L’Université Laval et des partenaires privés s’associent pour développer l’attractivité et l’innovation en tourisme

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Daniel GagnonLe 22 mai dernier, l’Université Laval convoquait tous ceux qui comptent dans l’Industrie touristique de la capitale et des régions voisines pour annoncer la création d’une Chaire de recherche sur l’attractivité et l’innovation en tourisme. Est-ce symbolique, le dévoilement se tenait dans le complexe Capitale Hélicoptère, un des partenaires privés du projet? Voulait-on donner une valeur de symbole au choix du lieu pour cette chaire qui semble avoir la volonté de s’élever un peu et d’avoir une vision plus macroscopique de l’industrie touristique?

D’entrée de jeu, en tant qu’ancien de cette noble institution qu’est l’Université Laval, mais surtout comme personne qui a consacré plus de 20 ans de sa vie professionnelle au développement et à la prospérité du tourisme dans la région de Québec et au Québec, cette annonce avait de quoi me réjouir. En effet, j’ai pu constater au cours de ces années à quel point la rareté d’universitaires bien formés et préparés pour enrichir, non seulement la recherche et l’analyse, mais également la planification et la gestion en tourisme, était criante. Bien sûr, l’École des sciences de la gestion de l’UQAM et sa Chaire en tourisme a formé et développé une belle cohorte de professionnels. Mais on pouvait difficilement s’expliquer pourquoi, une université de la taille et de la réputation de Laval, située à fortiori dans une région au grand potentiel touristique, avait autant tardé à créer un tel pôle de formation et d’excellence.

Pour être honnête, il faut rappeler qu’il existait, il y a quelques années, un certificat en tourisme, à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval. D’ailleurs, c’est le professeur Laurent Bourdeau, l’initiateur de cette nouvelle chaire en tourisme, qui en était déjà l’âme. Quiconque a déjà côtoyé monsieur Bourdeau, sait à quel point on ne pouvait trouver une personne aussi passionnée et dédiée au tourisme pour initier un tel projet. Il a su prendre le bâton du pèlerin, une belle analogie pour une personne qui avoue être un touriste insatiable, même dans sa propre ville. Il a donc su convaincre de nombreuses organisations à s’associer au projet et à investir, conjointement avec l’université, pour la création de cette chaire. Parmi ces contributeurs et partenaires, on retrouve des organisations, tant privées que publiques, qui viendront renforcer la crédibilité de ce projet et non les moindres. Un petit coup d’œil à la liste nous en convainc : l’Office du tourisme de Québec, Tourisme Charlevoix, Fairmont le Château Frontenac, le Groupe Le Massif, le Port de Québec, le Complexe Capitale Hélicoptère, la Société des établissements de plein air, le Musée maritime de Charlevoix, la Société du Centre des congrès de Québec, la Forêt-Montmorency de l’Université Laval et le Secrétariat de la Capitale-Nationale. Selon ce qu’on nous a dit, d’autres pourraient s’ajouter au cours des prochains mois. La plupart de ces organismes et entreprises ont, de tout temps, été confrontés avec la difficulté de trouver des ressources humaines de qualité et prêtes à mettre leur savoir au profit de leur développement.

Des bémols
Si la création par l’Université Laval d’une Chaire de recherche sur l’attractivité et l’innovation en tourisme est une excellente nouvelle, on ne peut toutefois s’empêcher de formuler certains bémols.

Premièrement, le rattachement de cette chaire à la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique. Bien sûr, comme le signalait le doyen de la faculté en introduction au dévoilement, qui n’a pas déjà feuilleté un exemplaire du National Geographic pour découvrir des pays et des réalités géographiques jusque-là inconnus. Mais, si pertinente soit cette allusion, il n’en demeure pas moins que le tourisme est une industrie et un moteur économique et qu’en ce sens, elle a plus que tout besoin de professionnels dans les sphères de la gestion et du marketing. En regardant de plus près aux très nombreux plans de développements produits par les différents acteurs de cette industrie, on se rend bien compte à quel point le développement, la gestion de ressources et la mise en marché de destinations et de produits constituent l’essence même de ces plans. Même en matière de développement, les points faibles de ces plans résident souvent dans une recherche marketing faible qui explique, malheureusement trop souvent, les échecs dans cette industrie.

Comme deuxième bémol, rien dans la présentation qu’on a faite de cette nouvelle chaire, ne laisse présager une réelle et véritable intégration des savoirs et des disciplines propres au tourisme. L’université Laval n’est pas réputée pour son audace en matière de décloisonnement de ses facultés et de ses écoles. Il aurait été tellement rafraichissant d’annoncer la création d’une chaire qui aurait mis à profit la recherche et l’enseignement dans des facultés et départements tels, bien sûr la géographie pour le développement et l’aménagement du territoire, mais également l’administration, la communication publique et les relations industrielles.

Enfin, et c’est toujours là selon moi une des difficultés du modèle universitaire, on y retrouve peu de professionnels qui ont une réelle expérience terrain. Pour avoir été invité à plusieurs reprises par des professeurs à parler d’un thème relatif au tourisme ou à la communication marketing dans l’un de leurs cours, j’ai entendu si souvent les étudiants nous confier qu’il manquait d’enseignement pratique, en phase avec le marché du travail. Si l’équipe de Laurent Bourdeau sait utiliser pleinement les professionnels, non seulement des partenaires associés, mais également de toute l’industrie, pour communiquer leur expertise et leurs savoirs aux étudiants, on ne pourra que les féliciter.

En conclusion, la création de cette Chaire de recherche sur l’attractivité et l’innovation est une bonne nouvelle. Souhaitons seulement qu’on ait l’audace au cours des prochaines années d’en faire un véritable lieu de développement de l’excellence dans toutes les sphères du tourisme.


Collaboration spéciale, Daniel Gagnon, Toutazimut communications stratégiques