette réalité, c’est déjà amorcer un processus de décolonisation dans nos communications.
Comment intégrer les valeurs autochtones dans nos messages ?
Pour Stéphanie Nika Trottier, la première étape consiste à valider l’information directement avec les communautés concernées : choisir les bons termes, bannir les expressions datées, revoir les images et symboles utilisés. « Le contenu doit être développé en collaboration, pas en représentation. »
Comment rendre ces collaborations concrètes ?
Isabelle Milord abonde : « Les vraies collaborations naissent quand on échange sur nos valeurs communes, dès le départ, avec humilité. »
Elle souligne aussi l’importance des rencontres humaines : une discussion en personne ou un appel sincère vaut souvent mieux qu’un long courriel.
Quelles sont les erreurs les plus fréquentes ?
L’appropriation culturelle arrive en tête : utiliser des symboles, images ou récits d’une autre nation sans validation. Isabelle Milord donne l’exemple de photos tirées d’une communauté différente : une erreur pourtant courante. Elle ajoute : « Quand on visite un autre pays, on apprend les codes, les salutations, les usages. Pourquoi ne pas faire de même ici ? »
Pierre Kanapé conclut en invitant les acteurs du tourisme à consulter le guide téléchargeable Aashukan, une ressource essentielle pour comprendre les bonnes pratiques de collaboration et pour apprendre à parler de deux voix, mais d’un même souffle.
Photo: Pierre Kanape, Tourisme autochtone Québec
Suggestion de lecture complémentaire sur le même sujet
Se transformer pour s’adapter : l’art délicat de la communication
L'éthique, nouvelle boussole du tourisme
Tourisme et Plein Air