Opinions & Humeurs: Le poids des mots

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Ainsi le parti  d’opposition à Montréal propose de créer un parc national urbain. Heureusement, le maire s’y oppose. Plus qu’anecdotique, cette suggestion nous rappelle l’importance en tourisme de protéger certains mots afin d’éviter de banaliser tout un secteur.

Lorsqu’on sait, par exemple, que les touristes américains et européens sont massivement attirés par les «parcs nationaux» d’une destination, il importe que les prérequis à la création d’un parc national soient élevés, puisque les voyageurs ont expérimenté une qualité et une unicité élevées dans leur pays d’origine. Déjà que nous avons les parcs nationaux canadiens, québécois et inuits, déjà que l’unicité de certains parcs nationaux québécois récents peut être questionnée, il est essentiel de restreindre l’application de cette appellation afin de ne pas se brûler auprès des visiteurs. Imaginez un nouveau parc national naturel sur l’île de Montréal! C’est pas sérieux. Je veux faire déclarer, moi aussi, ma petite forêt dans Lanaudière de «Parc national Perron»…

Il en est également des appellations réservéesL’agneau de Charlevoix, le Cidre de glace du Québec ou le maïs sucré de Neuville traduisent une unicité et une qualité évidente malgré la complexité de gérer ces appellations. Elles valent cher et sont garantes d’une origine et d’une qualité.

Nous utilisons tellement de mots aujourd’hui, galvaudés et hors contrôle («expérience touristique», «effet Wow!», «hôtel boutique», «table champêtre», etc.), qu’ils nuisent aux entreprises touristiques sérieuses, alors ce sur quoi nous avons collectivement un contrôle, svp soyons-en les gardiens de leur force symbolique.    


Chronique : Opinions & Humeurs, Jean-Michel Perron