Les performances de Montréal et Québec en matière de congrès internationaux - bonnes ou mauvaises?

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Éric FournierLe Palais des Congrès de Montréal et le Centre des congrès de Québec rendaient publiques la semaine dernière leurs performances 2014 notamment en matière de congrès internationaux.

Montréal nous confirmait ainsi son premier rang de ville Nord-Américaine en matière d'évènements internationaux ce qui a particulièrement attiré mon attention notamment face aux faits que la ville connait une décroissance importante de son nombre de nuitées générées en hôtels et a connu la fermeture de près de 3000 chambres au cours des dernières années. Les médias québécois ont d'ailleurs abondamment traités la nouvelle.

Voilà une belle occasion de poursuivre ma série d'articles « Bonne ou mauvaise? » débutée la semaine dernière en traitant ce sujet dans un angle différent.

ICCA Statistics Report 2013LE RAPPORT STATISTIQUE DE l'ICCA
Le Rapport statistique de l'International Congress and Convention Association est assez bien fait et présente bien la performance des différentes destinations en matière d'évènements internationaux tenus sur leurs territoires. Je me suis donc attardé sur l'édition 2013 de ce rapport.

QUELS SONT LES PAYS QUI PERFORMENT?
D'entrée de jeu, les trois pays en tête de peloton, sans beaucoup de surprises, sont les États-Unis avec 829 évènements, l'Allemagne avec 722 évènements et l'Espagne avec 562 évènements. Le Canada figure au 11e rang avec 290 évènements soit presque trois fois moins que notre voisin américain.

QUELLES SONT LES VILLES QUI PERFORMENT?
Au niveau des meilleures villes en matière de congrès internationaux, aucune surprise. Paris culmine au premier rang avec 204 évènements qui se sont tenus dans la Ville Lumière. Madrid (186 évènements) et Vienne (182 évènements) complètent le prestigieux podium.

Les meilleures villes canadiennes sont dans l'ordre : Montréal, 30e avec 71 évènements; Toronto, 32e avec 69 événements; et Vancouver, 38e avec 57 événements. Trois autres villes canadiennes figurent au classement : Ottawa, 182e avec 13 évènements; Québec, 193e avec 12 événements; et Calgary, 206e avec 11 événements.

ET DU POINT DE VUE NORD-AMÉRICAIN?
Dans une perspective plus nord-américaine, il faut prendre en compte que les territoires canadiens et américains ont été les hôtes de 1119 congrès internationaux en 2013, dont 829 aux États-Unis (74 %) et 290 au Canada (26 %).

Je souligne au passage la bonne performance des Amériques Centrale et du Sud avec 1400 évènements (Brésil 315, Argentine 223 et Mexico 158), soit plus qu'au Canada et aux États-Unis, et d'excellents résultats notamment en générant beaucoup d'activités économiques entre eux.

TROIS CONSTATS
Pour ce qui est du « match » Canada - États-Unis, il faut d'abord prendre en considération que seulement trois villes canadiennes (Montréal, Toronto et Vancouver) figurent au palmarès du top 30 des villes à congrès internationaux, contre 17 villes américaines.

De fait, le premier constat est que la performance américaine, qui est trois fois supérieure à la performance canadienne, y est divisée en 17 villes plutôt qu'en 3, du côté canadien.

Deuxième constat : le phénomène d'alternance, entre les pays et les continents, propre aux organisations internationales favorise probablement l'Amérique du Nord.

Troisième constat : la performance « congrès international » est un indicateur parmi plusieurs autres pour qualifier la performance d'une destination sur ce marché.

De fait, les marchés des congrès nationaux et régionaux tout comme la présence de sièges sociaux dans une ville sont des marchés beaucoup plus importants particulièrement pour les villes américaines.

Ainsi, le top 10 des villes à congrès américaines que sont Orlando, Washington, Las Vegas, Miami, Chicago, San Diego, Phoenix, Atlanta, Dallas, et La Nouvelle-Orléans enregistrent des performances impressionnantes tout en n'étant pas des villes de pointe sur les marchés internationaux.

Bref, les résultats de nos grandes villes sont intéressants, mais nous devons prendre en compte que le Québec compte seulement deux villes sur ce marché (Montréal et Québec) et que la performance canadienne est presque trois fois inférieure à la performance de nos voisins américains. Nos objectifs ou nos résultats en matière de congrès internationaux doivent donc s'inscrire indéniablement dans une analyse plus globale et qui doit mener a une meilleure commercialisation du Québec touristique.


Collaboration spéciale, Éric Fournier