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L’Europe secouée par des attentats, l’Amérique à l’ère Trump, les fêtes de Montréal et du Canada… Tout est en place pour une année touristique exceptionnelle. Mais est-ce un boum éphémère ?

En 21 ans d’existence, Fjord en kayak, à L’Anse-Saint-Jean, n’avait jamais connu une si bonne année qu’en 2016 : une manne inespérée de touristes européens y a déferlé jusqu’en novembre. « Le traumatisme lié aux attentats de Nice et de Bruxelles était très fort chez ces visiteurs. Ils étaient à la recherche d’endroits sûrs où voyager », dit Sylvie Major, copropriétaire de cette entreprise écotouristique qui offre des excursions de quelques heures à quelques jours dans le fjord du Saguenay.

Fjord en kayak n’est pas la seule à avoir fracassé un record l’an dernier. À la grandeur du Québec, les mois de juillet, août et septembre ont été marqués par une augmentation de 18 % du tourisme international (à l’exclusion des États-Unis), qui est passé de 381 167 visiteurs en 2015 à 448 865. « La fréquentation a été telle en Gaspésie que beaucoup de visiteurs ont dû dormir dans leurs voitures, faute d’hébergement disponible », explique Claudine Roy, propriétaire de l’Auberge sous les arbres, à Gaspé.

Tous les astres sont alignés pour que la Belle Province connaisse une autre année exceptionnelle : taux de change défavorable pour les Canadiens qui souhaiteraient aller à l’étranger, effet Donald Trump aux États-Unis, sentiment d’insécurité en Europe, image cool du Canada dans le monde depuis l’élection de Justin Trudeau, célébrations du 375e de Montréal et du 150e de la Confédération canadienne. « La cadence des réservations pour la saison estivale se déroule déjà à un rythme soutenu », assure Julie Dubord, directrice générale de Tourisme Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Les intentions des voyageurs sont manifestes. Selon une étude de Google, 52 % des Canadiens indiquent qu’ils sont moins, ou beaucoup moins, intéressés par un voyage aux États-Unis par rapport à 2016, et 84 % affirment qu’ils resteront au Canada, destination qui figure au premier rang du palmarès des pays à visiter en 2017 du New York Times.

Pour que cette nouvelle cote d’amour ne soit pas qu’un feu de paille, Québec a complètement revu le modèle d’affaires et de gouvernance de son industrie touristique. Depuis janvier 2016, un nouvel acteur en pilote les destinées : l’Alliance de l’industrie touristique, dont la principale mission est de faire la promotion du Québec à l’étranger, tâche auparavant confiée au ministère du Tourisme.

La création de cet organisme indépendant par l’ex-ministre du Tourisme Dominique Vien fait l’unanimité. « Le milieu réclamait ce changement depuis des années, car on jugeait que l’État n’avait pas la vitesse de réaction nécessaire pour évoluer dans une industrie où les choses bougent extrêmement rapidement », explique Paul Arseneault, titulaire de la Chaire de tourisme Transat de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM.

Avec une quinzaine d’employés affectés au marketing et à la commercialisation, soit la moitié du personnel responsable de ces tâches au ministère du Tourisme, l’Alliance doit améliorer la performance touristique du Québec. Celle-ci reste nettement en deçà de la croissance annuelle du tourisme à l’échelle mondiale, qui a crû au rythme de 3,9 % de 2000 à 2015, selon l’Organisation mondiale du tourisme. Pendant la même période, le Canada a connu une baisse de 0,4 % de touristes internationaux — les chiffres ne sont pas disponibles pour le Québec, mais la province n’aurait guère fait mieux, malgré le récent rebond.

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Source: L'actualité